La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, le 10 mai 2009 (Photo : Mido Ahmed) |
[29/05/2009 17:43:25] PARIS (AFP) Un groupe de travail international a été mis en place vendredi pour étudier “la faisabilité” d’une taxe sur les transactions de change qui financerait l’aide au développement mais cette idée ne fait pas l’unanimité.
La décision a été prise par un groupe de 58 pays et organisations internationales –dont les Etats-Unis sont absents– à l’issue d’une conférence sur les financements innovants pour le développement, qui s’est tenue pendant deux jours à l’OCDE à Paris.
“Il est créé un groupe de travail chargé d’évaluer la faisabilité technique et juridique d’une taxe sur les transactions de change et de contributions volontaires reposant sur les transactions financières internationales, et d’examiner toutes les options à ce sujet”, indique le document obtenu par l’AFP.
Selon une source proche du dossier, le processus en est “au début du début” et aucune échéance n’a pour l’heure été fixée.
Ce groupe de réflexion “est encourageant”, a réagi l’ONG Coordination SUD dans un communiqué. Elle appelle toutefois à “l?adoption d?un plan d?action” avant fin 2009. “Il en va de la crédibilité de la France en matière de solidarité internationale”, est-il indiqué.
En ouverture de la conférence jeudi, le ministre français des Affaires étrangères français Bernard Kouchner avait le premier évoqué l’idée d’une taxe en faveur de l’aide au développement de l’ordre de 0,005% et prélevée sur les transactions monétaires.
“Tout le monde vous dira +non, ce n’est pas possible, c’est compliqué+, mais je pense que c’est possible et que cela se fera”, avait-il ajouté.
Selon Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, cette taxe pourrait rapporter “entre 30 et 60 milliards de dollars” par an.
Agréablement “surprise” par cette annonce, Maylis Labusquière d’Oxfam France-Agir ici a souligné la pertinence de cette proposition “au moment où les pays du sud sont touchés par une crise alimentaire, énergétique et maintenant économique et financière”.
Ce projet ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du gouvernement français, suscitant de sérieuses réserves de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. “On n’a rien à l’étude pour le moment”, a-t-elle déclaré à l’AFP en marge d’une réunion à l’OCDE.
M. Kouchner “a toujours des idées très généreuses mais on n’a pas expertisé” le projet, a-t-elle précisé, ajoutant: “On ne peut pas procéder de manière solitaire dans ce domaine (…). Ca ne peut fonctionner que si c’est étudié en profondeur et que si c’est accepté et mis en oeuvre par tout le monde”
La ministre a avoué sa préférence pour le dispositif déjà existant de taxation des billets d’avion, dit “taxe Chirac”, du nom de l’ancien président français.
“C’est un mécanisme qui existe, qui a été testé, qui a manifestement l’air de fonctionner (…). Il y a déjà 11 pays qui y sont et il en faudrait qu’il y en ait d’autres”, a-t-elle déclaré.
Ce prélèvement de 1 à 40 euros sur les billets d’avion a rapporté 300 millions de dollars l’an dernier, selon le quotidien français Le Figaro, une somme reversée intégralement à l’organisation internationale Unitaid qui lutte contre le sida.
Interrogé vendredi par l’AFP, le président de Coordination SUD, Jean-Louis Vielajus, s’est dit “très étonné” et “déçu” par les déclarations de Mme Lagarde. Il a réclamé “un arbitrage présidentiel” pour trancher le débat.