Quarante-huit heures. C’est à peu près le temps que M. Mohamed Nouri Jouini,
ministre du Développement et de la Coopération internationale, a passé à
Paris, mardi 16 et mercredi 17 juin, malgré un agenda ces jours-ci
particulièrement chargé. Mais le séjour valait la chandelle : Paris
accueille (15-21 juin), la quarantième édition du Salon du Bourget auquel la
Tunisie prend part pour la seconde fois, mais cette année plus visible que
par le passé. Et si la Tunisie se met plus en valeur lors de l’édition 2009
de ce salon, ce n’est certes pas parce que celle-ci coïncide avec le
centenaire de la plus grande manifestation au monde dédiée à l’industrie
aéronautique et spatiale, mais parce que cette manifestation arrive à un
moment où ce petit pays du Maghreb est engagé depuis près d’une année dans
le développement de sa filière aéronautique dont il ambitionne de faire l’un
des piliers de son industrie.
Avec 2000 exposants venus des quatre coins du monde, le Salon du Bourget
constitue une belle vitrine et un terrain idéal pour attirer l’attention sur
les performances actuelles et les perspectives de l’industrie aéronautique
tunisienne. Aussi, la campagne de charme déjà amorcée a-t-elle connu un de
ses moments forts –un autre sera le forum «Aerospace Meetings Tunisie» qui
se tiendra en septembre prochain à Tunis- mardi 16 juin avec l’organisation,
en marge du Salon du Bourget, d’une conférence sur l’aéronautique en
Tunisie, par l’Agence Tunisienne de Promotion de l’Investissement Extérieur
(APIE ou FIPA) et le Groupement des Industries Tunisiennes Aéronautique et
Spatiale (GITAS).
Ce jour-là, la centaine de représentants d’entreprises aéronautiques
internationales ont eu droit à un plaidoyer fort bien menée par le ministre
du Développement et de la Coopération internationale qui s’est employé, avec
le soutien de M. Sami Zaoui, associé Ernst & Young Tunisie, Philippe
Cussonet, président du GITAS, ainsi que de Roland Tardieu (groupe Latécoère)
et Christian Corneille (Aerolia), à «vendre» la Tunisie en tant qu’«Euromed
Valley» spécialisée dans plusieurs industries dont l’aéronautique.
Rappelant que les premiers investissements –français , en l’occurrence- dans
cette filière en Tunisie remontent au début des années 2000, M. Jouini
annonce que «le poids de cette industrie augmentera au cours des prochaines
années grâce à de nouveaux projets». Des projets qui contribuent à «la mise
sur pied d’une supply chain intégrée et de plus en plus performante»,
explicite M. Cussonet et dans lesquels le ministre du Développement et de la
Coopération invite les industriels étrangers à s’impliquer pour «renforcer
leurs relations avec la Tunisie». Un engagement que leurs intérêts bien
compris devraient les amener à prendre, d’autant que la Tunisie leur offre
de nombreux atouts –vivier de compétence, pôles de compétitivité, cadre
incitatif, etc.- favorisant leur réussite, souligne Sami Zaoui, dont le
cabinet a réalisé l’étude sur la stratégie industrielle de la Tunisie à
l’horizon 2016.
Sans nier l’existence de quelques problèmes d’ordre administratif, Roland
Tardieu, Directeur général adjoint câblages et systèmes embarqués, membre du
directoire du groupe Latécoère, a brossé un tableau fort laudateur de la
Tunisie. Rappelant les conclusions d’une étude du Forum de Davos, qui
analyse les performances de 133 pays dans divers domaines ayant trait
notamment à l’environnement de l’entreprise, Roland Tardieu a mis en exergue
les principaux atouts de la Tunisie –qualité du système éducatif, maîtrise
de la langue française, etc.- et ce que son implantation dans ce pays a
apporté au groupe Latécoère : un supplément de compétitivité. «Nous avons dû
nous imposer un planning agressif, mais avec le soutien des autorités
tunisiennes, nous avons pu le respecter», observe le responsable du groupe
Latécoère, qui rappelle qu’il a fallu à peine dix mois pour entamer –en août
2008- et boucler les négociations, créer la société –en mai-, conclure un
accord (au Bourget) sur la création d’une filière de formation, et entamer
la réalisation du parc d’Aerolia, pour pouvoir les premiers sous-ensembles
fabriqués en Tunisie durant le 1er semestre 2010. Des propos qui n’ont
visiblement pas laissé l’assistance indifférente, puisque certains parmi les
industriels présents se sont hâtés de prendre langue avec les autorités
tunisiennes durant le cocktail ayant suivi la conférence
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