Au Salon du Bourget, les avionneurs affichent leur fibre verte

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Un Airbus A380 le 16 juin 2009 au salon du Bourget. (Photo : Eric Piermont)

[18/06/2009 09:03:53] LE BOURGET (AFP) Avions plus légers, plus efficaces et moins gourmands en fuel: les constructeurs ont profité du Salon aéronautique du Bourget pour afficher leur fibre écologique et mettre en avant leurs efforts pour rendre le transport aérien moins polluant.

Sur le tarmac du salon, l’A380 l’affiche en grosses lettres bleues sur son flanc: le dernier Airbus est “greener, cleaner” (plus vert et plus propre).

“Il consomme moins de 3l/100 km par passager” et le prochain, l’A350, “fera un petit peu mieux”, affirme Christian Dumas, vice-président d’Airbus, chargé du développement durable.

A l’autre bout du Bourget, une autre filiale d’EADS, Eurocopter, présente une maquette à taille réelle du “Bluecopter”, un hélicoptère en développement avec un système de propulsion limitant les émissions de CO2.

“Il y a une énorme pression sur l’industrie aéronautique pour qu’elle agisse” pour réduire ses rejets de gaz carbonique, estime Paul Steele, directeur de l’ATAG (Air Transport Action Group), groupement d’acteurs de l’aérien en faveur d’une aviation écologiquement responsable.

L’européen Airbus comme l’américan Boeing veulent réduire de 25% la consommation de carburant de leurs avions commerciaux d’ici 2020.

Visée écologique certes, mais surtout économique: “la consommation de carburant a toujours été l’un des premiers critères de choix” des compagnies aériennes et donc de compétition entre les avionneurs, explique M. Dumas.

Mais “le (niveau d’émission de) CO2 est de plus en plus pris en compte”, talonnant désormais le critère du bruit, ajoute-t-il.

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é “la machine verte” de la compagnie VLM Airlines le 23 septembre 2008 à Bruxelles. (Photo : Jorge Dirkx)

Pour réduire le CO2 rejeté, différents types de biocarburants sont à l’essai. Mais la première solution reste encore et toujours de rogner au maximum sur le poids de l’appareil. Dans cette quête de légèreté, les matériaux composites –plastiques de haute technologie comme la fibre de carbone– ont particulièrement la cote: les derniers-nés – l’Airbus A350 et le Boeing 787 – en sont composés pour moitié.

PME familiale d’Auvergne, Issoire Aviation va jusqu’à faire des petits avions entièrement en composites, comme son dernier modèle, un quadriplace pesant seulement 500 kilos à vide.

“Les compagnies aériennes multiplient aussi les efforts pour réduire le poids des avions”, explique M. Steele, également responsable de l’environnement à l’Association internationale du transport aérien (IATA).

Pour cela, tout est bon, comme mettre sur écran les catalogues “duty-free” (produits hors taxe), ou même rogner sur les couverts. Northwest Airlines a choisi de ne plus mettre de cuillère sur ses plateaux-repas sauf si nécessaire, et Japan Airlines de raccourcir ses couverts d’un centimètre, affirmait récemment The Telegraph.

Les efforts se concentrent aussi désormais sur le système aérien dans sa totalité. Avionneurs, compagnies et gestionnaires d’aéroports cherchent à mieux gérer les trajectoires et limiter le temps de vol pour économiser du fuel.

Par exemple, Boeing a participé à San Francisco à des essais de descente rectiligne vers le sol, au lieu de descendre par paliers. Cela permet d’économiser 40% de carburant à l’arrivée, explique Billy Glover, un directeur de Boeing.

Sont aussi recherchées la réduction du temps d’attente en l’air ou de marche des moteurs. Airbus va explorer un concept d’Israel Aerospace Industries qui permettrait de ne pas allumer les principaux moteurs quand l’avion roule jusqu’à la piste de décollage.

Au lieu de les mettre de côté, la crise économique, qui frappe durement l’industrie aérienne, semble stimuler ces efforts environnementaux, positifs pour l’ozone, mais surtout pour la facture de carburant.