ée de la laiterie Danone le 25 mai 2009 à Bailleul (Photo : Philippe Huguen) |
[29/05/2009 19:31:24] PARIS (AFP) Le gouvernement a renforcé vendredi sa pression sur les industriels pour trouver une issue rapide à la crise laitière après l’échec de premières négociations sur les prix du lait et avant une réunion “de la dernière chance” mardi.
Les producteurs de lait de l’Ouest ont mené de nouvelles actions vendredi au lendemain de l’échec des négociations entre industriels et éleveurs sous l’égide du gouvernement pour fixer un prix d’achat du lait à la production acceptable de part et d’autre.
Le gouvernement “n’acceptera jamais que les producteurs de lait soient condamnés à produire à perte”, a affirmé vendredi le Premier ministre, François Fillon, au lendemain de l’échec des négociations entre éleveurs et industriels et alors que les producteurs restent mobilisés sur le terrain.
“Le gouvernement met une pression maximale sur cette négociation”, a-t-il ajouté, soulignant que les discussions devaient avancer “vite”.
Dans la Manche, des agriculteurs ont bloqué une partie de la journée l’autoroute A84 dans le sens Rennes-Caen à proximité d’Avranches, ainsi que la N13 à hauteur de Carentan et mené des opérations escargot sur le périphérique caennais, a-t-on appris auprès de la gendarmerie et des syndicats.
En Ille-et-Vilaine, des producteurs et au moins une centaine de tracteurs se sont rassemblés dans la matinée à Vitré à l’appel de la FDSEA “pour la défense des revenus et une juste répartition de la valeur ajoutée” avant de mener des actions dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) du secteur, a-t-on appris de source syndicale.
Des opérations similaires ont eu lieu dans au moins cinq GMS en Sarthe et d’autres dans le Finistère et en Loire-Atlantique, selon les FDSEA de ces départements.
En Mayenne, à l’appel de l’Organisation des producteurs de lait (branche lait de la Coordination rurale), une cinquantaine de producteurs d’Ille-et-Vilaine et de Mayenne ont distribué en soirée des tracts et des briques de lait aux automobilistes au péage de la Gravelle, sur l’axe Rennes-Laval, a-t-on appris de source syndicale.
Les producteurs dénoncent la baisse de 30% des prix du lait au mois d’avril et aucun prix n’est encore fixé pour le mois de mai. Une nouvelle réunion de négociations entre producteurs et industriels est prévue mardi.
Producteurs, industriels et coopératives se sont rencontrés jeudi pour une première séance de négociations. Les propositions des deux médiateurs, nommés par le gouvernement, ont permis un rapprochement des positions sur le cadre juridique qui permettra de fixer le prix du lait dans les années à venir.
Mais aucun accord n’a été trouvé sur le point le plus délicat, celui du prix du lait pour 2009.
Evolution mensuelle et annuelle du prix du lait en France |
Dans un premier temps, les producteurs ont demandé un prix moyen pour l’année 2009 de 305 euros pour mille litres contre 267 euros proposés par les industriels.
Dans un second temps, les producteurs ont accepté de baisser leurs exigences à 290 euros mais les industriels “ont refusé tout mouvement”, selon Henri Brichart, président de la la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Une “réunion de la dernière chance” est prévue mardi prochain. Celle-ci devrait être consacrée à la seule question du prix, assure-t-on à la FNPL. Il y a urgence, le prix du lait collecté en mai n’étant toujours pas fixé.
La FNPL craint des débordements si aucun accord n’est conclu avant le 5 juin, date à laquelle les entreprises vont commencer à préparer les payes pour les livraisons de mai.
Les industriels pourraient, comme ils l’ont fait pour le lait d’avril, fixer eux-mêmes le prix, une décision qui a débouché sur une baisse de 30% des prix par rapport à l’an dernier.
Pour justifier cette chute, les entreprises ont avancé la dégringolade des cours mondiaux des produits industriels (poudre de lait et beurre) et une consommation peu dynamique.
Très remontés, les producteurs ont mené des actions tous azimuts. Ils ont organisé deux journées de protestation nationale en moins d’une semaine. La dernière, lundi, a donné lieu à de nombreux blocages de laiteries et de grandes surfaces dans toute la France.
Ces actions ont pris une telle ampleur que la grande distribution, via la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), a dénoncé ces “actions violentes”, évoquant “des déprédations, des vols et à des violences contre les personnes”.
Le président de la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Jean-Michel Lemétayer, s’est dit pas “totalement surpris” de l’échec des négociations. Selon lui, “les positions des industriels et des producteurs étaient trop éloignées”.
Il appelle les producteurs à rester “très mobilisés” sur le terrain.
Comme depuis le début du mouvement, l’Ouest demeurait vendredi la région la plus protestaire.
Dans la Manche, des agriculteurs ont bloqué une partie de l’autoroute Rennes-Caen. Dans le Finistère, des agriculteurs interdisaient les accès à un centre commercial à Brest. En Ille-et-Vilaine, des producteurs, avec leurs tracteurs, se sont rassemblés à Vitré, avant de se rendre dans des grandes surfaces des environs.