Pour économiser, La Poste songe à livrer le courrier en 2 jours au lieu d’un

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îte aux lettres de la Poste prise le 10 décembre 2008 à Paris. (Photo : Jacques Demarthon)

[08/06/2009 16:46:02] PARIS (AFP) Ne plus garantir la livraison du courrier le lendemain, mais à J+2? La Poste hésite encore à franchir le pas, mais elle y réfléchit, soucieuse de réduire ses coûts et poussée par sa clientèle entreprises, plus regardante sur les prix que sur les délais.

Officiellement, l’établissement public “dément toute décision d’abandon du J+1”, après un article des Echos affirmant lundi que la mesure était envisagée pour 2011, année de l’ouverture totale à la concurrence du secteur postal.

Le secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel a quant à lui assuré à l’AFP que “l’allongement à J+2 de la livraison du courrier n’est absolument pas à l’ordre du jour” et qu’il “n’est pas question de renoncer au J+1”.

“C’est un vrai débat”, reconnaissait pourtant le président de La Poste Jean-Paul Bailly le 1er avril devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée.

“D’après nos enquêtes, ce qui intéresse nos clients est le J+1” pour le courrier local “et le J+2 au niveau national”, indiquait-il. “Partir dans ce sens nous permettrait de réduire le recours à l’avion, d’utiliser les machines de façon plus complète et de reculer les heures de levée”.

“Je préfère un bon J+2 à un faux J+1”, avait répliqué le député PS de l’Isère François Brottes tandis que le président de la Commission Patrick Ollier (UMP) assurait que “les députés sont tous d’accord pour cela”.

Pour prendre une telle décision, le ministère de l’Economie devrait d’abord consulter l’Autorité de régulation des postes (Arcep), qui recommandait en 2008 le maintien d’objectifs à J+1.

L’an dernier, conformément aux obligations fixées par Bercy, La Poste a distribué dès le lendemain 83,8% des lettres domestiques affranchies au tarif “prioritaire”, mais elle reconnaît des disparités selon les régions.

Si elle vise 90% en 2012, elle est loin derrière les principaux pays européens, à la géographie certes moins ardue que la France: 95,9% en Allemagne, 94% en Grande-Bretagne, 92% en Belgique.

L’idée serait d’abandonner cet objectif: “aujourd’hui tous les grands clients de La Poste signent des contrats où ils demandent du J+2 et cela leur convient bien”, estime Pierre Hérisson, sénateur UMP et président de l’Observatoire de la présence postale.

Les entreprises, qui génèrent 97% des volumes, préfèrent souvent négocier un contrat moins cher avec La Poste en échange de délais plus longs. Et les particuliers communiquent de plus en plus par mails.

Pourtant une étude en 2006 par TNS-Sofres pour l’Arcep montrait “une très forte attente” des entreprises et des ménages “pour une livraison des lettres prioritaires en J+1”.

“Le J+1 doit rester pour les envois de proximité, mais on peut aller vers une montée de puissance du J+2 qui est totalement dans la ligne du Grenelle de l’environnement”, souligne M. Hérisson.

L’argument écologique accompagnerait habilement la mesure, La Poste souhaitant réduire son empreinte carbone de 12% d’ici 2012.

Mais il s’agit surtout d’économiser car acheminer le courrier en un jour coûte cher à La Poste, qui s’attend déjà à une baisse des volumes de 7% cette année.

Les syndicats, déjà échaudés par le prochain changement de statut de La Poste en société anonyme à capitaux publics, ont vite réagi: “tous les moyens sont bons pour dénaturer le service public”, a accusé Sud-PTT dans un communiqué. Colette Duynslaeger, déléguée CGT, a souligné “le danger d’amoindrir le service public postal”.

Sud-PTT craint “la suppression de milliers de postes” tandis que FO, dans un communiqué, “met en garde contre la tentation de transformer l’emploi de dizaines de milliers de postiers en +variable d’ajustement+”.