Ali Klebi est venu au lait presque par hasard. Lorsque son patron à la
STUSID (Société tuniso-saoudienne d’investissement et de développement), feu
Sadok Bahroun, lui propose en 1986 de prendre en charge la création et la
direction d’une centrale laitière à Bousalem (Jendouba), cet ingénieur
agronome, diplômé de l’Institut national agronome de Tunis (INAT),
s’occupait depuis quatre ans de la direction de l’équipement de la SMADEA,
la première société de développement agricole créée en Tunisie, -gérant une
ferme de 4.000 hectares.
Mais quand, au bout d’une semaine de réflexion et d’hésitation, le jeune
ingénieur donne son accord, sa vie bascule. Plongé dans le monde du lait, il
n’en sortira plus. Car, si ce spécialiste de la mécanisation agricole, qui a
débuté sa carrière en 1982, comme enseignant à l’INAT, quitte en 1997 Laino
(Centrale Laitière du Nord-Ouest), qu’il a dirigée pendant 11 ans, il reste
dans le secteur, puisqu’il se lance dans la création de la Centrale Laitière
de Mahdia (CLM), en capitalisant sur sa précédente expérience.
Et «grâce à une stratégie articulée autour de trois axes essentiels –la
qualité de la matière première, les techniques de production et le
management- Ali Klebi réussit à placer la Centrale Laitière de Mahdia à la
seconde place du marché tunisien de la production laitière», souligne la
biographie officielle du patron de la deuxième plus importante entreprise
laitière du pays.
Entrée en production en décembre 1998, la CLM –dont la marque est «Vitalait»-,
qui a investi à ce jour 43,5 millions de dinars, a une capacité de
transformation de lait de 100 millions de litres par an, et a réalisé en
2008 un chiffre d’affaires de 81 millions de dinars. Cette entreprise, qui a
multiplié le nombre de ses employés par dix en dix ans, à 350 personnes,
détient la deuxième plus importante part de marché dans le lait -18%- et le
yaourt -15%-, derrière le leader incontesté Délice-Danone.
Récompensé en 2001 par le prix du progrès social –une distinction que M.
Klebi a obtenu une première fois avec Laino, en 1992-, CLM est la seule
entreprise de son secteur à avoir ouvert son capital aux producteurs de lait
–en l’occurrence trois coopératives, qui en détiennent près de 7%, et
siègent au conseil d’administration.
En cette année de dixième anniversaire, CLM envisage l’avenir avec
confiance, malgré la difficulté du secteur où elle évolue.
Confrontée, à l’instar des autres entreprises de cette industrie, à une
branche laitière encore pas rentable parce que le prix du lait -0,970d le
litre-, encore administrée, se situe encore en deçà du niveau souhaité par
les professionnels-, Vitalait concentre actuellement l’essentiel de ses
efforts, outre l’amélioration de la qualité du lait, sur le développement
des dérivés, et notamment le yaourt.
Car cette activité, dans laquelle CLM s’est lancée depuis un peu plus d’une
année, permet d’améliorer sa rentabilité. Soutenue à fond par un actionnaire
–Tuninvest Finance Group- qui choisit toujours soigneusement les entreprises
dans lesquelles il investit –ce groupe détient près de 50% du capital de CLM-,
cette entreprise se prépare déjà à une échéance importante qui la
transfigurera sans aucun doute : l’entrée en bourse, d’ici trois à quatre
ans.
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