Arcandor dépose son bilan, 43.000 salariés tremblent en Allemagne

[09/06/2009 17:39:50] BERLIN (AFP)

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à la presse au siège de la société à Essen le 9 juin 2009. (Photo : Clemens Bilan)

Le groupe de tourisme et de distribution Arcandor, propriétaire notamment du voyagiste Thomas Cook, s’est résolu mardi à déposer le bilan faute d’aide publique, laissant près de 43.000 salariés dans l’expectative.

“C’est la plus importante faillite du moment en Allemagne”, a précisé lors d’une conférence de presse Horst Piepenburg, avocat ayant accompagné les plus retentissants dépôts de bilan récents, désormais désigné comme plénipotentiaire par Arcandor.

“Le dépôt de bilan était inévitable” depuis le rejet par le gouvernement de l’ultime plan de sauvetage présenté par le groupe et ses actionnaires, a dit Karl-Gerhard Eick, patron du groupe depuis trois mois et demi.

Le gouvernement allemand, qui a récemment volé au secours du constructeur automobile Opel, a refusé lundi à Arcandor l’octroi d’une garantie publique de 650 millions d’euros et celle d’un prêt d’urgence de 437 millions nécessaires à sa survie.

Il a fait valoir que le groupe était victime d’erreurs de gestion bien antérieures à la crise économique et n’était donc pas qualifié pour une aide d’urgence, une position également défendue par la Commission européenne.

Bien qu’il n’ait pu fléchir le gouvernement, M. Eick a tenu mardi à saluer “l’énorme disponibilité des responsables politiques.” Le patron d’Arcandor a aussi remercié les salariés du groupe, qui manifestent depuis plusieurs semaines et font signer des pétitions.

Les concessions faites par les grands actionnaires du groupe, la milliardaire Madeleine Schickedanz, héritière de l’entreprise de vente par correspondance Quelle, et la banque Sal Oppenheim, n’ont en revanche “absolument pas suffi” à justifier une aide gouvernementale, a estimé la chancelière Angela Merkel en marge d’une conférence de presse sur l’Europe.

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Le logo d’Arcando le 9 juin 2009. (Photo : Clemens Bilan)

Ces actionnaires s’étaient dit prêts à participer à une augmentation de capital de 150 millions d’euros.

Le dépôt de bilan concerne les grands magasins Karstadt, le maillon faible d’Arcandor, et ses activités de vente par correspondance Quelle et Primondo.

Sa filiale de tourisme, le voyagiste Thomas Cook coté à la Bourse de Londres et dont il détient 52,8%, n’est en revanche pas touchée, de même que d’autres activités subsidiaires.

Au total, ce sont 43.000 salariés en Allemagne qui sont concernés. Leurs salaires pour juin, juillet et août sont toutefois assurés et sont pris en charge par l’Agence pour l’Emploi.

Mme Merkel a considéré que le dépôt de bilan donnait à Arcandor “de nouvelles chances pour s’allier avec d’autres entreprises comme Metro.” Ce distributeur s’est immédiatement dit prêt à poursuivre les négociations pour la reprise d’environ 60 des 90 magasins Karstadt, dès “la semaine prochaine”.

D’autres repreneurs potentiels sont sur les rangs. Le groupe de vente par correspondance Otto s’intéresse à certaines activités de Primondo, tandis que celui de distribution Rewe pourrait se pencher sur Thomas Cook, “s’il était mis sur le marché”, a dit un porte-parole à l’AFP.

Le patron d’Arcandor a voulu croire mardi que “dans toute fin se cachait un nouveau départ”, mais il aura fort à faire pour remettre sur pied un groupe chroniquement déficitaire.

Arcandor a subi une lourde perte en 2007/08 et était plombé de dettes, après des années de gestion hasardeuse. Son précédent chef, Thomas Middelhoff, est soupçonné d’être lié avec sa femme à une société immobilière qui a loué des locaux à Karstadt pour des loyers exhorbitants.

A présent, c’est au tour de M. Eick d’être dans le collimateur de la justice. Le Parquet d’Essen a ouvert une enquête à la demande d’un particulier, qui lui reproche d’avoir lancé trop tard la procédure de mise en faillite, a indiqué à l’AFP la procureure générale Angelika Matthiesen.