[18/06/2009 19:41:19] PARIS (AFP)
évrier 2008 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
L’homme d’affaires Bernard Tapie, qui entretenait depuis plusieurs semaines le flou sur ses intentions, a fini par annoncer jeudi son entrée au capital du Club Méditerranée, toutefois très marginale, mais assure qu’il ne cherche pas en prendre les commandes.
Bernard Tapie a acquis “à ce jour” 260.000 actions, “soit un peu plus de 1% du capital” de l’opérateur de villages de vacances, pour un montant de “plus de 2,5 millions d’euros”, a-t-il dévoilé dans un entretien au journal Le Monde.
Une annonce qui a fait flamber le titre, qui grimpait de 6,98% à 10,27 euros à la Bourse de Paris à 16H18 (14H18 GMT), et mis en émoi les milieux financiers.
Les investisseurs “spéculent pour savoir ce que souhaite faire Bernard Tapie. On n’achète pas 1% du capital comme ça, il souhaite certainement en acquérir davantage”, a commenté un gérant d’actions parisien.
Contacté par l’AFP, M. Tapie n’a pas souhaité préciser s’il comptait aller plus loin.
Le PDG du Club Med, Henri Giscard d’Estaing, n’a pas non plus voulu s’exprimer. Il s’apprêtait à embarquer jeudi soir à Nice à bord du Club Med 2, “village flottant” désormais “5 tridents”, pour une croisière inaugurale en présence du secrétaire d’Etat au Tourisme, Henri Novelli.
Le titre monte car “le marché table sur le fait qu’Henri Giscard d’Estaing pourrait monter un front pour contrer une OPA de Tapie en allant chercher un investisseur externe”, a expliqué le gérant d’actions.
à Paris devant une enseigne du Club Med. (Photo : Stephane de Sakutin) |
Face à la menace Tapie, le PDG du Club Med s’emploie à renforcer discrètement son tour de table et aurait déjà trouvé “un nouvel allié”, un “grand nom européen”, rapporte l’hebdomadaire Express. Une information que le groupe n’a pas souhaité commenter.
“Je ne cherche pas de boulot et je ne veux pas la place de Giscard”, assure Bernard Tapie. Mais il cherche apparemment lui aussi des alliés: si la majorité des actionnaires, “qui ont perdu 80% de leur actif en trois ans”, disent “ça suffit”, “on obligera Giscard à changer de stratégie”, prévient-il.
Gérard Augustin-Normand, président de KBL Richelieu Gestion, ancien actionnaire de référence, ne cache pas qu’il voit plutôt d’un bon oeil l’arrivée de l’homme d’affaires controversé qui pourra “faire bouger les choses”.
“Il a désormais une légitimité pour s’exprimer, il passe du statut d’agitateur au statut d’actionnaire”, a-t-il commenté à l’AFP. Selon lui, “les actionnaires dans leur ensemble ne peuvent pas être satisfaits des résultats de l’entreprise et des cours de Bourse, sauf à être totalement masochistes”.
L’action, qui cotait environ 20 euros en décembre 2002 au moment de la nomination d’Henri Giscard d’Estaing à la tête du groupe, avait atteint un pic de 55,90 euros en juillet 2007. Elle a fortement chuté depuis, ce qui a fait fondre la capitalisation boursière à 263 millions d’euros.
Et le Club Med a du mal à dégager des profits: sous l’effet de la crise, les comptes se sont encore dégradés et le groupe a dévoilé le 11 juin une perte nette doublée à 22 millions d’euros pour le premier semestre de l’exercice 2008-2009.
Le même jour, le Club Med a annoncé avoir porté plainte pour “manipulation de cours” contre Bernard Tapie, ce que ce dernier a qualifié de manoeuvre de “diversion”.
L’ancien ministre, qui a critiqué vertement la stratégie de montée en gamme du Club Med, assure qu’il ne fera “rien” avant la publication des résultats annuels du groupe prévue en décembre. Pour lui, “c’est la dernière étape avant le grand réveil”.