Après Opel, Berlin refuse d’ouvrir la boîte de Pandore des aides publiques

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ère allemande Angela Merkel, le 31 mars 2009 dansune usine Opel à Rüsselsheim (Photo : Torsten Silz)

[13/06/2009 12:33:28] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Après le sauvetage controversé d’Opel, le gouvernement allemand refuse d’ouvrir la boîte de Pandore des aides publiques, une fermeté qui permet à Angela Merkel de marquer des points à trois mois des élections générales.

La chancelière conservatrice le répète à l’envi: Opel, sauvé grâce à un crédit public d’1,5 milliard d’euros, est un “cas exceptionnel”.

Le constructeur automobile, filiale de l’américain General Motors, était déjà en difficulté avant la crise, ce qui le disqualifiait pour une aide publique. Mais en cas de faillite, le droit américain aurait été appliqué, avec des conséquences imprévisibles pour les sites européens et allemands.

“Nous avons donné à Opel ni plus ni moins une chance juste de départ’, a-t-elle expliqué jeudi soir sur la télévision publique ZDF.

Pas question donc de créer un précédent alors que les appels au secours se multiplient dans un pays qui attend une récession de 6% cette année.

Arcandor, dont les déboires sont également antérieurs à la crise, en a douloureusement fait l’expérience. La société de vente par correspondance et de grands magasins, et maison-mère du voyagiste Thomas Cook, a dû déposer le bilan mardi, faute d’aides publiques.

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ège de la compagnie à Essen, le 9 juin 2009 (Photo : Clemens Bilan)

En jeu, 43.000 emplois en Allemagne, soit près de deux fois plus qu’Opel.

La banque publique KfW, chargée de répondre aux entreprises sollicitant les crédits ou garanties prévus par un plan de relance de 100 milliards d’euros, est débordée. Elle a déjà enregistré plus de 1.200 demandes pour un montant total de 4,95 milliards d’euros et, chaque jour, elle en reçoit entre 15 et 18 nouvelles, selon une porte-parole interrogée par l’AFP.

La grande majorité des demandes provient de petites et moyennes entreprises, mais ce sont les cas plus spectaculaires des grands groupes qui sont au centre des débats à trois mois des élections législatives.

Le constructeur de voitures de luxe Porsche suscite ainsi un agacement unanime pour avoir demandé 1,75 milliard d’euros de crédits publics.

Même le chef de la puissante organisation des patrons allemands de l’industrie (BDI), Hans-Peter Keitel, a tiqué: “Il doit y avoir des barrières morales surtout quand on s’est engagé en toute connaissance de cause dans des entreprises risquées”.

Le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking a fortement endetté son groupe en spéculant en Bourse sur le rachat de Volkswagen.

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éveloppement du groupe, le 18 mai 2009 (Photo : Sascha Schuermann)

Mais même sur Porsche, Berlin temporise. A chaque fois, la marge de manoeuvre de la chancelière est étroite, tant la crise est le terrain favori de la campagne électorale.

Pas une semaine ne se passe sans que la coalition au pouvoir entre conservateurs (CDU-CSU) et sociaux-démocrates (SPD) se déchire sur le rôle de l’Etat dans l’économie.

A la traîne dans les sondages, laminé aux élections européennes de dimanche, le SPD tente de reconquérir son électorat populaire –tout en restant au gouvernement– en s’attaquant au très libéral ministre de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg, opposé aux aides pour Opel et Arcandor et rebaptisé “ministre de la Faillite”.

Une stratégie qui ne semble pas payante: selon des sondages publiés par le magazine Stern, 61% des Allemands étaient hostiles à une aide pour Arcandor et ils ne sont que 10% à critiquer l’inflexibilité du ministre.

Et des nouveaux sondages publiés par Die Welt vendredi montrent qu’Angela Merkel accentue son avance face à son rival social-démocrate à la chancellerie, son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, avec dans certains cas presque 40 points de pourcentage d’écart! Pour le quotidien conservateur, cela ne fait aucun doute: la chancelière et son ministre de l’Economie sont les “vainqueurs de crise”.