Aberdeen l’écossaise conserve son opulence “bling bling” grâce au pétrole

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La mairie d’Aberdeen, en novembre 2007 (Photo : Ed Jones)

[20/06/2009 11:05:16] ABERDEEN (AFP) Aberdeen, cité écossaise de 200.000 habitants, rivalise avec Londres par son immobilier de luxe et sa concentration de grosses cylindrées: dans un registre “bling bling”, la “capitale européenne du pétrole” résiste pour l’heure à la récession.

Rubislaw, quartier résidentiel de l’ouest d’Aberdeen. En un assaut de chromes, Bentley, Mercedes, Porsche et Land Rover s’alignent le long de vastes demeures de granit entourées d’impeccables pelouses.

Dans ce décor évoquant Saint-Malo, “une grande maison va chercher dans les 1,25 million de livres sterling (environ 1,5 million d’euros)”, assure Gavin Bain, le patron d’une agence immobilière sur l’artère principale de la ville. Des prix comparables aux beaux quartiers de Londres, l’une des métropoles les plus chères au monde. Aberdeen n’est qu’une bourgade de 200.000 habitants, à 800 kilomètres de la capitale, affligée, qui plus est, d’un climat frais et très arrosé. Mais la manne pétrolière est passée par là.

“La ville est la deuxième capitale pétrolière du monde derrière Houston”, affirme sans ciller Robert Collier, le directeur de la chambre de commerce.

Le destin de cette petite ville tournée vers la pêche aux harengs a basculé en 1975 quand les premières gouttes d’un pétrole doux, de haute qualité furent extraites au large des côtes écossaises. Le champ de Brent, l’un des plus vastes de la mer du Nord, donne encore son nom au plus fameux des contrats pétroliers.

Ces quatre décennies de “success story” pétrolière ont attiré des générations d’expatriés, mais permis aussi l’émergence d’une classe d’entrepreneurs locaux.

Beaucoup de gens du cru ont monté leur société de services qu’ils ont ensuite revendue avec un joli pactole aux grandes sociétés du secteur, comme Halliburton ou Technip, explique Gavin Bain.

“Aberdeen a un côté très nouveau riche. Il suffit de voir le nombre de plaques d’immatriculation personnalisées” sur les voitures, abonde un Français installé là depuis deux ans.

Enfants d'”expats” et rejetons des jeunes fortunes écossaises, tous frottent leurs culottes sur les bancs de l’International School, Saint Margaret, ou Albyn, les écoles privées huppées de la ville. Dans la première, la scolarité coûte pas moins de 16.000 livres par enfant et par an.

Les épouses font leurs emplettes chez les designers de la ville avant de se donner rendez-vous sur les terrains de tennis ou de golf de l’ex Petroleum club, rebaptisé Kippie Lodge.

Attiré par ce vivier de riches clients, le milliardaire américain Donald Trump développe un vaste projet de golf et de complexe immobilier de luxe.Attiré par ce vivier de riches clients, le milliardaire américain Donald Trump développe un vaste projet de golf et de complexe immobilier de luxe.

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ès d’Aberdeen (Ecosse), le 10 juin 2008 (Photo : Ed Jones)

Dans ce microcosme dévolu à l’or noir, la récession qui frappe durement le Royaume-Uni ne se fait pas sentir. “L’immobilier haut de gamme n’a pas été touché du tout”, estime ainsi Gavin Bain.

La crise “affecte moins Aberdeen que le reste du pays, car les investissements (dans les hydrocarbures) ont été approuvés l’an dernier, quand les prix du pétrole étaient à leur pic”, explique Rober Collier.

Et “les sociétés de services ont continué à exporter”, explique aussi Alex Kemp, professeur d’économie à l’Université d’Aberdeen, l’une des plus anciennes d’Europe. Selon lui, le chômage ne dépasse pas 1% dans la ville.

La manne pétrolière a commencé à se tarir sérieusement — la production en mer du Nord a décliné de près de 40% en 8 ans, selon BP. D’ici 25 ans environ, elle sera entièrement épuisée. Mais Aberdeen mise sur le savoir-faire technique dans l’extraction off-shore, qu’elle exporte déjà avec succès, ses golfs et ses whiskies, pour préparer l’après-pétrole.