Le Grenelle : une vraie relance verte à condition d’une mobilisation générale

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à son ministère à Paris (Photo : Stephane de Sakutin)

[16/06/2009 13:57:16] PARIS (AFP) Le Grenelle de l’environnement constitue un vrai plan de relance verte qui permettra de créer plus de 600.000 emplois d’ici 2020, à condition de sonner rapidement la mobilisation générale, selon l’étude d’un cabinet de consulting américain.

Ce rapport d’évaluation, commandé par le ministère du Développement durable et présenté mardi, tombe à pic pour Jean-Louis Borloo alors que le premier projet de loi Grenelle est examiné en deuxième lecture par le Parlement.

Les experts du Boston Consulting Group (BCG) ont passé au crible les 15 grands programmes du Grenelle engagés à horizon 2020 sur le bâtiment, les transports et les énergies renouvelables notamment.

Ces mesures, concluent-ils, “participent à la relance de l’économie de manière substantielle, en générant une activité sur 12 ans d’environ 450 milliards d’euros, financés à hauteur de 170 mds par l’Etat et les collectivités territoriales”, avec un pic de 46 mds en 2015-2016.

“Mais elles impliquent un décollage très rapide”, a insisté le directeur de BCG-France Marc Benayoun.

Selon lui, les économies d’énergie thermique (pétrole et gaz importés) réalisées grâce au Grenelle permettront à elles-seules d’autofinancer 40 à 45% des programmes: le gain est évalué à 15 mds d’euros/an, sur la base d’un baril à 65 dollars.

BCG évalue à plus de 600.000 les emplois créés sur la même période (2009-2020), en comptant les intérimaires, principalement grâce aux projets d’infrastructures dans le secteur du BTP et estime, qu’au-delà, les travaux de maintenance devraient encore garantir au moins 100.000 emplois rémanents.

“On est là clairement sur une croissance verte, même s’il est impossible de dire qu’elle permettra de compenser les pertes dues aux autres secteurs”, a noté M. Borloo.

Selon BCG, avec son plan de bataille, la France pourra réduire d’un quart (24%) ses émissions de gaz à effet de serre entre 2007 et 2020, dont la moitié environ grâce aux énergies renouvelables et environ 25% grâce aux nouvelles normes dans le bâtiment.

“Aucun grand pays industrialisé n’a pris autant d’engagement ni réalisé autant”, souligne M. Benayoun. Pourtant, ces efforts seront encore insuffisants pour atteindre l’objectif fixé de diviser par quatre les émissions polluantes de la France d’ici 2050 par rapport à 1990.

Pour BCG, à périmètre comparable, le plan de relance français – 14 mds euros/an en moyenne- dépasse “en valeur absolue et plus encore en valeur relative”, celui des Etats-Unis (8,5 mds) ou de l’Allemagne (5,2 mds).

Mais pour garantir le succès du Grenelle, “il est indispensable de renforcer les infrastructures centralisées de pilotage” et de “s’assurer que tous les acteurs (administration, entreprises, recherche) sont alignés”, a prévenu M. Benayoun. “La France, partie particulièrement tard sur les renouvelables, doit absolument susciter des champions industriels”, a-t-il insisté.

Pour le ministre, l’inquiétude naît surtout de la capacité des filières professionnelles à répondre à la demande et des “inévitables ratés qui risquent de tout bloquer”: 5.000 raccordements en solaire ont été effectués au premier trimestre 2009 chez les particuliers, “alors qu’il n’en existait que 10.000 fin 2008”, a-t-il déclaré au quotidien Les Echos. Et plus de 10.000 éco-prêts à taux zéro accordés en deux mois.

Pour maintenir la pente ascendante dessinée par BCG, conclut-il, “il faut lancer un deuxième programme au plus tard d’ici 2011. Donc commencer à y travailler dès l’an prochain”.