ège de l’Anglo Irish Bank à Dublin le 25 février 2009. (Photo : Peter Muhly) |
[08/06/2009 13:23:07] DUBLIN (AFP) L’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P), qui évalue la qualité de crédit des emprunteurs, a une nouvelle fois abaissé lundi la note de crédit souveraine de l’Irlande, de AA+ à AA, avec perspective négative, en raison du coût de l’aide gouvernementale aux banques.
S&P avait déjà retiré à l’Irlande sa note maximum AAA (émetteurs présentant les meilleures garanties), le 30 mars, l’abaissant à AA+, qui signale encore “les émetteurs de haute qualité”. Elle remarquait déjà à l’époque la dégradation des finances publiques et la grave récession qui frappe le pays.
Cette fois l’agence s’inquiète spécifiquement de l’aide massive accordée aux banques du pays. “Nous pensons que le coût budgétaire de ce soutien sera significativement plus élevé que ce que nous avions pensé lorsque nous avions abaissé la note en mars 2009 et, en conséquence, que le fardeau de la dette gouvernementale sera aussi plus lourd sur le moyen terme”, indique l’agence.
L’agence concurrente Fitch a également abaissé la note de l’Irlande de AAA à AA+ le 8 avril, et l’agence Moody’s a indiqué qu’elle envisageait un mouvement similaire, le 17 avril.
L’Irlande, non contente de garantir dès l’automne dernier la totalité des actifs des grandes banques du pays, a mis 3,5 milliards d’euros dans Allied Irish Banks et la même somme dans Bank of Ireland, ainsi que quatre milliards d’euros dans Anglo Irish Bank.
Le gouvernement a annoncé également la mise en place d’une structure de défaisance, la National Asset Management Agency (Nama) qui prendrait en charge les 90 milliards d’euros d’actifs toxiques qui figurent actuellement dans les comptes des banques irlandaises.
L’analyste de S&P David Beers qui rédige cette note estime que “la capacité de la Nama à remplir ses objectifs financiers est incertaine”, soulignant le risque que la performance des actifs qu’elle accueillera “s’aggrave par rapport aux estimations au moment de l’achat”.
S&P note également les fortes pertes d’Anglo Irish Bank, qui a été nationalisée en début d’année.
L’agence anticipe que le Produit intérieur brut irlandais “restera probablement inférieur à celui de 2008 jusqu’en 2013”, et que la dette publique pourrait dépasser 100% du PIB à moyen terme, “un niveau supérieur à celui des autres pays notés AA de la zone euro”.
En conséquence, la note pourrait être de nouveau abaissée “si la qualité des actifs du système bancaire irlandais se détériore à un rythme plus rapide que ce que nous anticipons et si la performance budgétaire gouvernementale s’affaiblit davantage que ce que nous pensons actuellement”, note M. Beers.
La perspective pourrait être en revanche “redressée à stable si le système bancaire irlandais se stabilise plus vite et à moindre coût budgétaire que ce que nous pensons”, conclut l’agence.
L’économie irlandaise est dans la tourmente. Selon les dernières prévisions de la Commission européenne, le PIB devrait s’y contracter de 9% cette année.
Le taux de chômage, qui tournait encore autour de 4,5% en 2007, a jailli à 11,8% en mai, tandis que le pays connaît à présent la déflation, pour le quatrième mois consécutif, à un rythme désormais très marqué de -3,5% en avril.