Le spectre de la déflation ressurgit en Europe

[29/05/2009 16:07:23] BRUXELLES (AFP)

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La vitrine d’un magasin de Madrid le 23 avril 2009. (Photo : Philippe Desmazes)

L’Europe est au bord d’un recul général des prix du fait de la crise, après une inflation nulle en mai, faisant ressurgir le spectre de la déflation même si ses dirigeants veulent croire que le continent sortira rapidement du marasme.

Les 16 pays de la zone euro ont connu une inflation de 0% en mai par rapport au même mois de l’année dernière, après 0,6% en avril, selon une première estimation publiée vendredi.

C’est le plus bas niveau historique de l’inflation depuis la création de la zone euro en 1999.

Plusieurs des pays en faisant partie, comme l’Espagne et l’Irlande, connaissent déjà un taux d’inflation négatif depuis plusieurs mois au niveau national, en raison principalement de la baisse des prix de l’énergie depuis l’été dernier mais aussi de la récession qui les frappe tout particulièrement.

En Espagne, les prix ont reculé pour le troisième mois consécutif en mai, de 0,8% sur un an.

Ils ont baissé de 0,37% en Belgique, pour la première fois depuis 1960, tandis qu’en Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, l’inflation a été nulle ce mois-ci.

A l’échelle de la zone euro, les économistes s’attendent à ce que l’inflation passe aussi dans la zone rouge dès le mois prochain, en raison principalement d’un effet de comparaison, car les prix de l’énergie avaient flambé au printemps et à l’été 2008.

“Il semble qu’il y ait peu de doutes que la zone euro va connaître” un taux négatif “en juin et que ce phénomène va persister au cours des quelques mois qui suivent au moins, étant donné que les prix du pétrole avaient connu un pic en juillet 2008”, juge Howard Archer, de l’institut Global Insight.

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érence de presse le 7 mai 2009. (Photo : Martin Oeser)

“Il est inévitable que l’inflation baisse davantage en juin et au-delà”, estime également Ben May, de Capital Economics. “Les chances d’une période plus prolongée et préjudiciable de déflation semblent augmenter”, ajoute-t-il.

La déflation, définie comme un recul généralisé et prolongé des prix, peut sembler à première vue bénéfique aux consommateurs.

La porte-parole de la Commission européenne pour les questions économiques, Amelia Torres, a du reste indiqué vendredi que la stagnation ou la baisse des prix était “bienvenue pour les ménages à faible revenu” dans le contexte actuel.

Mais lorsqu’il s’installe, ce phénomène est jugé très dangereux par les économistes. Il décourage l’investissement des entreprises, tentées aussi de répercuter la baisse des prix sur les salaires, tandis que les consommateurs diffèrent leurs achats, en attendant que les prix baissent encore plus.

La déflation est généralement le signe d’une récession très grave qui s’auto-entretient et dont il est difficile de sortir.

La Banque centrale européenne (BCE), qui a pour mission principale le contrôler la hausse des prix, écarte pour l’instant un risque de déflation à moyen terme.

Les taux d’inflation devraient “augmenter à nouveau” après être restés “de façon temporaire à des niveaux négatifs pour quelques mois autour de la mi-2009”, a souligné début mai son président, Jean-Claude Trichet.

Le recul des prix “devrait être temporaire”, a aussi souligné vendredi la porte-parole de la Commission.

Les responsables européens espèrent que l’Europe sortira de la récession économique dès l’année prochaine, ce qui contribuera également à éloigner le risque de déflation.

M. Trichet et le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia ont ainsi indiqué à plusieurs reprises tabler sur une reprise courant 2010.