USA : la chute du marché automobile ralentit

photo_1243981319856-1-1.jpg
à Chicago (Photo : Scott Olson)

[02/06/2009 22:24:19] NEW YORK (AFP) Le marché automobile américain a encore reculé en mai, mais en manifestant des signes de stabilisation, alors que les Trois Grands de Détroit ne semblaient pas avoir trop souffert des déboires très médiatisés de deux d’entre eux, General Motors et Chrysler.

925.824 véhicules ont été vendus le mois dernier aux Etats-Unis, soit 33,7% de moins qu’il y a un an, mais aussi 13% de plus qu’en avril, selon les chiffres compilés par le cabinet spécialisé AudoData.

C’est mieux qu’attendu par le marché. Le consultant Edmunds tablait sur une baisse de 36% sur un an et sur une hausse de 9% sur un mois.

“La confiance des consommateurs, facteur-clé dans l’achat d’un véhicule, a connu en mai sa plus forte progression en six ans et se situe à des niveaux plus vus depuis septembre”, souligne Michelle Krebs, analyste chez Edmunds.

“Cette bonne nouvelle ne pouvait pas être plus bienvenue pour l’industrie automobile, et les bienfaits (de cet optimisme retrouvé) commencent déjà à se faire sentir pour la plupart des constructeurs”, a noté Mme Krebs.

Les trois constructeurs nationaux ont fait mieux qu’attendu, grâce à des promotions nettement supérieures à celles de la concurrence étrangère: 4.159 dollars de rabais en moyenne par véhicule chez Chrysler, 3.783 dollars chez GM, 3.570 dollars chez Ford, contre 2.946 dollars pour le secteur, selon Edmunds.

Le numéro un américain General Motors, qui a déposé son bilan le 1er juin, a vendu le mois dernier 191.875 véhicules. Ses ventes ont chuté de 29% sur un an, mais les analystes prévoyaient un plongeon plus marqué encore (-37%).

C’est un recul “modéré” par rapport à celui de 34% en avril et de 43% en mars, souligne Himanchu Patel, analyste chez JPMorgan.

GM a fait mieux que son grand rival japonais Toyota (-38% sur un an).

A la suite de son dépôt de bilan, intervenu dès le 30 avril, Chrysler a reculé de 47% sur un an. Mais les analystes redoutaient pire (-53%). Et ses trois marques, Chrysler, Dodge et Jeep, ont vu leurs ventes grimper entre 21% et 32% sur un mois, contre +13% pour le secteur, déjouant l’analyse selon laquelle les consommateurs se détourneraient d’une marque en faillite.

Le vice-président de Chrysler Jim Press s’est “réjoui que les consommateurs aient répondu à la restructuration de Chrysler en achetant (ses) véhicules”.

Chrysler a intensifié récemment ses rabais, pour écouler les stocks chez ses concessionnaires qui vont devoir fermer leurs portes.

Si GM et Chrysler font une relative bonne figure, Ford, qui n’a pas déposé le bilan et a refusé l’argent de l’Etat, se distingue encore plus.

Ses ventes n’ont reculé “que” de 24% en mai sur un an, son “meilleur mois depuis juillet 2008”, et ont grimpé de 20% sur un mois.

Ces chiffres semblent confirmer le constructeur a bénéficié d’un report d’achats à cause des problèmes de ses deux compatriotes. Il a vu sa part de marché progresser sur 7 des 8 derniers mois. Ford a également devancé le mois dernier Toyota en terme de ventes (155.954 immatriculations contre 152.583).

Le niveau des stocks des concessionnaires de Ford est désormais “sain”, souligne M. Patel, “avec un niveau équivalent à seulement 56 jours de ventes, contre un idéal de 60 jours pour cette industrie”.

Voulant capitaliser sur les difficultés de ses rivaux américains, Ford a relevé de respectivement 10.000 et 42.000 unités ses objectifs de production pour les 2e et 3e trimestre en Amérique du nord. C’est la première fois qu’il augmente significativement sa production depuis deux ans.

Les chiffres des ventes de mai correspondent à un marché annuel de l’ordre de 9,9 millions d’immatriculations, selon les calculs du cabinet Autodata, contre des prévisions d’analystes autour des 9 millions le mois dernier.

“Une nouvelle particulièrement bonne”, relève Hugh Johnson, de Jonhson Illington Advisors, alors que le plan de redressement de GM “est bâti en sorte que le groupe redevienne rentable avec un marché à 10 millions d’unités”.

Fin mai, le marché américain se répartissait entre GM (20,5% de parts de marché), Ford (16,8%), Toyota (16,5%), Honda (10,6%), Chrysler (8,5%) et Nissan (7,3%).