On n’a jamais fini de visiter Beyrouth, on découvre tous les jours quelque chose
qui donne à ce pays des cèdres, le Liban, une image bien particulière:
– Là vous êtes dans le quartier armenien qui grouille d’activités, où les
ateliers et les fabriques d’arrière-cour déversent des vêtements dernier cri et
des bijoux à la mode. Tout est armenien, même l’église située à côté d’une école
et les inscriptions sont en langage cyrilliaque. Si vous finissez par discuter
avec un commerçant, c’est après avoir acheté quelque chose; et s’il est âgé, il
ne vous citera qu’une seule date, 1915.
– Ici le chauffeur de taxi vous dit que c’est le quartier chrétien, plus loin le
quartier druze, en périphérie de la ville le quartier palestinien avec des noms
pleins d’histoire comme Sabra et Chatila, etc.
Ainsi se fait Beyrouth multiforme et polyglotte, car ici chacun parle 3 langues
et on y trouve au moins 2 religions avec leurs variantes druzes, chiites,
maronites, sunnites, catholiques, etc. Et la cerise sur le gâteau, le symbole de
la reconciliation est représentée par la Place de l’étoile où une mosquée et une
église et un site de ruines romaines sont entourées d’une belle place avec une
horloge symbole de la remise à l’heure de toute une société qui, entre 2 crises,
vit une crise. Car et malgré la dynamique économique libanaise, soutenue par les
4 millions de Libanais éparpillés aux 4 coins de la planète, on sent partout sur
les bâtiments les blessures des guerres dont la plus récente a moins de 3 ans
–guerre de Taimouz.
Ce qu’on peut aussi remarquer, c’est que cette ville orientale est la plus
occidentale du Moyen-Orient et se trouve à moins de 100 km de la tragédie qui se
joue autour d’elle; c’est son ambiance et l’accueil de sa population qui font
que se ruent dans ses hôtels tous les riverains du Golfe, et s’y défoulent des
Irakiens venus déverser leurs dollars après avoir vecu l’enfer de la guerre…
Ici à Beyrouth, on est en équilibre instable.
Ceci en fait peut-être le charme, et à moyen et long terme ce beau et dynamique
peuple -qui nous a envoyé Elyssa- gagnera toutes les guerres car il a déjà gagné
celle de l’économie, ce qui semble terroiriser son voisin du sud qui, avec son
plomb endurci, est en train de rendre un peuple lésé encore plus endurci.