Ryanair continue à miser sur la récession malgré sa première perte annuelle

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énéral de la compagnie aérienne Ryanair, Michael O’Leary, le 21 octobre 2008 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[02/06/2009 15:43:04] LONDRES (AFP) La compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair a annoncé mardi sa première perte annuelle, en relevant que celle-ci était due à des éléments exceptionnels et en promettant de continuer à croître, y compris sur les décombres de ses concurrentes.

Ryanair a essuyé une perte nette de 169,17 millions d’euros sur l’année achevée le 31 mars, contre un bénéfice de 390,71 millions d’euros l’année précédente.

Mais elle a assuré que ces résultats ne traduisaient pas son état de santé. “Vous lisez mal les résultats”, a même lancé le directeur général de l’entreprise Michael O’Leary au présentateur de la BBC qui relevait cette perte.

Il a remarqué que la perte était due à la dépréciation de la valeur des presque 30% de Ryanair dans sa concurrente et compatriote Aer Lingus, révisée de 222 millions d’euros à 93 millions, et il a envisagé un bénéfice net de 200 à 300 millions d’euros cette année.

La facture de carburant a pesé lourd également, à 1,26 milliard d’euros contre 791,33 millions l’année précédente. La compagnie est désormais couverte pour les trois premiers trimestres, à un prix lui permettant d’espérer réduire de 450 millions d’euros sa facture cette année. La moitié de ces économies devrait être répercutée sur les tarifs.

Lors de la conférence de presse de présentation des résultats, qualifiés de meilleurs que prévu par Panmure Gordon, le provocateur M. O’Leary, toujours en baskets et chemise ouverte sortant à moitié du jean, a énoncé au rythme d’une mitraillette tous les hauts faits de sa compagnie, devenue la numéro un en Europe par le trafic (58,5 millions de personnes transportées sur l’année écoulée, une hausse de 15%, 67 millions prévues cette année), la capitalisation (5,3 milliards d’euros), les prix bas (40 euros par trajet en moyenne), la ponctualité ou la couverture géographique.

Il a indiqué que Ryanair visait “la domination européenne”, lançant même qu’elle pourrait s’intéresser à Lufthansa qui ferait “une très bonne filiale”. Il a précisé toutefois qu’il n’était pas question de lancer une offre sur l’allemande “dans un avenir prévisible”.

Quoique pas immunisée contre la crise, Ryanair compte bien en tirer le meilleur profit. Elle a noté que “la récession et la confiance déclinante des consommateurs s’avéraient bonnes pour sa croissance, des millions de passagers venant à elle pour ses tarifs plus bas”.

M. O’Leary a envisagé un hiver prochain qui pourrait être “terrible” pour le secteur, “un bain de sang dont Ryanair sera la principale cause avec un peu de chance”.

Ryanair s’est comparée mardi aux autres géants du commerce sans chichis comme les distributeurs Aldi et Lidl, le groupe d’ameublement IKEA ou le restaurateur McDonalds. Elle-même pousse néanmoins le bouchon plus loin en facturant tout ce qu’elle peut au voyageur, des bagages en soute à l’utilisation de la plupart des cartes de crédit en passant par l’enregistrement en ligne sur les vols les plus chers.

A chaque fois, elle argue que le client “a le choix” d’échapper à cette facturation. La proportion de passagers mettant des bagages en soute est ainsi passé de 80% il y a deux ans à 25%, selon M. O’Leary.

Si les personnes très grosses vont échapper à la surtaxation envisagée récemment par Ryanair, celle-ci semble avoir bien l’intention de concrétiser son idée de faire payer les toilettes une livre (1,15 euro) dans les deux ans. “Pas pour gagner de l’argent”, a fait valoir M. O’Leary, mais pour “changer le comportement des passagers”.

Il a ainsi souligné que si cette mesure réduit l’usage des toilettes et permet d’en supprimer deux sur trois à bord, il sera possible d’augmenter de six sièges la capacité de l’avion.