[28/05/2009 08:26:49] BERLIN (AFP)
à Bochum (Allemagne) le 25 mai 2009 (Photo : Clemens Bilan) |
Les discussions sur la survie du constructeur automobile allemand Opel et ses 25.000 emplois apparaissaient bloquées jeudi matin, Berlin étant furieux contre la maison-mère General Motors et contre Washington après huit heures de réunion nocturne à la chancellerie.
“Déçu” par l’attitude des autorités américaines, le ministre des Finances Peer Steinbrück a expliqué au petit matin, les traits tirés et visiblement contrarié, que GM avait demandé à la dernière minute 300 millions d’euros supplémentaires d’aides à l’Allemagne.
“Nous avons été désagréablement surpris que cette nouvelle demande ne soit sortie du néant qu’à 20 heures locales. Nous avons trouvé cela relativement scandaleux”, a-t-il expliqué à l’issue d’une réunion au sommet organisée à la chancellerie, réunissant les autorités allemandes, le ministère américain des Finances, GM et les repreneurs potentiels d’Opel.
Seuls restent désormais en lice le constructeur italien Fiat et l’équipementier canadien Magna, a annoncé aussi M. Steinbrück.
L’Allemagne avait déjà indiqué mercredi qu’elle ne trancherait pas dans la soirée, et a fixé jeudi une nouvelle échéance à vendredi.
Avant l’annonce d’un repreneur, Berlin et Washington doivent d’abord parvenir à un accord, alors qu’une faillite de GM semblait de plus en plus inéluctable après l’annonce de l’échec de la restructuration de sa dette mercredi.
Le ministre de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg a fustigé l’attitude du gouvernement américain. “Le Trésor américain aurait pu se donner plus de mal pour choisir son représentant”, a-t-il notamment déclaré, qualifiant les informations fournies de “secondaires, pour rester poli”.
Roland Koch, chef de l’Etat régional de Hesse, où se trouve le siège d’Opel et sa principale usine, a enfoncé le clou: “Ce que les Américains font est inacceptable. Ils ignorent la situation en Europe et tentent de défendre leurs intérêts”, a-t-il déclaré sur la radio Hessische Rundfunk.
A quatre mois des législatives, Berlin veut tout faire pour protéger d’une faillite de la maison-mère les 25.000 emplois d’Opel en Allemagne.
Le mode opératoire choisi: une société fiduciaire, chargée de gérer temporairement Opel, dans l’attente d’une reprise par un investisseur, et alimentée par des crédits publics de 1,5 milliard d’euros.
A l’issue de la réunion au sommet, “nous n’avons pas encore les assurances nécessaires pour accorder le crédit relais”, a déploré M. zu Guttenberg. “Nous voudrions déjà savoir sur quel compte nous devons verser le crédit”, a ajouté M. Steinbrück, ajoutant que l’argent des contribuables-électeurs ne devait pas aller “au-delà des frontières de l’europe”.
Parallèlement, les négociations devaient se poursuivre avec deux des candidats à la reprise.
Sans surprise, la holding RHJ International, dont le principal actionnaire est le fondateur du fonds américain Ripplewood, est hors jeu, tout comme le constructeur chinois Beijing Automotive Industry Holding (BAIC).
Magna comme Fiat se sont dit prêts à aider Berlin. Le canadien, adossé à la banque semi-publique russe Sberbank, a proposé d’avancer les 300 millions mais assortis d’une garantie de l’Etat fédéral.
Au final, “les investisseurs nous inspirent de l’espoir et les autres (la partie américaine) de la colère”, a résumé Roland Koch.
GM avait pourtant fait un premier pas mercredi, en ouvrant la voie à une séparation d’avec Opel, après 80 ans de mariage. Pour “préparer la société fiduciaire”, selon un porte-parole d’Opel interrogé par l’AFP, GM a transféré à sa filiale allemande ses usines et ses brevets en Europe, à l’exception de la marque suédoise Saab.
Au-delà des frictions avec Washington, Berlin devra ensuite s’expliquer devant ses partenaires européens et la Commission européenne qui pourrait tiquer sur une aide publique à Opel.