à Chicago (Photo : Scott Olson) |
[30/05/2009 07:16:35] NEW YORK (AFP) La décision de justice sur le sort de Chrysler a une nouvelle fois été repoussée, le juge en charge du dossier ayant décidé vendredi soir de fixer une audience à lundi pour faire part de son verdict sur le plan de sortie de faillite du constructeur américain.
Après douze heures d’une audience consacrée en grande partie à l’exposé des plaidoiries de toutes les parties prenantes, le juge new-yorkais Arthur Gonzalez a décidé de “conclure l’audience et la phase des plaidoiries. Je prévois d’émettre un avis lundi”.
“Si jamais cet avis est décidé d’ici là, il sera connu dans les temps, mais ce sera probablement lundi”, a-t-il ajouté.
Le juge Gonzalez a pris cette décision au troisième jour d’une audience dont l’issue est attendue depuis mercredi. Mais les parties prenantes sont résolues à ne pas laisser entériner facilement un plan soutenu par Washington, qui pousse pour un redressement judiciaire rapide.
Le plan Chrysler prévoit l’émergence d’un “nouveau” Chrysler, appelé “New Co”, à l’actionnariat fondamentalement remanié d’où disparaîtra l’ancien propriétaire, le fonds d’investissement Cerberus. New Co sera aux mains d’un consortium détenu à 20% par Fiat (qui a une option pour monter jusqu’à 35%), à 55% par un fonds géré par le syndicat automobile UAW et à 10% par les gouvernements américain et canadien. Les créanciers recevront 2 milliards de dollars, correspondant à une réduction des deux tiers de la dette du groupe.
La nouvelle entité ne doit garder que les actifs les plus sains de l’ancien Chrysler, la justice ayant la charge de liquider les actifs restants.
D’ores et déjà, la validation du plan Chrysler est tenue pour acquise et la rapidité du processus de redressement judiciaire – a priori dans le délai des 60 jours souhaité par Washington – perçue comme un signe encourageant alors que le premier constructeur national General Motors s’apprête à déposer le bilan. “Chrysler est assurément un exemple d’espoir pour General Motors”, a commenté vendredi le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs.
Reste que l’entrée en vigueur d’un feu vert de justice pour Chrysler va dépendre des procédures d’appel: plusieurs centaines d’objections à ce plan ont été brandies par les parties prenantes.
“Les opposants au plan Chrysler ont 10 jours pour faire appel”, a indiqué une source proche du dossier.
Parmi les mécontents figurent les 789 concessionnaires ayant vocation à être liquidés, représentant le quart du réseau Chrysler. Ce sont aussi des créanciers et des équipementiers – à qui Chrysler doit 5 milliards de dollars. Un avocat représentant des créanciers a fustigé un processus “totalement court-circuité” et “illégal”, tandis qu’un autre, défendant les concessionnaires, a martelé que ce plan “n’est pas un jeu à somme nulle” pour tout le monde.
Le temps presse, alors que Fiat a fait savoir qu’il pourrait jeter l’éponge si aucun accord n’est finalisé au 15 juin, une échéance qui pourrait être dépassée en cas d’appel.
Fiat “peut laisser tomber, mais ce n’est pas aussi simple”, fait remarquer la source proche du dossier.
En cas d’échec, Chrysler court à la liquidation, a rappelé l’un de ses avocats, alors que l’Etat fédéral, qui a injecté 6,9 milliards de dollars, est “le prêteur de dernier recours” et qu'”il n’y a pas d’autre candidat” à une alliance que Fiat.
Quelques heures plus tôt, le patron de Fiat Sergio Marchionne – amené à prendre la direction du futur Chrysler – a indiqué que sa priorité était “que l’entreprise redémarre dès qu’elle sera libérée” du régime des faillites.
“Nous ne transformerons pas Chrysler en une entreprise automobile italienne. (…) Nous devons garder cette organisation vraiment au diapason des exigences de son propre marché”, a-t-il déclaré. Il a rappelé que Fiat pourrait offrir de nouveaux débouchés à Chrysler, grâce à son réseau de distribution en Europe et en Amérique latine.