Constatant, depuis le 3ème trimestre 2008, une baisse de
l’indicateur PRESSION D’ACHAT des ménages tunisiens sur quelques produits suivis
par le Panel Consommateur SCAN DAR, l’institut EMRHOD Consulting a réalisé
récemment une recherche sur le terrain, selon une approche mixte, qualitative et
quantitative.
L’étude devrait permettre d’évaluer l’impact de la crise sur le comportement
des consommateurs tunisiens. La crise étant devenue un «sujet qui occupe une
place de plus en plus importante dans les médias et ne cesse de créer un
climat anxiogène chez le consommateur», souligne le rapport d’EMRHOD.
Parmi les questions qui se posent : Que pense le consommateur tunisien de
tout ça ? Est-il aussi concerné par la crise ? Cette situation a-t-elle
bouleversé ses habitudes d’achats ? Et plus concrètement : achète-t-on moins
? Quelles sont les dépenses sur lesquelles on met le holà : est-ce les biens
d’équipements, les loisirs, les soins ou la santé ?
La friperie ne dérange plus personne
Parmi les principaux résultats de cette enquête, on apprend que les achats
des Tunisiens sont beaucoup plus diversifiés qu’avant, qu’on loue beaucoup
plus qu’avant (maison, voiture, Time Share,…), qu’on achète tout
(l’occasion, le neuf,…), qu’on achète n’importe où (on peut aller même à Ben
Guerdane, ou en Libye), et que la friperie ne dérange plus personne.
Le Tunisien a tendance à mener un train de vie au-delà de ses capacités
financières, et à partir du 15 du mois, le salaire est déjà dépensé. La
pression des dépenses devient encore plus excessive durant les fêtes
religieuses, les rentrées scolaires, et l’été. Résultat des courses, des
fins de mois difficiles.
Sur-consommateur et turbo-consommateur
Avant et dans nos représentations, nos parents étaient peut-être moins
aisés, mais l’argent dont ils disposaient suffisaient largement à mener une
vie paisible, aujourd’hui on a tendance à dépenser plus que ses moyens et on
ne sait pas comment l’argent s’évapore.
Avant, nos parents étaient des bons gestionnaires, il est vrai, également,
qu’ils étaient moins exposés aux tentations, le Tunisien d’aujourd’hui a du
mal à gérer les priorités ou faire de l’arbitrage ; il cède plus facilement
aux tentations et du coup il devient à la fois sur-consommateur et
turbo-consommateur. Sans compter qu’aujourd’hui la structure des dépenses
est très différenciée entre la Capitale et le reste du pays.
Avant et pour ceux qui ont eu la chance de poursuivre des études, les choix
des filières étaient simples : avocat, médecin, enseignant. Aujourd’hui
c’est plus complexe. Avant, les choix démographiques étaient plus simples,
aujourd’hui il est plus difficile de prendre une décision (mariage, nombre
d’enfants, lieu de résidence…). On avait chacun ses goûts et ses
préférences, alors qu’aujourd’hui on est plus exposés aux effets de mode et
au phénomène de contagion. On assiste ainsi à une évolution collective des
goûts.
Le Tunisien et la crise
La surproduction d’information et la prolifération des médias font que le
Tunisien est aujourd’hui plus informé sur la crise, mais également plus
exposé aux messages publicitaires ; ce qui engendre plus de difficultés à
comprendre et à évaluer l’ampleur de la crise.
(Source : Etude EMRHOD)