Afrique du Sud : Zuma veut créer 500.000 emplois en sept mois malgré la crise

photo_1244028986512-3-1.jpg
ésident sud-africain Jacob Zuma, le 3 juin 2009 au parlement lors de son premier discours sur l’état de la nation (Photo : Mike Hutchings)

[03/06/2009 13:12:36] LE CAP, 3 juin 2009 (AFP) Le nouveau président sud-africain Jacob Zuma s’est engagé mercredi au Cap (sud-ouest) à créer 500.000 emplois d’ici la fin de l’année, affirmant que la récession n’aurait pas d’incidence sur ses promesses électorales de développement et de lutte contre la pauvreté.

“Entre maintenant et décembre 2009, nous prévoyons de créer environ 500.000 emplois”, a déclaré M. Zuma lors de son premier discours sur l’état de la nation.

Le taux de chômage frôle actuellement les 40% en Afrique du Sud, première puissance économique du continent noir. Avec l’entrée en récession du pays au premier trimestre 2009, pour la première fois en 17 ans, les économistes tablent sur une aggravation de la situation, avec la suppression d’environ 250.000 emplois.

“Le ralentissement économique aura des conséquences sur le rythme auquel notre pays sera capable de relever les défis économiques et sociaux”, a reconnu M. Zuma. “Mais cela n’aura pas d’incidence” sur nos objectifs en matière de développement, a-t-il immédiatement ajouté devant le Parlement issu des élections générales du 22 avril.

“Nous devons agir pour minimiser cet impact négatif sur les personnes les plus vulnérables”, a insisté le chef de l’Etat, qui s’exprimait devant tous les anciens présidents sud-africains depuis la fin de l’apartheid en 1994, dont Nelson Mandela.

M. Zuma, qui a pris ses fonctions le 9 mai, deux semaines avant l’annonce de l’entrée en récession du pays, a tenu à rassurer ses électeurs, lui qui a promis de combattre la misère dans un pays où 43% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

“La lutte contre la pauvreté reste la pierre angulaire de notre gouvernement”, a assuré le leader du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir depuis la fin du régime ségrégationniste.

M. Zuma s’est aussi engagé à “mettre à exécution” un programme de développement des infrastructures qui s’élève à 787 milliards de rands (98 milliards de dollars, 70 milliards d’euros)” et qui a été adopté dans le budget 2009. Ce programme prévoit notamment la construction d’écoles et d’installations sanitaires.

Le nouveau président n’a pas détaillé comment il entendait appliquer ses engagements dans le contexte de crise, mais son discours a été salué par les syndicats qui l’ont fortement soutenu pendant la campagne électorale avant d’organiser ces dernières semaines plusieurs grèves.

M. Zuma “a répondu aux inquiétudes de la Cosatu”, la plus puissante confédération syndicale, a réagi l’analyste politique Dirk Kotze. Mais la création de 500.000 emplois d’ici fin 2009 “n’est pas du tout réaliste”, a-t-elle ajouté.

“Il n’a donné aucune explication sur la façon dont il allait s’y prendre”, a aussi fait remarquer Susan Booysen, professeur à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg.

Le président Zuma, 67 ans, qui était accompagné de ses trois femmes, a également rappelé l’héritage du premier président noir sud-africain et “icône”, Nelson Mandela, et appelé à construire une nation plus juste en prônant notamment un meilleur accès aux soins dans un pays ravagé par le sida.

Il a peu évoqué l’international, à l’inverse de son prédécesseur Thabo Mbeki (1999-2008), qui avait fait de la politique étrangère son dada. Il a simplement réitéré le soutien de l’Afrique du Sud au gouvernement d’union zimbabwéen et au président évincé de Madagascar, Marc Ravalomanana.