En Suède, les “Saab” croient en un avenir sans General Motors

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édois Saab à Trollhattan (Suède) le 2 octobre 2008 (Photo : Olivier Morin)

[07/06/2009 12:26:19] TROLLHÄTTAN, Suède (AFP) Déçus par deux décennies de gestion américaine, les employés de Saab gardent l’espoir de voir leurs emplois préservés alors que la maison-mère General Motors, qui se morfond dans la faillite à 6.000 km de là, cherche à vendre le constructeur automobile suédois.

“Dans le couple GM-Saab, c’est l’heure de divorcer, dans l’intérêt des deux parties”, constate Peter Bäckström, qui a commencé sa carrière chez Saab comme ingénieur stagiaire, en 1984.

Fâchés du manque de soutien du gouvernement suédois, les “Saab” pensent qu’une nouvelle ère est possible pour le petit constructeur nordique, en dépit de ses grandes difficultés.

“Je suis certain qu’il y aura une solution”, estime Fleming Steen, salarié dans la division achats et logistique à Trollhättan, le fief historique de Saab dans le sud-ouest de la Suède, où sont employés 3.400 personnes.

Saab, placé en restructuration judiciaire pour couper les ponts avec GM qui veut s’en séparer, pense trouver un repreneur d’ici fin juin. Le constructeur suédois de voitures de sports Koenigsegg et la société d’investissement américaine Renco Group font figure de favoris, selon la presse suédoise.

Malgré des ventes 2008 en chute libre –près de 93.000 voitures vendues, soit une baisse de 25%– et des pertes de 3 milliards de couronnes (241 millions d’euros) l’an passé, Fleming Steen, comme d’autres, ne croit pas au clap de fin.

“Je travaille ici depuis 1978 et j’ai vécu tous les hauts et les bas de l’entreprise. Nous faisons de bonnes voitures et nous avons une très bonne marque. Nous survivrons”, dit-il.

GM avait acquis Saab en deux moitiés, en 1990 et en 2000, pour s’offrir une marque haut de gamme. Mais noyé dans l’océan de la production de l’américain, Saab a vu s’effondrer son rêve américain.

“Lorsque j’ai appris que GM allait reprendre l’entreprise, j’ai trouvé que c’était une très bonne nouvelle, mais je trouve qu’ils ont très mal géré Saab”, critique Fleming Steen.

“Je pense que la bureaucratie de General Motors a été le principal obstacle pour mettre sur le marché le plus rapidement possible les produits qu’il fallait commercialiser”, souligne pour sa part Peter Bäckström.

Il a fait partie de l’équipe qui a travaillé à la dernière génération du fleuron de la marque, la Saab 9-5, lancée en 1997. Près de douze ans plus tard, la berline haut de gamme est toujours sur le marché et ne doit être remplacée que l’an prochain.

“Nous avions plein d’idées sur des moteurs qui consommaient peu, mais elles ont été arrêtées”, explique Börje Rahm, 62 ans, le doyen de l’usine qui a commencé chez Saab à 15 ans.

Pour son collègue syndicaliste Paul Aakerlund, GM a toujours favorisé le développement technologique de l’allemand Opel.

Mais si les employés soulignent les erreurs du géant américain, la frustration est encore plus grande à l’égard du gouvernement suédois, qui a refusé de verser des fonds dans Saab, de peur que l’argent ne termine dans la poche de GM.

Les employés en ont voulu au Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, d’avoir dit publiquement que Saab était dans “une situation difficile et vulnérable”.

“Pourquoi dire ça?”, s’interroge Peter Bäckström. “Cela n’aide personne. Est ce qu’il cherchent à fermer la totalité de l’industrie suédoise et qu’on finisse tous par servir le café ou faire des ménages?”, s’émeut-il.

“Le gouvernement est au courant de ce qui se passe pour le processus de vente. Je ne comprends pas pourquoi ils disent des choses si négatives sur nous. Ca énerve les gens ici”, relève Paul Aakerlund.