Le salaire de la peur, ou la peur du salaire ? Quand Yves Montand et ses
acolytes ont accepté de transporter de la nitroglycérine sur 500 km en 1953
dans ce magnifique film de Georges Arnaud, ils savaient ce qui les attendait
et au moins cela a donné un film magnifique.
Et alors, pourquoi ce mimétisme avec la publication des salaires des
dirigeants des grosses firmes,? C’est quoi cette histoire, et dans le cas
bien particulier de ABA, en quoi ce qu’il gagne peut apporter de plus ?
Voilà quelqu’un qui, depuis 1965 je crois, à partir d’une vieille 2cv, il a
construit un monde de l’agroalimentaire. Et si on s’amuse à compter les
emplois directs, indirects et ceux qui l’ont imité, il doit y avoir environ
100.000 emplois créés; et il continue d’avoir des idées et des idées.
Alors, personnellement, présenter son revenu annuel qui représente 250
années de SMIG, c’est relativement pernicieux, et si on va plus loin et on
considère le bon millier de dirigeants qui gagne plus de 100.000 dinars
tunisiens par an, on se retrouve avec un haut de pyramide qui représente 350
siècles de smigards !
On verra les puristes hurler à la stratification de la Tunisie et la perte
de son homogénéité sociale. Mais c’est pas la faute de ceux qui bossent,
s’ils produisent et font travailler les autres.
Par contre, ce qui me gêne, c’est tout ce beau monde qui use et abuse des
avantages en nature qui peuvent atteindre plusieurs années de SMIG sans pour
autant que cela n’apparaisse dans leurs revenus… Les torries -qui devaient
nous donner l’exemple en bon Occidentaux- en savent quelque chose; ils ont
passé des maisons offertes à leurs ami(s, es), dans leurs notes de frais.
En tout cas, en ce qui me concerne -moi qui me triture les méninges
régulièrement- mon salaire n’est pas si loin du SMIG, et j’aurais honte
qu’il soit publié !