British Airways demande du bénévolat à ses employés pour sortir de la crise

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à l’aéroport d’Heathrow à Londres (Photo : Adrian Dennis)

[18/06/2009 16:14:01] LONDRES (AFP) Gel voire réduction de salaire, semaines de travail bénévole: la compagnie aérienne britannique British Airways compte à présent sur la bonne volonté de ses 40.600 employés pour l’aider à sortir de la crise, question de “survie” selon son directeur général Willie Walsh.

Sur l’année achevée fin mars, BA a connu une perte nette record de 375 millions de livres (425 millions d’euros). Depuis mai, elle demande à tous ses employés de prendre des congés non rémunérés ou de travailler à temps partiel. M. Walsh et le directeur financier Keith Williams ont annoncé qu’eux-mêmes abandonneraient leur paie de juillet, tout en travaillant.

Mardi, la compagnie s’est faite plus précise, suggérant cette fois aux employés de travailler pour rien entre une et quatre semaines par an. Ces mesures pourraient se substituer partiellement aux 3.000 suppressions d’emplois qu’elle souhaite réaliser, en sus de 2.500 déjà effectuées l’été dernier.

Les syndicats, avec lesquels la compagnie souhaite parvenir à un accord d’ici au 30 juin, n’ont pas accueilli à bras ouverts cette suggestion.

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à Londres le 12 janvier 2009. (Photo : Shaun Curry)

Unite, le plus gros syndicat du pays, a noté que “Willie Walsh pouvait se permettre de travailler un mois gratuitement, mais pas nos membres”. Le syndicat GMB a observé que “les employés pourraient examiner cette demande si la direction prenait des mesures radicales et permanentes pour réduire sa propre rémunération”.

M. Walsh gagne 735.000 livres par an et M. Williams 440.000 livres, outre les bonus éventuels.

La direction a davantage de chance avec la Balpa, le syndicat qui regroupe 95% de ses 3.200 pilotes. Celle-ci va leur recommander de voter un train de mesures comprenant une baisse des salaires de 2,61% (soit 2.350 euros par an) et la suppression de 78 emplois maximum, sur une base volontaire, en échange d’un programme de versement d’actions gratuites.

La direction s’est “réjouie” des bonnes dispositions du syndicat. Mais BA a encore beaucoup de travail pour convaincre le reste de ses employés, avec lesquels elle “continue à discuter”. Des progrès ont déjà été réalisés du côté des ingénieurs.

La compagnie n’est en général pas dans une situation très différente de ses consoeurs actuellement. L’association internationale du transport aérien (IATA) a ainsi prédit ce mois-ci que le secteur perdrait 9 milliards de dollars cette année. Lundi, l’association des compagnies aériennes européennes (AEA) a noté que les chiffres du trafic de ces compagnies étaient “implacablement mauvais”, mais BA ne figurant pas en plus mauvaise place qu’une autre.

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à l’aéroport de Heathrow à Londres, le 27 mars 2008. (Photo : Edmond Terakopian)

Mais la compagnie, reine de l’aéroport d’Heathrow et de la juteuse liaison Londres-New York en classe affaires au temps de la splendeur des banques, a vu le trafic des classes supérieures s’effondrer avec la crise : -17,2% sur un an en mai, contre -4,2% seulement dans les classes économiques.

Pour bien marquer l’urgence, M. Walsh ne tarit pas de propos lugubres. Lors des résultats annuels en mai, il avait indiqué qu’il n’y avait “aucune amélioration immédiate à l’horizon”. Mercredi, en marge du salon du Bourget, il a considéré que “le pire était encore à venir” pour l’industrie aéronautique.

Des propos de bonne guerre pour un patron qui négocie avec les syndicats, a noté le cabinet d’analyse irlandais Goodbody, tout en reconnaissant que “de toute façon la situation n’est pas folichonne”.

La Balpa elle-même a noté qu’avant de donner son accord à BA, elle avait “mené une recherche intensive”, qui lui a montré que BA “faisait face à de vraies difficultés”. “On ne peut pas accuser la compagnie de crier +au loup+”, a assuré le syndicat.