Crise économique : 400 millions de personnes en Asie du Sud ont faim

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ée par l’Unicef le 2 juin 2009 d’une Pakistanaise à une distribution alimentaire le 1er avril 2009 à Karachi

[02/06/2009 13:48:59] NEW DELHI (AFP) Plus de 400 millions de personnes souffrent de la faim en Asie du Sud, soit cent millions de plus qu’il y a deux ans, en raison de la crise économique mondiale et de la flambée des prix alimentaires et de l’énergie, a averti mardi l’Unicef.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance a jugé “scandaleux” l’ampleur de la malnutrition et de la sous-alimentation dans les huit Etats de la région (Afghanistan, Pakistan, Inde, Bangladesh, Népal, Bhoutan, Sri Lanka, Maldives) où vivent 1,6 milliard d’habitants.

“Ces huit pays ont été secoués par les chocs et turbulences sur les marchés financiers et des matières premières ces deux dernières années”, a relevé l’Unicef dans un rapport présenté à New Delhi et intitulé “Impact de la crise économique sur les femmes et les enfants en Asie du Sud”.

“En l’espace de deux ans, le nombre de gens souffrant de faim chronique en Asie du Sud a augmenté de 100 millions (…) Ils étaient déjà 300 millions avant le déclenchement de ces crises et on les évalue dorénavant à plus de 400 millions”, peut-on lire dans ce document.

Cette organisation de l’ONU a identifié ce qu’elle appelle le “facteur des trois F” désignant, en anglais, l’alimentation (“food”), les carburants (“fuel”) et la crise financière (“financial crisis”).

“La hausse des prix des carburants a pesé sur les coûts des transports, du fret, de l’électricité, des engrais et finalement des denrées de base comme le riz, le blé et les céréales”, selon l’Unicef.

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ée le 2 juin 2009 par l’Unicef d’une Indienne et son enfant dans un bidonville de Bihar le 29 avril 2009

En Inde, où le taux d’inflation culminait à 13% en août –avant de retomber à quasiment zéro actuellement– “une hausse de 5% des prix alimentaires est une catastrophe” pour les foyers ruraux, qui représentent les deux tiers de la population du pays, a prévenu Aniruddha Bonerjee, économiste de l’Unicef.

L’Inde et le Bangladesh, producteurs de riz, ont certes réussi à juguler l’envolée des cours, mais le Pakistan et le Sri Lanka, qui importent cet aliment de base, ont beaucoup souffert, détaille le rapport.

Sur le front de l’emploi, l’Asie du Sud pâtit du retour d’Indiens, Bangladais, Sri-Lankais ou Pakistanais licenciés de leurs chantiers et entreprises dans le Golfe persique et en Asie du Sud-Est.

Du coup, bon nombre de familles “sont contraintes de faire des choix inacceptables”, a fustigé M. Bonerjee en dénonçant des parents qui déscolarisent leurs enfants pour les faire travailler.

En temps de crise, les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables et “leur situation empire”, a insisté le directeur régional de l’Unicef, Daniel Toole. Les femmes sont en général les dernières à s’alimenter, préférant donner le peu qu’elles ont à leurs maris et enfants, a-t-il dit.

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ée, diffusée le 2 juin 2009 par l’Unicef, d’une Bangladeshi nourissant un enfant

Reste qu’en Asie du Sud, la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition et 50% de ceux de moins de deux ans sont sous-alimentés, selon l’Unicef.

Et alors que la crise a divisé par deux les taux de croissance économique des pays d’Asie du Sud, M. Bonerjee a déploré que ces Etats n’aient pas consacré plus de 7% de leur PIB à la santé ou à l’éducation ces dix dernières années, lors de leur phase d’expansion économique.

“Comment allons-nous faire maintenant?”, s’est-il interrogé.

Reprenant des chiffres de la Banque mondiale (BM), l’Unicef a rappelé que 1,18 milliard de personnes en Asie du Sud vivaient avec moins de deux dollars par jour. Rien qu’en Inde (1,17 milliard d’habitants), 620 millions de gens vivent quotidiennement avec moins de 1,35 dollar, selon la Banque asiatique de développement (BAD).