Nouveau recul du dollar, attaqué sur son statut, au profit de l’euro

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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

[11/06/2009 06:59:10] TOKYO (AFP) L’euro a repris jeudi sa course à la hausse face au dollar en raison des espoirs d’une reprise économique mais aussi des craintes liées au statut de monnaie de réserve du billet vert.

Vers 06h00 GMT, l’euro remontait à 1,4032 dollars contre 1,3978 à New York la veille, et face au yen à 137,47 contre 137,18 yen.

“Ca a été un jeu en deux temps pour le dollar”, a estimé l’analyste de NAB Capitals John Kyriakopoulos dans une note adressée à ses clients. Le dollar, valeur refuge, pâtit des signes de reprise économique qui incitent le marché à chercher de meilleures opportunités. Les investisseurs ont également vendu du dollar après l’annonce par le journal de Hong Kong Ming Pao d’une hausse de 8,9% en mai sur un an de la production industrielle chinoise, plus élevée que prévu, selon cet analyste.

A ces éléments est venu s’ajouter l’annonce par un haut responsable de la banque centrale russe que Moscou allait réduire la part des bons du Trésor américain dans ses réserves internationales au profit notamment d’obligations du FMI. Les trois autres pays membres du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) envisagent également d’acquérir des obligations du FMI, a commenté de son côté l’analyste en chef de SMBC, Daisuke Uno.

Les dirigeants de ces quatre pays émergents doivent se retrouver la semaine prochaine en Russie pour discuter notamment du rôle du dollar en tant que monnaie de réserve internationale.

L’euro avait pourtant baissé face au dollar mercredi, les chiffres du déficit commercial américain ayant provoqué un mouvement de vente des principales devises.

La publication du Livre Beige de la Réserve fédérale américaine n’a pas remonté le moral des investisseurs. Selon la banque centrale, la conjoncture économique aux Etats-Unis est restée “médiocre” ou “a empiré”, selon les régions, entre la mi-avril et la fin mai.

En début d’échanges européens, l’euro avait bien résisté à la morosité des indicateurs publiés, le niveau historiquement bas d’inflation en Allemagne (0%) ayant été confirmé, tandis que la production industrielle française affichait une nouvelle chute de 1,4% en avril, après avoir plongé de 1,7% en mars (révisé).

Le billet vert avait lui été pénalisé par une offre abondante de la part de la Chine, qui a entrouvert ses coffres de devises pour permettre à ses entreprises d’investir à l’étranger, ce qui pourrait faire sortir de ses réserves 30 milliards de dollars.

La parité yen-dollar a peu varié jeudi, le marché restant indifférent à l’annonce d’une chute moins sévère qu’annoncé fin mai du produit intérieur brut (PIB) japonais au 1er trimestre 2009, de 3,8% (contre -4,0% estimé auparavant), soit une baisse de 14,2% en rythme annualisé, contre -15,2% calculé en première approche.

Cet effondrement du produit intérieur brut japonais, même amoindri, restera dans les annales. Malgré cette révision, il reste en effet le pire depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

Le Japon traverse actuellement sa plus grave phase de récession depuis que ce type d’indicateur de la santé économique du pays est calculé. C’est aussi la première fois depuis 1945 qu’il subit quatre trimestres d’affilée de recul de la richesse produite.

A 06H00 GMT, le franc suisse s’effritait face à l’euro à 1,5122 franc suisse mais remontait face au dollar à 1,0777 franc suisse pour un dollar. La livre sterling continuait à bénéficier du maintien du Premier ministre Gordon Brown à son poste et montait face à l’euro, à 85,60 pence, et face au billet vert à 1,6392 dollar.