Pour se financer, les entreprises du CAC 40 font appel en masse au marché

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Le logo d’EDF (Photo : Shaun Curry)

[28/05/2009 07:56:11] PARIS (AFP) Les entreprises du CAC 40, à la recherche d’argent frais face à la crise, profitent d’un petit regain du moral des investisseurs pour multiplier les levées de fonds sur le marché.

Paralysées depuis la crise financière de l’automne dernier, de nombreuses sociétés franchissent le pas, par l’intermédiaire d’augmentations de capital et d’emprunts obligataires.

Depuis mars, Saint Gobain a levé 1,5 milliard d’euros en Bourse tout comme Lafarge, ArcelorMittal 3,2 milliards et Danone 3 milliards.

Côté obligataire, ArcelorMittal a emprunté plus de 5 milliards d’euros, EDF 5 milliards, Lafarge 1,4 milliard, Suez Environnement 1,8 milliards et GDF Suez 4 milliards.

Cette embellie s’explique avant tout par un effet de rattrapage, alors que l’appel au marché était devenu impossible fin 2008.

“Au départ c’est essentiellement pour combler l’insuffisance de l’approvisionnement bancaire”, souligne Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie chez Dexia Securities.

Dans ce contexte, la remontée spectaculaire des places boursières depuis début mars et le retour vers les actifs risqués des investisseurs ont représenté une aubaine pour les entreprises.

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éant agroalimentaire français Danone (Photo : Eric Piermont)

La confiance chez les investisseurs “revient doucement”, selon M. Pierret, pour qui “les entreprises qui le peuvent, doivent essayer de placer leurs émissions maintenant”.

Pour Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC, “les entreprises se positionnent de manière opportuniste”, même s’il contaste que “les logiques ne sont pas toutes les mêmes”.

“Jusqu’à présent les levées de fonds étaient essentiellement destinées à financer la dette”, explique Catherine Garrigues co-responsable gestion actions chez Allianz Global investors france

C’est notamment le cas d’ArcelorMittal qui a emprunté plus de 5 milliards d’euros en 2009.

D’autres récoltent des fonds pour financer le développement de l’entreprise notamment au travers d’acquisitions.

Danone a évoqué cette hypothèse mardi en levant 3 milliards d’euros en Bourse, même si le groupe a indiqué se préoccuper également de son endettement.

Toutefois, si les entreprises font plus volontiers appel au marché, elles doivent mettre le prix pour séduire les investisseurs.

Sur le marché obligataire, le dégel du marché du crédit a permis certes aux entreprises d’emprunter à un coût un peu moins élevé, mais ArcelorMittal a proposé des rendements mercredi de 8% ou 9%.

Pour M. Pierret, il est logique que plus un secteur offre une visibilité réduite, ce qui est le cas de l’acier, plus le prix à payer sera élevé.

Au point que M. Mourier juge qu’il est “plus facile pour les entreprises d’émettre des actions que de s’en remettre au marché obligataire”.

Une opinion que nuance Catherine Garrigues pour qui les augmentations de capital restent “douloureuses pour les actionnaires existants”. Lafarge a été contraint par exemple de proposer une décote de plus de 46% par rapport à son cours au moment de sa levée de fonds.

En revanche, les efforts déployés par les entreprises peuvent être payants et soutenir leurs cours de Bourse, le marché considérant que les sociétés concernées achètent ainsi le temps d’un retour à meilleure fortune.

Sans compter que pour les nouveaux actionnaires, “c’est un bon point d’entrée parce que les prix sont très bas”, précise Catherine Garrigues.

Pour les analystes, ce mouvement d’appel au marché devrait même se prolonger.

“Le secteur énergétique pourrait être le prochain”, indique Catherine Garrigues, qui cite notamment Veolia dont le poids de la dette est lourd.

En revanche, bénéficiant d’aides de l’Etat, les secteurs automobiles et bancaires, durement touchés par la crise, pourraient être temporairement protégés.