L’économie reste mal en point mais son moral s’améliore lentement

[27/05/2009 14:54:39] PARIS (AFP)

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à Brassac, dans le Tarn (Photo : Pascal Pavani)

Le moral des ménages et des industriels reste à un niveau très bas mais a poursuivi en mai sa lente remontée malgré la crise, une timide embellie qui laisse espérer une stabilisation de l’économie cet été même si sa convalescence promet d’être longue.

Les deux indices mesurant le moral des acteurs économiques français ont gagné un petit point, une amélioration encore bien insuffisante mais cohérente avec “des éléments tangibles de stabilisation de l’activité au niveau mondial”, note l’économiste Nicolas Bouzou (Asterès).

S’il ne s’agit pas d’une “reprise”, cela peut au moins indiquer “un début de sortie de récession”, estime-t-il.

La chute de l’économie mondiale “se ralentit” et les espoirs de stabilisation se renforcent “de mois en mois”, a d’ailleurs déclaré mercredi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, lors d’une audition au Sénat.

“La hausse de la confiance des ménages et du climat des affaires en mai, qui fait suite au redressement amorcé en avril, confirme que les agents économiques reprennent leurs repères et que l?économie française est entrée en phase de convalescence”, résume-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

“Ces évolutions encourageantes sont cohérentes avec l?analyse des organisations internationales qui estiment que les effets des mesures de relance en France devraient se matérialiser significativement à partir de la mi-2009”, ajoute-t-on de même source.

Mais la prudence est désormais de mise à Bercy, où l’on souligne que la baisse du produit intérieur brut (PIB) en 2009 “devrait néanmoins être importante et la convalescence de l?économie française durer plusieurs trimestres”.

Le gouvernement doit présenter la semaine prochaine ses nouvelles prévisions économiques, qui devraient tabler sur une chute du PIB de l’ordre de 3,0% cette année.

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é (Photo : Mychèle Daniau)

Du côté des industriels, “après avoir touché un fond en mars (à 68 points contre 72 en mai), le climat des affaires regrimpe tout doucement la pente”, estime Alexander Law, économiste chez Xerfi.

Principale explication: après avoir cessé de produire pour purger leurs stocks en raison de la crise et de la chute de la demande, les industriels estiment avoir retrouvé un niveau plus raisonnable. “En d’autres termes, très bientôt, toute variation de la demande, aussi infime soit-elle, se traduira automatiquement par une hausse de la production”, explique M. Law.

“Le hic, c’est que la demande reste désespérément plate: les carnets de commandes sont dramatiquement dégarnis sous l’effet notamment de la brutale récession qui a affecté nos voisins”, souligne-t-il.

Le moral des ménages retrouve quant à lui son meilleur niveau depuis avril 2008 et l’entrée en récession de la France.

Selon l’enquête de l’Insee, les ménages sont légèrement plus optimistes sur leur situation financière future et sur “l’opportunité de faire des achats importants”, “ce qui confirme l’idée d’une bonne résilience de la consommation”, désormais seul soutien de la croissance française, note Nicolas Bouzou.

Si la consommation bénéficie encore de la baisse des prix, la tendance pourrait toutefois s’inverser avec la montée en flèche du chômage et la perte de pouvoir d’achat des Français privés d’emploi, s’inquiètent les économistes.

“Les Français sont d’ailleurs de plus en plus pessimistes” sur le chômage et “jamais leurs perspectives d’évolution n’ont été aussi mauvaises”, note Alexander Law.

Les annonces de plans sociaux ne cessent en effet de se succéder tandis que l’Unedic (régime d’assurance chômage) déclare s’attendre à 639.000 chômeurs de plus cette année.