En Suède, percée spectaculaire du parti des pirates

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à Stockholm (Photo : Fredrik Persson)

[29/05/2009 09:10:16] STOCKHOLM (AFP) Le Parti des pirates, qui milite pour la légalisation du partage de fichiers sur Internet, réalise une percée spectaculaire en Suède à la faveur du débat sur le piratage et devrait selon les sondages faire son entrée au Parlement européen le 7 juin.

Fondé en janvier 2006, le parti, qui veut également protéger la vie privée des internautes, avait déjà progressé après l’adoption récente de lois controversées sur la surveillance des télécommunications et sur le téléchargement illégal.

Mais c’est la condamnation à un an de prison ferme par un tribunal de Stockholm de quatre responsables du site suédois The Pirate Bay, un des principaux sites d’échange de fichiers au monde, qui a projeté le parti sur le devant de la scène.

“Quand le verdict a été annoncé le 17 avril à 11 heures du matin, nous avions exactement 14.711 membres”, raconte à l’AFP Rick Falkvinge, le fondateur du parti. “Nous avons triplé en une semaine, devenant le troisième parti en nombre d’adhérents en Suède. Tout d’un coup nous étions partout”, dit-il.

Un mois plus tard, les derniers sondages pour les européennes en Suède leur donnent entre 5,5% et 7,9% des voix, nettement au-dessus des 4% nécessaires pour obtenir un siège. Lors de ses premières élections, les législatives de 2006, le parti n’avait rassemblé que 0,6% des voix. “Ils ont certes été très chanceux que le verdict du procès de The Pirate Bay tombe au début de la campagne. Mais ils avaient le potentiel de progresser de toutes les façons”, analyse Ulf Bjereld, politologue à l’université de Göteborg.

“Le parti des Pirates mobilise sur un nouveau clivage politique, sur la question de la vie privée et du partage du savoir, qui n’est pas du ressort traditionnel gauche-droite”, relève-t-il. “Les partis traditionnels étaient endormis, ils ont sous-estimé le potentiel politique de ces questions”.

Les élections européennes, à l’enjeu perçu comme limité et où la participation est faible, sont le cadre idéal pour une sensation électorale, soulignent les experts.

“Les gens ont tendance à penser qu’il n’y pas de grande différence entre les partis pour les élections européennes, donc avec un profil particulier, c’est plus facile de réussir”, observe Toivo Sjörén, directeur de l’opinion de l’institut de sondage Sifo.

Jeune et à très grande majorité masculin, passionné d’Internet: tel est le portrait-robot de l’électeur du Parti des pirates.

Selon Sifo, près de 13% des moins de 30 ans donneraient leur voix au parti, contre 7% chez les 30-49 ans, et 3% seulement chez les 49 ans et plus. Si le parti rassemble 10,5% des votes masculins, il n’attire qu’1,5% des femmes. “C’est un parti de +geeks+, (accros des ordinateurs, ndlr), admet en souriant Brian Levinsen, 31 ans, membre depuis 2006, lors d’une réunion de militants à Stockholm.

“Nous sommes sur Twitter, sur Skype, nous utilisons les blogs”, souligne Jan Lindgren, le responsable de la campagne à Stockholm. “Il y a toujours quelqu’un de connecté, même à 2 ou 4 heures du matin”.

Attachés à Internet, défenseurs de la légalisation du partage de fichiers, beaucoup de militants expliquent avoir aussi rejoint le parti par crainte d’une société “Big Brother”.

“Ils veulent imposer un contrôle de ce qui est dit, comme en Chine ou en Corée du Nord. On n’en est pas là, mais on se dirige vers ça”, dénonce Robert Nyberg, 29 ans et ouvrier dans la démolition, long manteau sombre et vêtu du T-shirt violet frappé du drapeau noir du parti. Le parti des Pirates, qui a des déclinaisons dans 20 pays, doit également présenter des listes le 7 juin en Pologne et en Allemagne.