A Pontiac, ouvriers de GM et concessionnaires sont attristés mais fatalistes

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é de l’usine de General Motors à Pontiac, Michigan (nord) le 1er juin 2009 (Photo : Bill Pugliano)

[02/06/2009 06:01:50] PONTIAC, Etats-Unis (AFP) C’est sous une pluie battante que les ouvriers de l’usine de General Motors à Pontiac, Michigan (nord) ont appris lundi la nouvelle qu’ils redoutaient: après le dépôt de bilan du constructeur automobile américain, leur site fera bien partie de ceux appelés à disparaître.

Pontiac est l’un des 14 sites industriels dont le symbole du capitalisme américain qu’est General Motors (GM) a confirmé la fermeture d’ici 2012, dans l’espoir de ressurgir sous la forme d’un constructeur plus petit et plus rentable.

“C’est douloureux, mais il fallait faire quelque chose parce que GM doit redevenir compétitif”, relève avec fatalisme le président du syndicat local, Doug Bowman.

Au cours des trente dernières années, le vaste complexe industriel de Pontiac avait vu le nombre de ses employés littéralement se ratatiner, passant de 14.000 à un millier, alors que les parts de marché de GM chutaient de 45 à 21%.

Le site de montage sera fermé définitivement d’ici octobre, environ un an avant que la célèbre marque Pontiac du nom de cette banlieue de Detroit ne disparaisse définitivement à son tour.

Malgré une certaine résignation, la colère et le désespoir des ouvriers est palpable.

“Les gens qui ont fait ça reçoivent un salaire, alors qu’ils devraient recevoir des menottes”, s’insurge Johnny Bloodsworth, 55 ans, employé à Pontiac depuis 36 ans.

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à Pontiac, Michigan (nord), le 1er juin 2009 (Photo : Bill Pugliano)

Selon lui, la chute du constructeur est due à des erreurs de gestion de GM et aux banquiers et courtiers dont la cupidité a provoqué la crise financière qui a plongé le pays dans la récession et fait chuter les ventes du secteur automobile à des niveaux jamais vus depuis 60 ans.

“Aujourd’hui, nous payons pour les péchés d’autrui: les PDG, les banquiers, Wall Street et les organismes hypothécaires”, dit-il à l’AFP.

“Tout retombe sur le dos des travailleurs, et tous les citoyens américains vont devoir payer pour ça parce que c’est un raz de marée qui va parcourir le pays d’est en ouest. C’est terrible”, ajoute l’ouvrier spécialisé dans les retouches peinture.

A 30 ans, et après cinq ans dans l’atelier de carrosserie de l’usine Pontiac, Jeff Martin se fait à l’idée qu’il va devoir revenir à la plomberie.

“Je n’aurais jamais cru que cela arriverait”, dit-il, même si “l’entreprise a pris beaucoup de mauvaises décisions au fil des ans”.

Sa collègue, Lydia Datsyk, qui comme lui a travaillé cinq ans sur le site, se veut stoïque: “Je garde la tête haute”, dit-elle.

Mais après des décennies de restructurations douloureuses, certains espèrent aussi que le dépôt de bilan va permettre à GM de redémarrer du bon pied.

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ésentation du constructeur automobile américain General Motors

“Cela met enfin tout à plat et nous pouvons aller de l’avant”, affirme Mark Gratsch, gérant du concessionnaire Wally Edgar Chevrolet dans la ville voisine de Lake Orion.

“Je crois en GM et je pense qu’ils seront là un bon moment”, prédit-il.

La ville de Lake Orion sera elle aussi bientôt frappée par la perte de 3.400 emplois quand son usine d’assemblage de voitures sera mise en chômage technique.

Mais, malgré toutes les incertitudes pesant sur l’avenir du constructeur américain et la crise économique qui ont fait grimper le taux de chômage dans la région de Detroit à 15%, il y a encore des acheteurs.

Et c’est vers eux que Mark Gratsch et son équipe sont décidés à tourner toute leur énergie plutôt que se préoccuper de savoir d’où viendront les prochaines mauvaises nouvelles.