Des marins chinois dans le port de Busan le 7 octobre 2008. (Photo : Kim Jae-Hwan) |
[08/06/2009 10:41:10] STOCKHOLM (AFP) Les dépenses militaires mondiales ont atteint un record en 2008, gonflées par la lutte anti-terroriste, en particulier en Irak et par l’ambition de la Chine et de la Russie, aidées par la conjoncture économique, d’affirmer leur statut de grande puissance.
L’an passé, les dépenses militaires se sont élevées à 1.464 milliards de dollars, en hausse de 45% sur dix ans, représentant 2,4% de la richesse mondiale et 217 dollars par habitant de la planète, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri), référence en matière d’armes et de conflits dans le monde.
Par rapport à 2007, la hausse est de 4% à prix constants.
“L’introduction de l’idée d’une +guerre contre le terrorisme+ a poussé plusieurs pays à voir leurs problèmes à travers une perspective fortement militarisée”, analyse le responsable des études du Sipri consacrées aux dépenses militaires, Sam Perlo-Freeman, dans la présentation du rapport.
“Dans le même temps, les guerres en Irak et en Afghanistan ont coûté 903 milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires pour les seuls Etats-Unis”, relève-t-il.
A eux seuls, les Etats-Unis, de très loin premier pays dans le classement du Sipri, ont représenté en 2008 près de 41% du montant total des dépenses militaires mondiales, soit plus que les 14 autres principaux pays réunis, un héritage des années Bush.
Depuis 1999, les dépenses de défense américaines ont bondi de 67% à prix courants, pour atteindre 607 milliards de dollars l’an passé.
La Chine, qui avec la Russie a quasiment triplé son budget militaire depuis dix ans, est pour la première fois le deuxième pays dans ce classement, avec 6% du total, devant la France (4,5%) et le Royaume-Uni (4,5%).
éricain dans la province de Khost le 7 novembre 2008. (Photo : David Furst) |
“La hausse de la Chine s’est faite en parallèle de sa croissance économique et est également liée à ses aspirations de grande puissance”, relève le Sipri.
La Russie, qui comme la Chine a pu servir ses ambitions de grande puissance grâce à une période économique faste, revient à la cinquième place après avoir décliné durant l’après-Guerre froide.
Les dépenses militaires en Amérique du Sud ont également augmenté de 50% durant la décennie, “emmenées par la course de fond engagée par le Brésil pour le statut de puissance régionale et l’escalade des dépenses en Colombie liée à son conflit intérieur”, écrit le Sipri.
Parmi les 15 plus grands dépensiers en termes militaires, seuls l’Allemagne (-11%) et le Japon (-1,7%) ont réduit leurs dépenses depuis 1999.
De l’autre côté de la chaîne, côté fabricants d’armes, les 100 plus grandes entreprises ont enregistré un chiffre d’affaires de 347 milliards de dollars en 2007, en hausse de 5% par rapport à 2006, selon les dernières statistiques collectées par le Sipri.
Dans ce classement des ventes d’armes dominé par l’américain Boeing, devant le britannique BAE Systems et Lockheed Martin, les sociétés occidentales dominent largement: 44 sur 100 sont américaines, et 32 sont en Europe de l’Ouest.
Le Sipri relève que les entreprises qui ont affiché la plus forte progression sont les fabricants de véhicules blindés, très utilisés en Irak et en Afghanistan, les entreprises qui sous-traitent des services aux armées, ainsi que des sociétés britanniques qui se sont étendues aux Etats-Unis.