Plombée par la crise, la Sécu se dirige vers un déficit record de 20 milliards d’euros

photo_1245045815291-1-1.jpg
écurité sociale (Photo : Mychèle Daniau)

[15/06/2009 06:09:17] PARIS (AFP) Privée par la crise d’une partie de ses recettes, la Sécurité sociale se dirige vers un déficit record en 2009, que la Commission des comptes devrait officiellement évaluer lundi autour de 20 milliards d’euros pour le régime général des salariés.

Les objectifs affichés l’an dernier d’un déficit sous les 9 milliards d’euros en 2009 et d’un équilibre d’ici 2012 ne sont plus du tout d’actualité. La crise est passée par là, et après une énième correction, le ministre du Budget Eric Woerth a confirmé jeudi que “ce sera autour de 20 milliards”.

“La multiplication par deux du déficit, c’est tout simplement la division par deux du volume des recettes, c’est parce que l’argent ne rentre pas, ce n’est pas parce que les dépenses progresseraient de manière incontrôlée”, a-t-il souligné sur RCF-Radio Notre Dame-La Croix.

La Sécurité sociale est en effet très sensible aux fluctuations de l’emploi, les recettes de la protection sociale provenant aux deux tiers des cotisations sociales assises sur les revenus professionnels.

Des syndicats, des élus et certains économistes préconisent donc de revoir la structure de ces recettes, en élargissant par exemple l’assiette des cotisations ou en fiscalisant davantage les recettes.

M. Woerth a de son côté exclu toute hausse des prélèvements obligatoires. “Quand la masse salariale repart et que l’économie va mieux, vous retrouvez votre volume de recettes, donc la clé, au fond, c’est surtout de lutter contre l’excès de dépenses”, a-t-il défendu.

“Si vous luttez contre la chute des recettes, à ce moment là vous augmentez les impôts et à ce moment là vous rendez totalement impilotable la sortie de crise”, a-t-il précisé, jugeant que la France “subit une pression fiscale considérable”.

Lundi, après la publication prévue du rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale actualisant les prévisions 2009, d’éventuelles mesures du gouvernement porteraient donc probablement sur la maîtrise de la dépense.

M. Woerth a déjà annoncé qu’il souhaitait s’appuyer sur “la lutte contre les abus”. Dans le cadre du budget 2010 de la Sécu, il va généraliser une expérimentation en cours qui permet de suspendre le versement des indemnités journalières (IJ) de la Sécu à un salarié en arrêt de travail, sur la base d’un avis négatif d’un médecin envoyé par l’employeur.

Les dépenses d’arrêts de travail, qui font l’objet de contrôles renforcés de l’assurance maladie depuis 2003, avaient fortement baissé de 2004 à 2006, mais les IJ sont depuis redevenues l’un des postes “les plus dynamiques” de dépenses.

De manière générale, les chiffres des comptes sociaux qui seront dévoilés lundi ne devraient pas receler de grande surprise, la député UMP Marie-Anne Montchamp ayant déjà exposé mardi des évaluations devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Elle a donné une fourchette de déficit entre 20 et 21,3 mds d’euros en 2009. Sur le volet dépenses, elle a souligné que la branche maladie respecterait “globalement ses objectifs” et que la branche vieillesse économiserait plus de 700 millions d’euros du fait de la faible inflation, sur laquelle sont indexées les pensions.

Mais elle a aussi pointé “deux risques financiers de nature structurelle” pour la Sécurité sociale: les affections de longue durée (ALD, comme le cancer ou le diabète) et le vieillissement de la population. Sur ce dernier point, elle a estimé qu’il fallait avoir “une réflexion approfondie sur l’avenir de notre système de retraites par répartition”.