Kiev paye son gaz russe pour mai, mais les doutes subsistent pour l’avenir

[08/06/2009 18:03:01] MOSCOU (AFP)

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ôle la pression dans un gazoduc de la centrale de stockage de Bad Leuchstaedt (Allemagne), le 8 janvier 2009 (Photo : Jens Schlueter)

L’Ukraine s’est acquittée de sa facture de gaz russe pour mai mais les interrogations demeurent sur sa capacité ultérieure de paiement et sur les risques d’une nouvelle crise gazière qui toucherait, par ricochet, l’Europe.

“Tout ce qui était dû a été payé”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, confirmant que l’entreprise ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz avait réglé sa facture de gaz pour le mois de mai, alors que la date limite de paiement avait été fixée au 9 juin.

Mais il n’a pas pour autant estimé que le risque d’une nouvelle crise gazière était écarté, jugeant même “peu probable” que Kiev parvienne à payer les livraisons du mois de juin.

A Bruxelles, on n’était guère plus optimiste, alors qu’une partie de l’Europe s’était retrouvée sans gaz russe en plein mois de janvier, suite à un différend russo-ukrainien.

“Ce n’est pas la fin du problème du tout”, a indiqué une source proche de la Commission européenne, ajoutant que l’Union européenne maintenait l’envoi d’une mission à Moscou et Kiev pour évaluer la gravité de la situation et savoir “s’il y a vraiment un problème financier côté ukrainien”.

Un porte-parole de la délégation de la Commission européenne en Russie a indiqué que la mission était attendue mardi à Moscou.

Signe des graves difficultés rencontrées par l’Ukraine, le président du pays, Viktor Iouchtchenko, a expliqué que face à la mauvaise santé financière de Naftogaz, il avait dû ordonner le déblocage de 3,8 milliards de hryvnias, soit 500 millions de dollars, pour payer Gazprom.

“La situation est critique, je vais être franc, cela n’a jamais été le cas à un tel point”, a-t-il même déclaré.

Naftogaz devait régler 647 millions de dollars à Gazprom pour les livraisons de mai, mais la société n’avait pu rassembler que 120 millions de dollars à quelques jours de la date limite.

La Banque centrale ukrainienne a indiqué à l’AFP que les fonds débloqués pour payer Gazprom provenaient d’un crédit de 16,5 milliards de dollars accordé à l’Ukraine par le Fonds monétaire international pour l’aider à surmonter les conséquences de la crise économique et financière mondiale.

Sergueï Kroulik, directeur des relations économiques extérieures à la Banque centrale, a par ailleurs démenti qu’une création de monnaie ait été nécessaire, alors que le président ukrainien avait déclaré avoir ordonné une “émission de ressources”, sans plus de précisions.

Un conseiller du président ukrainien a indiqué ne pas savoir si l’Ukraine devrait recourir une nouvelle fois au crédit du FMI pour payer sa prochaine facture.

“J’aimerai qu’on puisse faire sans crédit le mois prochain”, a dit à l’AFP le conseiller énergétique de M. Iouchtchenko, Bogdan Sokolovski.

Les responsables russes ont multiplié les mises en garde ces dernières semaines, craignant que l’Ukraine ne soit dans l’impossibilité de remplir ses réservoirs de gaz cet été en prévision de la saison hivernale. Ces réservoirs permettent d’assurer également le transit de gaz russe vers l’Europe.

Moscou a dès lors appelé l’UE à cofinancer un crédit pour l’Ukraine afin d’empêcher une répétition du conflit gazier du mois de janvier, qui avait conduit une bonne partie de l’Europe à être privée de gaz russe.

Mais Bruxelles ne s’est pas montré favorable à une telle solution, promettant simplement de discuter de la question gazière lors du prochain Conseil européen les 18 et 19 juin.

Gazprom a de son côté souligné qu’il réclamerait le pré-paiement de toutes ses livraisons à l’Ukraine, si cette dernière ne réglait pas sa prochaine facture à temps.