Berlin hésite à choisir dès mercredi le repreneur d’Opel

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à Berlin avant une réunion sur l’avenir d’Opel (Photo : John Macdougall)

[27/05/2009 20:56:25] FRANCFORT (AFP) Le gouvernement allemand hésitait à sceller dès mercredi le sort du constructeur automobile Opel au vu de la faiblesse des offres de reprise et des discussions en cours avec sa maison-mère General Motors qui se rapprochait du dépôt de bilan.

La réunion au sommet, jugée cruciale, entre le gouvernement allemand, certains Etats régionaux, des représentants de GM et du ministère des Finances américain, a commencé à Berlin vers 19H00 GMT.

Les trois candidats à la reprise, le constructeur italien Fiat, l’équipementier canadien Magna et la holding RHJ International, devaient aussi venir défendre leur projet au cours de la nuit.

“Nous allons nous attacher à améliorer les conditions d’un sauvetage d’Opel en Allemagne. Je crois que c’est possible, mais il ne devrait pas y avoir de décision préliminaire”, a déclaré en arrivant Olaf Scholz, le ministre du Travail.

“Fiat comme Magna ont amélioré leurs offres, c’est bien mais nous devons voir si ça ne s’améliore pas encore”, a de son côté affirmé Jürgen Rüttgers, le chef du gouvernement de l’Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où est installée une usine d’Opel.

“Je ne m’attends pas à une décision sur un seul investisseur”, avait indiqué plus tôt dans la journée à l’AFP Ulrich Wilhelm, le porte-parole du gouvernement. Il est “probable que les négociations continuent avec au moins deux investisseurs potentiels”, a précisé son adjoint Thomas Steg.

Jusque là, Berlin avait annoncé la désignation d’un repreneur d’ici au milieu de la semaine. GM aura le dernier mot sur son identité, mais l’avis du gouvernement est crucial puisqu’il devra débourser plusieurs milliards d’euros de garanties en cas de reprise.

Et l’enjeu est de taille pour les responsables politiques allemands à quatre mois des élections législatives, Opel représentant 25.000 emplois.

Juridiquement, la voie est libre depuis ce mercredi pour une séparation d’Opel et de sa maison-mère américaine: GM a transféré à sa filiale allemande ses usines et ses brevets en Europe, à l’exception de la marque suédoise Saab, selon un porte-parole d’Opel.

L’opération était devenue urgente: quelques heures plus tard GM annonçait l’échec de la restructuration de sa dette, ce qui le rapproche encore plus du dépôt de bilan.

Au cours du sommet, le gouvernement allemand veut à la fois conclure les négociations avec GM pour protéger Opel de la faillite de sa maison-mère via la création d’une société fiduciaire chargée de gérer temporairement la marque allemande, et avancer sur un repreneur.

Jusque là, Magna, adossé à la banque semi-publique russe Sberbank, faisait figure de favori. Il bénéficie d’une image plus sociale que Fiat, soupçonné de vouloir supprimer davantage d’emplois. Officiellement, les trois prétendants avancent le chiffre de 10.000 suppressions de postes en Europe.

Mais, selon une évaluation réalisée par les experts du gouvernement, le montage financier de l’équipementier est hautement risqué: Magna s’est engagé à investir 700 millions d’euros, mais il s’agirait essentiellement de titres de dettes et non de capitaux propres.

Comme pour ajouter à la confusion, le chinois Beijing Automotive Industry Holding (BAIC) est réapparu: il a manifesté son “intérêt” pour Opel, mais son projet est “nettement moins détaillé”, selon le ministère de l’Economie interrogé par l’AFP. Il ne ferait “que trois pages”, selon des sources d’entreprise.

Dernier point de friction, l’Allemagne devait faire face à l’agacement de partenaires européens, comme la Belgique. La Commission européenne a décidé de convoquer une nouvelle réunion ministérielle de “coordination” sur l’avenir des sites européens de GM.

Opel, sa jumelle britannique Vauxhall et les usines européennes de pièces automobiles de GM emploient 50.000 personnes en Europe.