«Toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une
erreur», disait Stefan Zweig. A 41 ans, Hédi Djilani a pris les rennes de la
centrale patronale, Il en a aujourd’hui 61. Le grand chef a-t-il réalisé ses
objectifs? A-t-il réussi à donner plus d’envergure à la centrale patronale, plus
de dimension?
D’aucuns le pensent, d’autres sont plus sceptiques. Dans l’entretien qu’il nous
a accordé, Hédi Djilani s’exprime et s’explique en toute franchise à propos de
différentes thématiques se rapportant tant à la gestion de l’UTICA qu’au rôle de
celle-ci en tant qu’acteur important de la vie économique du pays.
Webmanagercenter
: Comment évaluez-vous la situation actuelle de l’économie tunisienne depuis
le déclenchement de la crise ?
Hédi Djilani : C’est une économie jeune qui a eu cinquante ans en 2007. Elle
a bâti son avenir en se rapprochant de la puissance économique régionale qui
est l’Europe. Ce choix existe depuis longtemps puisque les importations et
les exportations tunisiennes ont toujours été orientées de et vers l’Europe,
et ce avant même l’indépendance. En 1972, quand la loi 72 a été promulguée,
nous avons amarré définitivement la majorité de notre activité et de notre
avenir en direction de l’Euromed.
Nous nous attendions à l’instauration d’une zone Euromed réelle appuyée par
le processus de Barcelone. Un processus auquel nous avons participé avec
beaucoup de ferveur et qui s’est avéré un échec total. En fait, nous
croyions aux principes de partage et de cohabitation entre le Nord et le
Sud. Le processus a été réduit à un simple libre-échange de produits non
accompagné par une libre circulation des hommes. Il était indispensable
d’oser franchir ce pas lorsque l’on se fait confiance.
La réalité étant ce qu’elle est, la Tunisie a accepté cette discrimination
et la réduction de l’Euromed à une simple zone de libre circulation de
produits.
Aujourd’hui, la crise est venue apporter un peu plus de certitude au fait
que notre économie est bel et bien liée à l’économie européenne au niveau de
l’import/export. Nous avons pourtant prospecté d’autres marchés comme le
continent américain, l’Asie, le Maghreb ou même le reste des pays arabes.
Nous restons malgré cela profondément liés à l’économie européenne à hauteur
de 80%. Actuellement, l’Europe, notre principal fournisseur et notre
principal client, a de grandes difficultés à gagner des parts de croissance
face à la crise économique la plus grave depuis un siècle, ce qui a un
impact direct non seulement sur notre présent mais sur notre avenir aussi.
Les conséquences de la crise économique sont -ils aujourd’hui plus
perceptibles sur notre pays?
La crise s’est manifestée par un fléchissement de la consommation en Europe.
Le chômage et le spectre de la crise économique font que ceux qui ont perdu
leurs emplois ne peuvent plus consommer et ceux qui l’ont toujours font de
la rétention à la consommation. Ce sont ceux-là mêmes qui délaissent nos
produits, sans oublier le produit touristique important pour notre pays. Les
deux sont liés à un pouvoir d’achat et une volonté de dépenses.
A ce jour, nous ne pouvons pas considérer que l’économie tunisienne a été
réellement très touchée par la crise si nous omettons le secteur automobile
et les pièces de rechanges frappé de plein fouet à quelques exceptions qui
s’expliquent par le fait que, se redéployant, le marché européen s’est
redirigé vers la Tunisie.
Cependant, ne perdons pas de vue que toutes les cadences de fabrication de
l’automobile en Europe ont ralenti, des sites même ont été fermés, et des
concentrations industrielles sont en train de s’établir. Il y aurait même
des géants de l’automobile dont l’avenir est incertain, le tout puissant
Opel n’y échappe pas. En ce qui nous concerne, tous les secteurs qui
dépendent du secteur du montage automobile en Europe ont été touchés.
Le deuxième secteur touché est celui des textiles qui a subi un
ralentissement dans la cadence de commandes de la part des Européens. Sans
parler de la compétition ahurissante au niveau des prix puisqu’il nous
arrive même de vendre des produits sans marge bénéficiaire juste pour faire
marcher les usines.
D’autre part, il faut reconnaître que le rythme des investissements et des
gros projets dans notre pays a beaucoup ralenti, et pour cause, il est
difficile dans une conjoncture pareille où il n’y a de visibilité ni à court
ni à moyen ou long terme, d’envisager ou de programmer un investissement.
Des études de projets sont en cours mais entre étudier et réaliser, il y a
un pas à franchir.
Pourtant, les banques encouragent, à ce qu’il paraît, l’investissement pour
lutter contre la crise. Créer des richesses à l’échelle nationale, n’est-ce
pas le plus important?
Evidemment, il n’est pas question de baisser la cadence de l’infrastructure,
et dans une période creuse comme celle que nous sommes en train de
traverser, il est utile que l’Etat, et c’est ce qu’a fait le Président de la
République, prenne le relais sur l’économie privée quitte à activer quelques
projets nécessitant de grands travaux. C’est ce qui a été décidé concernant
les autoroutes de Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan, qui permettront
la création de l’emploi tout comme ils contribueront à dynamiser l’économie
en attendant que les privés reprennent le relais sur ce secteur.
Au-delà de toute considération, ce que nous aurons investi dans
l’infrastructure sera toujours un plus de gagné. Je pense que le
gouvernement a eu raison d’accélérer certains investissements.
Personnellement, face à la crise, je reste optimiste parce que je me dis que
le monde tel qu’il tourne actuellement avec cette économie pseudo libérale
ou libérale sans frontières, ne pourra pas survivre à une crise qui durerait
trop longtemps. Le coût politique, social, financier et également en emploi
sera tellement gigantesque que le Monde qui paie aujourd’hui les frais de la
crise financière et gère ses conséquences sur l’économie réelle ne pourrait
se permettre de payer de nouveau une facture qui deviendra trop lourde en
l’occurrence celle d’une crise qui dure trop longtemps.
Je pense aujourd’hui, que les individus volontairement ou involontairement,
de bonne ou de mauvaise foi, oublient ce qui les sépare pour se rappeler de
ce qui les unit. Nous n’avons pas le choix, c’est une question de survie de
l’humanité et de l’économie mondiale, donc j’estime que le moment n’est plus
à se rappeler les différends. C’est pour cela que nous sommes un peu désolés
de voir que même dans cette situation où tout le monde est sensible à ce qui
se passe, y compris les pays les plus riches en ressources énergétiques, le
Maghreb n’est pas vraiment uni, alors qu’il doit plus que jamais penser à
s’unir économiquement et laisser le politique résoudre ses problèmes
politiques. J’éprouve du respect pour les uns et les autres et je ne me
permettrais pas de donner mon avis sur les différends qui peuvent séparer
certains pays du Maghreb mais je pense qu’il faut dégager l’horizon et
laisser le champ économique fonctionner normalement. Le bloquer pour des
raisons d’ordre politique ne rime à rien.
Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernement pour atténuer les
effets de la crise ? Sont-elles suffisantes ? Le tissu entrepreneurial ne se
limite pas seulement aux sociétés exportatrices, il y a quand même d’autres
PME qui souffrent à plus d’un titre, il y en a qui souffrent à cause du
glissement du dinar, ces sociétés importent leurs matières premières et
trouvent des difficultés à assurer leur fin de mois. Qu’en est-il par
rapport à elles ?
Quand une économie est liée à l’économie mondiale, il est tout naturel que
son tissu entrepreneurial soit touché par la crise. L’Etat a décidé une aide
de 100 millions Euros pour permettre à certaines entreprises opérant dans
l’off shore de faire face aux difficultés qu’elles encourent. Certes, ces
entreprises sont très importantes et en plus, il fallait envoyer un signal
très fort à ceux qui ont cru en notre pays, les rassurer et leur dire que
même s’ils sont des étrangers et qu’ils sont uniquement localisés
industriellement sur le sol tunisien, ils sont importants et nous ne les
lâchons pas. Sur ce plan là, nous avons gagné.
Il est toujours d’autant plus vrai que nous n’avons pas que les sociétés
exportatrices. Et en ce qui nous concerne à l’UTICA, nous avons encouragé
nos adhérents industriels à travailler non pas sur le marché local, mais
également à supporter une part du fardeau national et diriger une partie de
leurs productions à lportation’ex. Nous les avons incité à faire des
extensions et orienter leurs productions vers ld’autres pays pour créer de
l’emploi et contribuer à l’effort national. Qu’allons-nous dire à ces
entrepreneurs aujourd’hui, qu’ils ont joué la carte de l’exportation pour
répondre à l’appel national mais quand il y a eu crise ils ont été exclus
parce que qu’ils ne sont pas exclusivement exportateurs ?
Je ne trouve pas cela normal, d’autant plus que face à la crise, l’économie
n’est plus aussi saucissonnée et aussi divisée, elle est globalisée, ce qui
fait la différence entre un exportateur et un non-exportateur exclusivement
ou partiellement, c’est la fiscalité. Quand vous êtes exportateur, vous êtes
exempt d’impôts. Vous êtes partiellement exportateurs, vous êtes exempts
d’impôts dans le prorata de ce que vous avez exporté, si vous êtes
totalement sur le marché local, vous allez subir la totalité des charges
fiscales locales. Donc au fait, ce n’est pas l’instrument ou le principe de
l’industrie qui est en cause, c’est l’acte en lui-même. J’aurais pour ma
part mis en place un système qui aurait touché toutes les entreprises et qui
aurait soutenu tout le tissu industriel parce que directement ou
indirectement quelque part si le pouvoir d’achat s’amenuise, la consommation
baisse et si la consommation baisse, l’outil industriel tourne moins vite ;
il aurait fallu une stratégie beaucoup plus globale.
Nous ne voyons pas venir de plan de relance, ce sont plutôt des mesures
conjoncturelles. On a parfois l’impression qu’on fait du surplace. Il y a
les entreprises exportatrices, elles représentent la priorité. Ne faut-il
pas penser à un véritable plan de relance global à l’instar de ce qui se
passe ailleurs ?
Nous n’en sommes pas encore là. l ne faut pas se positionner dans la logique
de l’économie européenne. Nous sommes une économie très diversifiée, qui
n’est pas basée uniquement sur l’industrie. Nous sommes une économie dont
une grande part du PNB provient de l’agriculture et une autre des services.
Nous ne sommes pas exclusivement dépendants de l’exportation. Nous le serons
dans les années à venir, le marché local étant exigu avec un potentiel de
consommation limité, même s’il y a une amélioration réelle du pouvoir
d’achat d’année en année. Cela ne suffira pas à donner du travail aux
entreprises qui existent ou que nous comptons créer. La seule issue pour
nous serait l’export. Et plus nous créerons des entreprises à l’export, plus
nous devenons dépendants de l’économie du monde, particulièrement de
l’économie européenne, notre principal partenaire.
Oui mais l’Etat est en train de diversifier les marchés vers d’autres plus
sécurisants ?
Il n’y a plus un seul marché au monde qui soit sécurisant. Il ne faut pas se
leurrer et tomber dans l’utopie. Nous n’allons pas du jour au lendemain
exporter au Mexique, en Argentine, ou en Lituanie. Ce genre d’opérations
exige un plan d’investissement, un plan de reconnaissance et des efforts
commerciaux. Aujourd’hui, en ces temps de crise, quand tout le monde se bat
pour placer ses produits, comment soutenir la concurrence face à des géants
qui peuvent se permettre certains sacrifices ? Nous ne sommes pas encore
dans cette optique.
Je reste cependant convaincu que le gouvernement est conscient de
l’évolution de la situation. C’est pour cela que le Président de la
République a décidé la création du desk dont j’ai l’honneur de faire partie.
Notre rôle est de suivre de manière très sérieuse et de près l’évolution de
l’économie mondiale en rapport directement avec l’économie tunisienne et
anticiper les éventuelles conséquences sur elle. Nous ne sommes pas du tout
dans une situation catastrophique et même si l’Europe ne fait que 0% de
croissance, nous pourrons coexister avec elle. Evidemment, si elle fait 2 ou
3% de croissance, nous pourrons mieux tirer notre épingle du jeu.
Et si nous parlions de vos rapports avec l’UGTT, on parle de négociations
salariales, de productivité, mais parfois nous avons l’impression que la
communication ne passe pas vraiment entre les partenaires sociaux. Nous ne
voyons pas d’opérations communes face à la crise. Qu’en est-il au juste ?
Ce n’est pas vrai. L’UGTT n’est pas du tout à l’extérieur du débat national
concernant certains problèmes de fond. Il faudrait savoir que ce qui nous
unit à l’UGTT est beaucoup plus important que ce qui nous sépare. Ce qui
nous unit, c’est une conscience commune de l’importance de l’enjeu pour
notre pays au niveau du développement, celui de l’emploi, celui d’assurer un
revenu décent au travailleur tout en préservant la capacité de l’outil
productif à offrir un produit compétitif.
Il ne sert à rien de parler dans le vide, si vous produisez quelque chose
qui ne peut être concurrentiel à l’échelle internationale, vous n’avez rien
fait. Vous ne pourrez ni rembourser les banques qui vous ont aidés à
investir ni payer les salariés qui ont contribué à produire.
Avec l’UGTT, nous sommes au moins solidaires à ce niveau là, et à chaque
fois que nous ne l’avons pas été, nous avons dû payer la note tous les deux.
Les négociations récentes ont abouti à une amélioration nette du pouvoir
d’achat et j’espère que nous allons nous en sortir parce qu’il y a risque
que les augmentations de salaires apparaissent disproportionnées par rapport
à l’inflation. J’approuve l’amélioration du pouvoir d’achat par
l’augmentation des salaires. Ce que je risque par contre de regretter, et
c’est ce qui a été compris par le gouvernement, lorsque le Président a
décidé de créer une commission présidée par si Sadok Ben Jemaa, pour
l’amélioration de la productivité, c’est d’augmenter les salaires sans
améliorer la productivité. Dans ce cas, nous serons dans l’impossibilité
d’être compétitifs à l’international et même au plan national. La seule
équation valable est celle d’augmenter les cadences qui ne peuvent l’être
que par l’amélioration de la productivité et l’investissement dans un outil
plus productif. Les entreprises doivent faire l’effort d’améliorer les
cadences par une amélioration de leur tissu industriel et les employés
doivent aussi apprendre à être plus performants pour un meilleur salaire.
Par rapport aux mesures prises par l’Etat pour alléger les charges sociales
sur les entreprises exportatrices, l’impression est que c’est pénalisant
pour d’autres sociétés.
La durée des mesures en question a été fixée à six mois. Attendons la fin
des six mois pour les évaluer. Elles sont tout à fait adaptables, je suis
convaincu que le gouvernement est tout à fait ouvert à certaines révisions.
Nous ne manquons pas d’occasions de nous réunir avec le gouvernement, entre
travailleurs et patronat également pour parer à certains problèmes que nous
estimons importants.
Il faut reconnaitre qu’aujourd‘hui il y a une telle opacité s’agissant de la
crise et son impact sur les économies du monde que personne n’est capable, à
ce jour, de prédire l’avenir. Personne ne peut se permettre de présenter des
affirmations. Nous ne pouvons que faire des constats. Nous réalisons que
nous sommes très dépendants du marché extérieur. Notre marché n’est pas un
marché demandeur, c’est un marché en ralentissement.
Regardez ce qui se passe au niveau des fluctuations de la monnaie, regardez
ces mouvements invraisemblables au niveau des bourses que nous n’avons
jamais imaginé aussi fragiles. Tout ce que nous avons appris, tout ce que
nous avons étudié, tout ce que nous avons vécu à ce jour a été remis en
cause. Et je dirais même que toutes les théories économiques qui ont géré le
monde jusqu’à aujourd’hui ont été ébranlées. Désormais, il serait très
difficile d’avancer des certitudes concernant l’économie mondiale, nous
avons vu que tout peut être bouleversé à n’importe quel moment.
Néanmoins, il y a des fondamentaux et il y a des certitudes. Quelques-unes,
parce que d’après moi, jamais l’économie mondiale ne pourra supporter trop
longtemps cette récession, il faut bien trouver les moyens et même les
puissances de ce monde les plus éloignés les unes des autres et qui ont des
conflits commerciaux, se rendent compte qu’elles ont intérêt à se soutenir
les unes les autres.
On reproche souvent aux hommes d’affaires tunisiens d’être passifs, et
d’avoir peu d’esprit d’initiative. On prétend qu’ils comptent énormément sur
les organismes de l’Etat comme le CEPEX. A voir la qualité de leurs
participation dans les foires internationales, certains vont pour
travailler, d’autres beaucoup plus pour parader… Quelle est la position de
l’Utica par rapport à cet état de fait ?
Il faudrait préciser que lorsque nous ne participons pas aux foires
internationales par nous-mêmes, nous participons aux frais avec les
organismes spécialisés, en l’occurrence le CEPEX. Certes, c’est une
institution sous tutelle du ministère du Commerce mais dans le Conseil
d’Administration, nous sommes représentés à 50%, le gouvernement aussi, les
ministères de l’Industrie, du Commerce, des Finances. Donc, des décisions
prises pour le choix des foires, la manière d’y participer, l’Utica n’est
pas exclue, même si elle n’est pas visible.
Le CEPEX est très actif, je félicite son PDG, pour le travail qu’il est en
train de réaliser, mais il ne faut pas oublier que ce n’est qu’un
instrument, derrière, il y a l’Etat et l’UTICA.
Au Maroc, les charges pour les participations dans les foires sont partagées
par 3, un tiers à la charge du gouvernement, un autre assuré par les
chambres de commerce et puis le dernier payé par les professionnels.
Les Tunisiens payent également. Le CEPEX dispose d’un budget qui ne peut lui
permettre d’assurer la totalité des frais de la participation tunisienne
dans les foires. Les entrepreneurs y apportent également leur contribution
même si elle n’est pas proportionnelle avec les coûts réels. En fait, une
grande partie des coûts de participation dans les foires provient des fonds
que gère le CEPEX comme le FOPRODEX. Il ne faut pas être naïf par rapport
aux frais encourus par les organismes publics, car vous savez dans le monde
entier, beaucoup d’économies dopent un peu leur capacité d’exportation, il y
a ceux qui jouent sur la monnaie, d’autres sur le transport, il y a ceux qui
subventionnent certains actes de recherches de marchés, et je parle là des
économies similaires à l’économie tunisienne.
Tout le monde le sait et l’accepte facilement. Vous imaginez des petites
économies comme la nôtre aller se battre sur le marché international avec
des puissances économiques comme celle des Etats-Unis ou du Japon ou de la
Corée sans disposer d’un minimum de moyens ?
Au risque de paraître idéaliste, je tiens quand même à rappeler qu’au Japon,
plus que les richesses naturelles, il y a la richesse des hommes et grâce à
elle, on peut réaliser des miracles. La conception même du tissu
entrepreneurial japonais basé à plus de 80% sur les PME, le choix de
l’infrastructure industrielle japonaise tout près des côtes pour être proche
de toutes les logistiques de transport et rayonner à l’extérieur, expliquent
que le miracle japonais se soit fait par la volonté des hommes. C’est un peu
comme la Tunisie qui n’a pas de ressources naturelles et encore le Japon en
a moins que nous. Ce qu’il a en plus et qui est extraordinaire, c’est cette
volonté des Japonais de sortir vainqueur d’une Deuxième Guerre mondiale qui
les a complètement écrasés grâce à l’économie, alors je lève la barre très
haut peut-être, mais pourquoi est-ce qu’on ne tient pas ce raisonnement chez
nous et pourquoi n’essayons-nous pas de faire ce que les Japonais ont fait
et réussi?
La réponse est simple : nous n’avons pas la même structure mentale que les
Japonais, c’est clair..
Il faut peut-être y travailler …
Non, c’est toute la culture arabo-musulmane basée sur le fatalisme et qui
est alimentée par des phrases toutes faites, du style «hadhaka ach atana
rabbi» (c’est ce que Dieu nous a accordé), des phrases pour apaiser l’âme et
non pas pour encourager le travail. Mais je ne dresserais pas un tableau
aussi sombre s’il ne revenait qu’à moi. Aujourd’hui, 62% des investissements
en Tunisie sont réalisés par le secteur privé, ce n’est pas rien. 95% des
exportations sont assurés par le secteur privé si on exclut l’énergie, et
80% des emplois sont pourvus par le secteur privé. Là où je serais d’accord
avec vous, c’est quand il s’agit de se poser la question suivante: qu’est-ce
qui nous empêcherait de faire mieux ou comme les Japonais ?
L’Etat, dans sa planification, dans ses stratégies d’avenir, prévoit la
création de 80.000 emplois. Pourquoi n’y a-t-il pas de groupes de
l’envergure des Sellami, Poulina, ou Elloumi, qui sont partis investir à
l’extérieur et acheter des réseaux de distribution ? Je pense qu’il faut
encourager ces initiatives par des séminaires de sensibilisation, de la
formation, du face to face avec les industriels. Peut-être qu’en tant que
patronat, nous devrions organiser des missions non pas pour vendre nos
produits mais promouvoir la destination Tunisie sur les plans légal et
réglementaire et inciter les investisseurs étrangers à venir s’implanter
chez nous. Il faut également reconnaitre qu’une grande partie de nos
industriels y compris moi-même, avons longtemps joué la carte du
partenariat.
Ce partenariat, qui nous a permis pendant un moment d’accéder à l’acte de
l’exportation, en nous apportant la technologie, une partie des financements
et surtout les marchés, nous a un peu aveuglés. Je crois que les
professionnels prennent de plus en plus conscience que cette situation
importante au départ et qui nous a permis d’apprendre le métier
d’exportation et les vérités sur des marchés différents est en train
d’évoluer vers un autre stade. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une
nouvelle situation dans laquelle un produit tunisien doit être conçu,
imaginé et mis en vente avec de la technologie tunisienne, un concept
tunisien et exporté en tant que produit tunisien…
Encore faut-il que ces produits soient labellisés, ce qui n’est pas le cas.
Lorsque l’on sait que le thon tunisien est consommé par les Japonais en tant
que produit de luxe et que ces derniers ne savent même pas qu’il arrive de
Tunisie, lorsque l’on sait que les Asiatiques ne savent pas que Carthage
c’est la Tunisie et que ce n’est ni l’Espagne ni Carthagène en Amérique
latine, on ne peut s’empêcher de se sentir frustré. Il est peut-être temps
d’organiser des missions dont la tâche est juste de promouvoir la Tunisie en
Asie ou ailleurs pour valoriser notre économie et notre culture en se
démarquant des pays semblables à nous, culturellement parlant.
La race tunisienne est composite et c’est ce qui fait son charme, sa
particularité et sa richesse ; son ouverture aussi. Nous allons travailler
en tant qu’UTICA à valoriser aussi bien l’image du patronat tunisien à
l’international que celle du pays tout entier et de ce qu’il représente en
tant que destination riche au niveau culturel, au niveau de l’investissement
et de la qualité de la main d’œuvre.
Au bout de 20 ans à la tête de l’UTICA, pensez-vous avoir réussi à
introduire de nouvelles méthodes sur le plan des pratiques entrepreneuriales
?
Vous savez, en 20 ans, et entre le moment où mes collègues m’ont fait
prendre la responsabilité de cette organisation et aujourd’hui, on ne parle
plus de la même UTICA, pas plus que nous sommes plus confrontés à la même
économie.
Au début, ce que nous voulions était tout juste exister et avoir de la
visibilité. Pendant des années et avant l’arrivée du président Ben Ali,
l’UTICA faisait seulement partie du paysage, elle n’était pas considérée
comme un acteur important de la vie économique. Aujourd’hui, c’est tout à
fait le contraire qui se passe, elle dialogue d’égal à égal avec le
gouvernement, elle dialogue d’égal à égal avec les syndicats des ouvriers,
elle ne se positionne pas comme une force de frappe ou d’opposition, au
contraire elle se positionne comme une force de propositions…
Pourquoi l’Utica, à l’instar du MEDEF, ne se transforme pas en un mouvement,
car le choix même du terme «mouvement» suppose l’évolution, une autre
dynamique patronale efficiente qui participe en tant qu’opérateur économique
déterminant au développement du pays ? Croyez que vous participez réellement
aux orientations économiques du pays ?
Je puis vous affirmer qu’aujourd’hui, grâce à un travail de fond réalisé et
à la compréhension du Chef de l’Etat et du gouvernement, aucune grande
décision touchant l’économie ne se décide sans une concertation avec
l’UTICA. Le contraire serait tout simplement inimaginable.
Je pense qu’il en sera de même dans l’avenir, donc c’est déjà ça de gagné.
On nous fait confiance et nous n’avons pas déçu. Nous avons fait nombre de
propositions et avons été écoutés. Le mérite est partagé entre celui qui a
proposé et celui qui a accepté et appliqué.
Je ne serais pas trop sévère sur les points faibles, il y en a, nul n’est
parfait. Et le fait d’avoir gagné des points n’est pas une raison de
considérer qu’on a gagné le gros lot. Il faut rester modeste et accepter de
se remettre en cause et se placer dans une évolution permanente dans le sens
du mouvement comme vous dites.
Lorsque, grâce au nouveau siège, vous disposez de deux salles de 300 places
et une autre de 2000 places, vous avez envie de les remplir et c’est ce que
nous sommes en train de faire. Nous voulons instaurer une tradition de
concertation et de contact. Et ceci me rappelle les années 70, alors que
l’on venait tout juste de lancer l’exportation. Tout le monde voulait se
voir, s’informer, découvrir les autres expériences. Nous avons tous besoin
de nous voir, de nous parler et de communiquer. L’Utica va justement servir
d’interface autour de thèmes intelligents et utiles animés par des
conférenciers, qui maitrisent leurs sujets et savent provoquer des débats.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’auparavant, les entrepreneurs
participaient gratuitement à ces réunions, aujourd’hui ils payent des frais
de participation, pour avoir la qualité et pour disposer de documents. Ils
ne le feraient pas s’ils estimaient que ce n’est pas intéressant..
Dans cette dynamique de changement, où se situe la place des jeunes ? En
2006, il y a eu une clause qui a été introduite au règlement interne de
l’Utica et qui stipule que pour être candidat au bureau exécutif, il faut
avoir déjà passé 5 ans en tant que membre dans une fédération. Ne
pensez-vous pas que 5 ans, c’est long ? Et que c’est une manière de fermer
la porte aux jeunes entrepreneurs ou promoteurs ?
Cinq ans ce n’est rien. Parce que vous imaginez que quelqu’un qui ne connaît
rien aux rouages syndicaux, à l’organisation qui a ses particularités, son
mode de fonctionnement et son positionnement dans la société, peut assurer
aisément ?
C’est déjà beaucoup demander à un jeune d’être un adhérent dans une chambre
et de la diriger en tant que président, en tant que membre aussi, de là à
accéder rapidement au bureau exécutif, c’est trop demander. Le bureau
exécutif est quelque chose de très sérieux.
Il y a des jeunes très responsables et très sérieux …
Oui mais, vous croyez qu’un jeune sans aucune expérience syndicale pourrait
diriger le bureau exécutif ? Le bureau exécutif dirige l’organisation.
On reproche également à l’Utica des structures complètement sclérosées, pas
de rajeunissement au niveau des instances dirigeantes, on vous reproche même
d’avoir fermé les portes devant les nouvelles initiatives …
C’est étrange d’entendre dire cela. Parce que je crois avoir fait tout ce
qu’il est possible de faire, pour donner toutes leurs chances aux jeunes. Le
CJD, c’est moi qui en ait encouragé la création, le Centre des femmes chefs
d’entreprise, également. J’ai essayé, modestement, de préparer la relève,
moi je ne souscris pas, s’agissant d’un adulte ou d’un jeune, qu’une
personne arrive dans une sphère et vous dit ôtez-vous que je m’y mette.
Lorsqu’on arrive dans un cercle, qu’il soit professionnel ou sportif, il
faut d’abord apprendre, observer au moins pendant cinq ans ce que les
chevronnés font, quitte à venir au bout de cinq ans les bousculer pour
prendre leur place.
Pas les bousculer ou prendre leurs places, mais disons accéder par le biais
des élections, vous êtes dans une structure démocratique, il existe des
programmes électoraux, personne ne prend la place de personne…
Tout à fait, mais pour pouvoir occuper des postes au niveau de la direction,
être capable de consolider les acquis, savoir ce qui est bon et apporter une
vision innovatrice, il faut du temps. Je ne vois pas très bien comment un
chef d’entreprise, qui n’a jamais été dans les girons de l’Utica, vient
acheter une adhésion et se propose pour prendre un poste de direction à
l’Utica, ça devient cocasse… On n’a jamais vu cela dans aucun pays au monde,
des jeunes oui, mais des jeunes qui ont accepté de passer par 5 ans de
formation au sein de l’Utica, pendant lesquels ils ne font pas qu’observer,
ils peuvent participer et être actifs. Etre adhérent ne veut pas dire obéir
aveuglément.
Pour revenir aux activités de communication de l’UTICA, quelles sont les
principales thématiques sur lesquelles vous comptez travailler pendant le
reste de l’année, puisqu’une grande partie de l’année est passée ?
Le grand thème qui a été mis en place est la productivité ; c’est un thème
très important. Le deuxième concerne les implantations à l’étranger. Il
s’agit de développer cette capacité d’aller prospecter et prendre des parts
des marchés, parce qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus nous permettre
d’attendre que les gens nous fassent le plaisir de nous choisir comme
fournisseurs par rapport à une tierce personne. Si nous accédons aux réseaux
de distribution, nous pouvons imposer nos produits au travers de ces
réseaux.
Troisièmement, il faut améliorer le taux d’encadrement des entreprises qui
restent en deçà de tout ce qu’on peut imaginer parce que dans les pays
modernes à très haute technologie, où les gens créent et font de la
création, même sur le process industriel, l’encadrement est à au moins 30%,
nous sommes à 12%.
Donc, vous avez des salles, est-ce que vous comptez y organiser des cycles
de formation pour les entrepreneurs à l’instar de ce qui se passe partout ?
Tout à fait, vous savez il y a quelques mois, vous auriez demandé à un chef
d’entreprise de venir assister à un cycle de formation, il aurait rigolé,
parce que dans son cursus il a l’impression de tout savoir. Aujourd’hui, ils
sont prêts à venir suivre des cycles de formation et de perfectionnement
pour comprendre ce qui se passe autour d’eux et comprendre certains
phénomènes, la difficulté est de trouver de bons conférenciers et de bons
formateurs. Je n’exclus pas les experts étrangers, ils contribueront à
enrichir les programmes, nous allons faire payer les participants, ils ne
paieront pas pour quelque chose de médiocre, nous allons pouvoir améliorer
et enrichir nos séminaires et nos débats.
Au bout de 20 ans, à la tête de l’organisation, pensez-vous avoir assez
donné à la centrale patronale et croyez-vous être toujours capable d’en
donner autant ?
Vous savez, quand vous prenez quelqu’un qui a 40 ans et que vous lui confiez
la direction de l’UTICA, les 40/60 ans sont les années où on produit le
plus. Vous demandez à ce quelqu’un s’il estime avoir donné quelque chose, il
vous répondrait qu’il a donné sa vie. J’ai donné ma vie, les années durant
lesquelles je pouvais être le plus productif, je n’ai pas produit dans et
pour mes entreprises, j’ai tout donné à l’UTICA, je ne le regrette pas du
tout. J’aurais pu bien évidemment développer un groupe beaucoup plus
important, j’aurais pu avoir beaucoup plus d’entreprises, j’aurais pu faire
la même chose ou peut-être moins ou un peu plus que certains groupes, mais
pendant qu’eux s’occupaient de leurs affaires, moi j’assurais la garde au
sein de l’Utica. Sur ce point là, je pense qu’il y a de la reconnaissance de
la part des industriels et des commerçants, et pour moi c’est la plus grande
des satisfactions. Ce dont je suis fier et j’espère que je n’ai pas tort,
c’est que je suis autant aimé et respecté par le président et le
gouvernement qu’aimé et respecté par mes adhérents et par les ouvriers et
leur organisation. J’ai su me faire accepter, ce n’est peut-être pas modeste
de le dire, mais je suis une personne qui ne fait pas de polémiques
gratuites, je ne suis pas un syndicaliste obtus, fermé, qui détruit tout sur
son passage.
Nous terminons sur l’international : vous avez déclaré, «il n’y a plus d’EuroMed,
il n’y a que l’Euro»…
L’EuroMed a essayé de réunir deux choses aussi différentes que semblables,
semblables parce que la Méditerranée est une ère de paix mais aussi de
violence. C’est le berceau des civilisations, et même sur le plan religieux,
le christianisme, le judaïsme et l’islam sont nés dans cette région ; c’est
une région qui a connu les moments les plus sanguinaires dans l’histoire. Il
n’y a qu’à rappeler la bataille de Rome et de Carthage, les conquêtes
d’Alexandre le Grand, qui est allé jusqu’au fin fond de l’Asie, l’Egypte et
les Pharaons, tout cela fait que la Méditerranée est unique.
Par ailleurs, le Nord et le Sud se sont développés à une vitesse
complètement différente, le Nord s’est développé à une vitesse grand V,
c’est très cocasse, ce qui a uni les Européens, à savoir le christianisme, a
été peut-être la cause de la désunion du Sud qui est l’islam, parce que
l’islam est lu différemment par certains et puis les chrétiens ont su
dépasser leurs différences, catholicisme, protestantisme.
Ils ont été plus rationnels, et puis notre côté un peu fataliste n’a pas du
tout arrangé les choses, nous nous sommes laissé couler gentiment. Le
pétrole n’a pas arrangé les choses, ses richesses colossales n’ont pas donné
beaucoup de soucis financiers et n’ont pas provoqué de soucis sociaux ou
humains.
Et puis, ce dossier empoisonné dans le Moyen-Orient entre les pays arabes et
Israël. Tout cet héritage de la Grande-Bretagne et tous les découpages
produits dans la région ont été à l’origine de conflits qui se sont
perpétués par la suite.
Décidés par les puissances coloniales, française, britannique, italienne,
les découpages de la rive sud de la Méditerranée ont historiquement
empoisonné les pays voisins. Tout a été fait depuis leur création pour les
désunir.
En tant qu’Arabes, nous n’arrivons pas à comprendre, à ce jour, qu’il est
plus profitable de renforcer ce qui nous unit que par ce que nous avons
beaucoup à y gagner. Le chemin est encore très long pour pouvoir unir les
pays arabes. Les unions économiques ne peuvent pas être basées sur des
sentiments, car enflammer les esprits derrière un Nasser avec des slogans
comme la nation arabe, etc., c’est très beau mais cela aurait été beaucoup
plus beau, et réalisable si cela avait été accompagné par une union fiscale,
une union monétaire, une union douanière, si on avait édifié les
fondamentaux économiques d’une nation arabe, on aurait été aujourd’hui une
véritable puissance mondiale. Dans cette situation comment parler d’un
espace Euromed?
N’est-ce pas pareil pour le Grand Maghreb ? Il va y avoir des intérêts
menacés avec ce Grand Maghreb, comme on sait que c’est l’économique qui
détermine le politique, avons-nous la capacité de nous défendre ??
J’ai la conviction que si les peuples arabes avaient agi intelligemment,
toute puissance étrangère aurait été incapable d’ébranler la volonté des
peuples. La volonté du peuple arabe a été torpillée, empoisonnée, emportée
dans des conflits qui n’ont pas servi la nation arabe, ils ont servis
certains individus mais pas la cause arabe. C’est pour cela que j’estime
aujourd’hui que si la nation arabe ou même la nation maghrébine avait été
plus forte et plus unie, aucune puissance coloniale n’aurait pu nous
désunir, fût-elle britannique, italienne, ou autre.
Je relève ce défi. Pour le Grand Maghreb économique, nous avons des projets
fédérateurs à présenter aux Etats, et nous avons basé notre approche sur le
fait de ce que nous avons à gagner en ouvrant nos frontières. Tout ce que
nous demandons est l’application des lois. Nos ministres des Affaires
étrangères se réunissent, ceux de l’Economie se réunissent, ceux de
l’Intérieur aussi, mais rien n’est appliqué. Ce qui est grave. Cette
non-application des lois a été suppléée par les accords bilatéraux. Le
bilatéral est très bien mais il risque de torpiller la construction du Grand
Maghreb. Donc, je dis qu’il faut se battre dans le cadre du bilatéral pour
améliorer l’existant, mais il faut continuer ensemble à se battre pour
construire le Grand Maghreb.
Y a-t-il un projet qui pourrait fédérer le Maghreb et qui est réalisable ?
Il y en a beaucoup. Pour exemple : qu’attendons-nous pour construire une
autoroute commune ? Elle faciliterait les échanges ; c’est vraiment
inconcevable pour nos économies de ne pas en avoir une.
Pourquoi a-t-on donné la priorité à l’autoroute du sud en Tunisie et non pas
à celle du nord ? Pour une raison simple, c’est que notre économie n’est pas
basée sur la certitude d’un Grand Maghreb mais plutôt sur une certitude
appelée économie tunisienne. L’axe nord/sud est beaucoup plus développé et
plus rentable, nous n’avions pas de vision sur l’économie maghrébine.
Maintenant que l’axe sud est réalisé, nous sommes en train d’investir sur
l’axe nord parce que nous commençons à croire un peu au potentiel de l’UMA.
Ce qui est drôle, c’est que chacun des pays du Maghreb est en train de
construire son autoroute du Maghreb et en même temps on n’en parle pas.
Alors que nous devrions en être fiers et annoncer toutes les étapes de la
construction puisque c’est un projet qui est fait pour unir le Grand
Maghreb.
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