[12/06/2009 11:53:24] PARIS (AFP)
èces en billets de banque en euros (Photo : Koen Suyk) |
L’inflation a baissé sur un an en France pour la première fois depuis 1957 au mois de mai, une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages confrontés à la récession et au chômage, à condition que ce phénomène reste temporaire.
Les prix à la consommation ont reculé de 0,3% en mai par rapport au même mois de l’année dernière, a annoncé vendredi l’Insee, même s’ils ont augmenté de 0,2% par rapport à avril.
Ce “repli de l’inflation au cours des derniers mois reflète surtout l’influence de la chute du prix du pétrole” depuis la flambée des cours enregistrée à l’été 2008, explique la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, dans un communiqué.
Selon l’Insee, les prix des produits pétroliers sont en effet en recul de 26,1% par rapport à mai 2008, bien qu’ils affichent une légère hausse par rapport à avril (+0,4%).
Cette baisse “temporaire” des prix agit “comme un facteur de soutien à la consommation dans le contexte difficile de la remontée du chômage”, se réjouit Mme Lagarde.
Cela redonne “du souffle à un pouvoir d’achat qui en a décidément bien besoin”, reconnaît l’économiste Alexander Law (Xerfi), pour qui “la désinflation actuelle est désormais le seul élément qui puisse apporter un peu de tonus à la consommation”, traditionnel moteur de la croissance française.
Car la tendance actuelle est bien à une “désinflation” (reflux de l’inflation) de court terme, et non pas à une “déflation” durable, ce cercle vicieux de recul des prix et des salaires destructeur de l’économie et redouté par tous les gouvernements.
“Si la déflation s’installe, les entreprises subissent une baisse durable de leur chiffre d’affaires, donc de leurs marges, voire enregistrent des pertes, ce qui les oblige à réduire leurs coûts et notamment leur masse salariale”, explique Marc Touati (Global Equities). “Dès lors le chômage augmente, les salaires reculent, la consommation se replie, les entreprises ont encore plus de difficultés financières d’où une nouvelle vague de licenciements”, ajoute-t-il.
La baisse actuelle des prix “constitue certes une nouveauté économique (…) mais ne traduit nullement une entrée en déflation de notre économie”, insiste Mme Lagarde dans son communiqué.
“De la même façon que l’inflation énergétique ne s’est pas traduite par une flambée des prix hors énergie il y a un an”, la baisse des prix des matières premières “ne se traduit pas par une déflation généralisée”, confirme M. Touati.
Pour preuve, l’indicateur d’inflation sous-jacente (hors tarifs publics et produits à prix volatils, comme l’énergie ou les matières premières agricoles) demeure stable en mai, à +1,6%, soit à peu près la cible de la Banque centrale européenne.
Alexander Law estime en outre que, de toutes façons, le processus de baisse des prix “s’interrompra certainement à partir de la fin de l’été”.
“En effet, c’est à ce moment-là, en 2008, que les cours des matières premières avaient commencé à se replier brutalement” après un pic du baril de pétrole à près de 150 dollars, relève-t-il.
Ce processus va s’estomper d’autant plus vite que le prix du pétrole est en train de remonter rapidement (désormais autour de 70 dollars le baril), estime M. Law.
Dans ces conditions, “l’inflation pourrait redevenir un sujet de préoccupation majeure dès l’année prochaine” et risquerait de menacer la reprise économique en plombant la consommation des ménages, prévient-il.
Après une inflation moyenne de 2,8% en 2008, le gouvernement table cette année sur une hausse de seulement 0,4%.