Crise du lait : difficiles négociations “de la dernière chance” sur le prix

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ès du Carrefour de Mondeville, dans l’agglomération de Caen (Photo : Mychele Daniau)

[02/06/2009 14:05:09] PARIS (AFP) Producteurs et industriels se sont retrouvés mardi pour des négociations “de la dernière chance” sur le prix du lait pour 2009, sous l’oeil des éleveurs toujours mobilisés sur le terrain tandis que le gouvernement n’écarte pas l’éventualité d’un échec des discussions.

Comme la première rencontre de jeudi dernier, les parties devaient se retrouver mardi après-midi, en présence des deux médiateurs nommés par le gouvernement, dans un lieu tenu secret à Paris, a-t-on indiqué à la fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) qui représente les éleveurs.

La FNPL avait été la seule organisation à tenir une conférence de presse à l’issue de ce premier round pour annoncer l’échec des discussions, tandis que les industriels insistaient pour leur part sur la reprise des négociations après plusieurs semaines de silence.

“La négociation continue mardi et j’espère (…) qu’un accord sera trouvé” mais on n’en “est pas certain”, a admis ce week-end le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier.

“Je fais appel à la responsabilité de toutes les parties pour trouver un prix juste et rémunérer le travail des éleveurs correctement”, a-t-il ajouté, refusant toutefois de préciser le montant de ce “prix juste”.

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à Bruxelles. (Photo : Dominique Faget)

C’est la première fois que le gouvernement reconnaît qu’un échec est possible.

La semaine dernière, le Premier ministre, François Fillon, était monté au créneau, insistant sur la nécessité de trouver un prix équitable pour les producteurs, tout en demandant une issue rapide au conflit.

Si la rencontre de jeudi dernier a permis de rapprocher les points de vue sur quelques points, elle a achoppé sur le plus délicat, celui du prix du lait pour l’ensemble de l’année 2009.

Dans un premier temps, les producteurs ont demandé un prix moyen pour l’année 2009 de 305 euros pour mille litres avant de revoir leurs exigences à la baisse à 290 euros. De leur côté, les industriels ont maintenu leur position à 267 euros.

La réunion de mardi, qualifiée de “la dernière chance” par la FNPL, seul syndicat à représenter les éleveurs, devrait être consacrée exclusivement à la question du prix.

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Evolution mensuelle et annuelle du prix du lait en France

Et il y a urgence puisque le prix du lait collecté en mai n’est toujours pas fixé.

La FNPL met en garde contre des débordements si aucun accord n’est conclu avant le 5 juin, date à laquelle les entreprises vont commencer à préparer les payes pour les livraisons de mai.

Les industriels pourraient, comme ils l’ont fait pour le lait d’avril, fixer eux-mêmes le prix, une décision qui a débouché sur une baisse de 30% des prix par rapport à l’an dernier.

Pour justifier cette chute, les entreprises ont avancé la dégringolade des cours mondiaux des produits industriels (poudre de lait et beurre) et une consommation peu dynamique.

Très remontés contre cette décision, les producteurs, mobilisés depuis près de trois semaines, n’ont pas relâché la pression ce week-end.

Dans l’est de la France, des agriculteurs ont mené des actions dans des grandes surfaces du Doubs, demandant qu’elles déréférencent des produits Bongrain et Entremont.

Dans le Cantal, des éleveurs ont bloqué l’entrée de la laiterie Lactalis.

Dans l’Ouest, qui reste la région la plus mobilisée, les éleveurs laitiers de la FNSEA devaient organiser mardi deux grandes manifestations à Laval (Mayenne) et à Pontivy (Morbihan) pour converger vers des usines de Lactalis.

Des actions plus ponctuelles ont également eu lieu, comme à Condé-sur-Vire (Manche) avec le blocage d’une usine Bongrain.

Mardi, l’hypermarché Carrefour de Mondeville dans l’agglomération de Caen a fermé ses portes en fin de matinée en raison de fortes tensions avec des agriculteurs manifestant sur place contre la baisse des prix du lait.

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ée de l’hypermarché Carrefour de Mondeville, près de Caen, le 2 juin 2009 (Photo : Mychele Daniau)

Les agriculteurs, au nombre de 100 à 200, sont arrivés dans la matinée sur le parking de la grande surface dans la matinée avec des tracteurs et des bennes de fumier, lisier et pneus prêtes à être déchargées.

En fin de matinée, une partie d’entre eux ont voulu bloquer les caisses de l’hypermarché et faire passer certains clients gratuitement.

Alors que l’hypermarché tentait de baisser son rideau de fer, certains clients ont été pris de panique et une femme enceinte a fait un malaise, avant que les agriculteurs ne ressortent du magasin, selon la même source.

En début d’après-midi, les agriculteurs se tenaient devant l’entrée du magasin fermé, prêts à déverser sur place le contenu de leurs bennes.