Salariés et actionnaires entre inquiétude et colère à l’AG de Thomson

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és le 16 juin 2009 à Paris lors de l’assemblée générale des actionnaires (Photo : Mehdi Fedouach)

[16/06/2009 18:42:00] PARIS (AFP) L’assemblée générale de Thomson s’est déroulée mardi après-midi dans une ambiance houleuse, l’inquiétude le disputant à la colère chez les actionnaires et les salariés du groupe qui joue sa survie d’ici le 24 juillet.

Avant même le début de la réunion, les salariés ont donné le ton en organisant un rassemblement devant la Cinémathèque française où était organisée l’AG, une première dans l’histoire de la société, selon Jean-Pierre Ottavi, représentant de l’intersyndicale CFDT-FO-Sud-CGT.

En ligne de mire, le projet de la direction de se séparer de la filiale Grass Valley, qui compte 1.100 personnes en France, ainsi que la compétence du conseil d’administration, appelé à démissionner.

“En sept ans, le chiffre d’affaires est passé de 10,5 milliards à 4,8 milliards d’euros, le résultat net de 290 millions à -1,9 milliard d’euros et les effectifs de 64.000 à 23.000 salariés!”, ont déploré les syndicats dans un tract distribué aux actionnaires.

Ces derniers étaient venus nombreux pour l’occasion. Certains ont très vite manifesté leur mécontentement dans la salle, huant notamment l’attribution de primes exceptionnelles aux dirigeants: 60.000 euros pour François de Carbonnel, président du conseil d’administration d’avril 2008 à avril 2009, 360.000 euros à l’ancien directeur financier, Julian Waldron.

“C’est honteux, c’est immoral”, s’est exclamé un petit actionnaire, dépité d’avoir acheté ses actions à 35 euros, alors qu’elle valent moins d’un euro aujourd’hui.

Le PDG Frédéric Rose, mine grave, s’est voulu rassurant sur l’avenir de l’ancien groupe d’électronique grand public, reconverti dans les technologies de l’image, alors que Thomson vient d’obtenir un nouveau délai pour trouver un accord avec les banques sur sa dette de 2,9 milliards d’euros. Faute de quoi il serait contraint de se placer sous procédure de sauvegarde.

“Le fait que nos créanciers étendent le moratoire jusqu’à fin juillet est un message fort que les discussions sont en bonne voie et que les créanciers ont la volonté d’aboutir”, a estimé M. Rose.

Malgré les difficultés actuelles, il a réaffiché sa confiance dans l’avenir du groupe en détaillant son plan à horizon 2012, qui prévoit la vente de 20% des activités pour se recentrer sur les services aux studios de cinéma et de télévision (effets spéciaux, décodeurs…).

L’objectif est toujours de céder Grass Valley et Screenvision, régie publicitaire pour le cinéma, “d’ici la fin de l’année”, a précisé le directeur financier, Stéphane Rougeot.

En revanche, l’usine d’Angers, qui emploie encore 350 personnes, restera dans le groupe tant qu’un repreneur viable ne sera pas trouvé, a affirmé M. Rose.

Il a par ailleurs répété qu’une entrée au capital du Fonds stratégique d’investissement (FSI), mis en place à la demande du président de la République pour “sécuriser” le capital d’entreprises stratégiques, n’était pas d’actualité.

“Il ne faut pas mettre le charrue avant les boeufs, la première étape est de restructurer le bilan”, a-t-il déclaré, sans exclure une telle option une fois l’accord avec les créanciers obtenu.

L’Etat était déjà venu à la rescousse du groupe il y a plus de dix ans, la décision en 1996 du gouvernement Juppé de le céder au sud-coréen Daewoo pour un franc symbolique ayant été mal accueillie par les Français.

Odile Coquereau, salariée de l’usine d’Angers depuis 33 ans, se souvient de cette époque et veut croire que la mobilisation paiera encore une fois. Autrement, “ce serait un gâchis…”, avertit-elle.