à Washington, le 10 janvier 2008 (Photo : Saul Loeb) |
[15/06/2009 07:03:50] WASHINGTON (AFP) L’agence centrale du renseignement américain (CIA) se met peu à peu à l’internet communautaire et interactif, mais cette évolution ne va pas sans heurt dans une organisation où la culture du secret est génétique.
“Nous en sommes encore au début”, déclare un analyste de la CIA, Sean Dennehy, qui se décrit lui-même comme un “évangélisateur” d’Intellipedia, l’encyclopédie évolutive de la communauté américaine du renseignement fonctionnant sur le modèle de Wikipedia.
“Il y a beaucoup de difficultés inévitables quand on veut intégrer ce modèle de source ouverte à la communauté du renseignement”, a-t-il expliqué lors d’une conférence organisée par le géant de l’internet Google en fin de semaine à Washington.
Intellipedia fonctionne sur des réseaux sécurisés intranets de l’administration américaine, et est utilisée par 16 organisations du renseignement. Lancé sous forme pilote en 2005, cet outil, non accessible au public, a été formellement inauguré en avril 2006.
“Depuis ce moment-là, ça a été un combat”, a-t-il commenté. “Certains (nous ont soutenus), mais il y en a encore beaucoup qui attendent de voir”.
Un certain nombre d’employés de l’agence “assez gradés” utilisent activement le site, et considèrent qu’Intellipedia est “potentiellement un outil qui peut changer les choses”, a-t-il affirmé.
Pour M. Dennehy les blogs et les sites wikis (interactifs) sont “difficiles dans notre culture: on a grandi dans l’esprit ‘il faut savoir’, et maintenant il faut garder un équilibre entre ‘il faut savoir’ et ‘il faut partager'”.
“C’est comme si on disait aux gens qu’ils ont été mal élevés par leurs parents”, ajoute-t-il, évoquant “un énorme changement culturel”.
“Au début il y avait des gens qui allaient sur Intellipedia, ils notaient les pages qui avaient des erreurs et ils en référaient à leur supérieurs”, se souvient-il.
Autre problème: le réflexe de cloisonner.
“Inévitablement, chaque fois, la première question qu’on nous posait c’était: ‘comment on fait pour verrouiller une page?’ ou: ‘comment je fais pour verrouiller une page en permettant juste à mes cinq collègues d’y accéder?'”
“On leur répondait: ‘va voir ailleurs’, ‘va envoyer des emails'”.
Parce que là “c’est différent, ça sape le potentiel de ces outils si on met des verrous dans un système qui a déjà une aversion pour le risque”, dit-il.
Aujourd’hui Intellipedia enregistre en moyenne 4.000 corrections par jour.
Calvin Andrus, un responsable des innovations à la CIA où il a déjà passé 26 ans, explique que c’est un outil précieux à l’ère des communications instantanées.
“Le wiki, il s’agit de gens qui écrivent collectivement, (des données) qu’on peut changer et adapter très rapidement aux nouvelles informations”, explique M. Andrus, “ce n’est pas la peine de prendre les informations d’hier pour les publier demain”.
“En Irak, il y a eu un exemple où on nous a dit que des ennemis se trouvaient dans un restaurant – un quart d’heure plus tard on bombardait”.
Pas comme la bataille de la Nouvelle-Orléans entre Britanniques et Américains en janvier 1815: elle avait été enclenchée alors qu’un traité de paix était déjà signé depuis des semaines…