éléphone portable (Photo : Fred Dufour) |
[15/06/2009 09:00:31] PARIS (AFP) Des collaborateurs priés de moins appeler à l’étranger, des lignes résiliées pour économiser… fragilisées par la crise, beaucoup d’entreprises tentent de freiner leurs dépenses télécoms par tous les moyens.
“Beaucoup d’entreprises ont réduit leur budget voyage de 30 à 50%”, ce qui fait fondre mécaniquement les appels depuis l’étranger, note Paul Corbel, directeur général de la division entreprises de SFR.
Les cadres qui continuent de se déplacer ont parfois des consignes strictes: “certaines entreprises interdisent le +roaming+” (appels depuis un mobile à l’étranger, facturés plus cher), indique Frank Esser, PDG de l’opérateur.
“On voit bien que des consignes ont été données en interne de faire attention”, renchérit Jean-René Cazeneuve, directeur général de Bouygues Telecom Entreprises.
S’il est difficile de trouver un grand groupe qui confesse de telles mesures d’économies, celles-ci sont réelles: SFR témoigne, pour sa clientèle professionnelle, d’une “baisse de la consommation en +roaming+ de plus de 10% depuis octobre”, Bouygues évoque une “baisse significative, à deux chiffres”, et Orange (France Télécom) “une baisse de 1 à 3%” des appels en +roaming+.
“Même s’il y a moins d’employés qui se déplacent, leur usage est à peu près le même car ce n’est pas un luxe, c’est un outil de productivité”, tempère Pascal Ancian, directeur de la partie mobile entreprises Chez Orange.
S’il pèse deux fois moins que son équivalent grand public, le marché des télécoms en entreprises n’en est pas moins un butin convoité par les opérateurs: 15,5 milliards d’euros en 2007, selon l’Arcep.
Avec la crise, “on sent une certaine rationalisation des usages et des comportements”, remarque M. Cazeneuve, et cela “depuis la fin de l’année dernière”, “surtout dans les grandes entreprises”.
“Les grands groupes font très attention à leur consommation de téléphonie mobile, y compris en national”, notamment en “résiliant des cartes 3G” (qui permettent l’accès à l’internet mobile sur un ordinateur), selon M. Corbel.
Dans le fixe, ils “cherchent à optimiser leur parc, par exemple en fermant les lignes qui ne sont pas utilisées”, poursuit-il. Ils accélèrent aussi la conversion de leurs réseaux télécoms en IP (téléphonie via internet), pour économiser.
Les “clients qui ont des difficultés”, “nous essayons de les aider au mieux”, explique Laurent Kocher, directeur de l’intégration et des services chez Orange Business Services.
L’opérateur leur suggère des astuces pour dépenser moins: louer les équipements télécoms au lieu de les acheter, faire des réunions par visioconférence, externaliser la gestion du parc télécoms ou informatique… cette dernière solution permet selon lui “des réductions de coûts de 15 à 25%”.
Face à Orange, ses concurrents ont peut-être une chance à saisir: “nous constatons une certaine remise en cause des fournisseurs” et “cela ne peut se faire qu’au détriment de l’opérateur historique, qui détient plus de 70% du marché entreprises”, estime M. Cazeneuve.
“On constate deux postures opposées” dans les entreprises: “un gel des décisions”, qui entraîne des reports de projets, comme l’achat de nouveaux équipements, mais, plus souvent, une “remise en cause” des fournisseurs pour trouver moins cher, confirme Thierry Podolak, directeur général de Completel, qui capte 5% du marché fixe entreprises. “Pour nous, c’est une opportunité”.
“La crise nous apporte des opportunités de croissance sur le fixe”, estime aussi M. Corbel, qui attend en 2009 une hausse des revenus de SFR sur ce segment.