émancipation du delta du Niger (Mend) le 17 septembre 2008 (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
[21/06/2009 14:42:27] LAGOS (AFP) Le principal groupe armé dans le sud pétrolifère du Nigeria, le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (Mend), a attaqué dimanche à l’aube deux oléoducs de Shell et revendiqué une troisième opération que la compagnie anglo-néerlandaise a démentie.
Dans un courriel, le Mend a annoncé avoir attaqué à 02H30 (01H30 GMT) un “important oléoduc” à Adamakiri, puis un autre une demi-heure plus tard à Kula, tous deux dans l’Etat de Rivers.
Interrogé par l’AFP, un responsable de Shell au Nigeria a confirmé ces attaques, sans donner plus de précisions dans l’attente d’une inspection sur place. Selon le même responsable, la production ne serait pas trop affectée.
Shell a toutefois démenti une troisième attaque à l’aube revendiquée par le Mend. Sous couvert de l’anonymat, un responsable de Shell Petroleum Development Company (SPDC Nigeria, bien SPDC) a indiqué à l’AFP que le nom cité par le groupe armé dans sa revendication faisait “partie” des deux sites où deux oléoducs ont été attaqués dans la nuit.
Le Mend, qui a lancé une “guerre du pétrole” le 7 juin et dit se battre au nom des populations pauvres du delta, avait affirmé avoir attaqué une installation offshore et qu’elle était en feu.
Mercredi dernier, le Mend avait déjà annoncé une attaque à l’explosif contre un “important” oléoduc de Shell dans l’Etat de Bayelsa (sud).
Depuis le lancement de son offensive il y a deux semaines, le groupe a multiplié les attaques qui, outre Shell, ont déjà visé l’italienne Agip et l’américaine Chevron.
Un oléoduc d’Agip dans l’Etat de Bayelsa a été saboté, entraînant une perte de production équivalente à 33.000 barils/jour de brut et à deux millions de mètres cubes de gaz par jour, selon le groupe ENI.
étrolier de Shell à Bonny Island, dans le sud du Nigeria, en mai 2005 (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
Quant à Chevron, le Mend a de nouveau menacé la compagnie dont, selon le mouvement clandestin, une piste d’aéroport a été utilisée par les forces aériennes nigérianes “pour lancer des attaques et bombarder des communautés civiles” dans l’Etat du Delta.
“Chevron a fait la même erreur que Shell contre les communautés Ogoni et payera un prix deux fois plus élevé”, a averti le Mend dimanche.
Si le Mend s’en prend à tour de rôle aux multinationales présentes dans le delta, Shell est sa cible de prédilection depuis début 2006, avec pour résultat une baisse très importante de sa production pétrolière et gazière.
Jeudi dernier, la compagnie a ainsi annoncé avoir déclaré l’état de force majeure pour son terminal d’exportation de Forcados à compter du 16 juin, entraînant la non garantie des livraisons du reste du mois et de juillet.
Shell a expliqué avoir pris cette décision en raison de retards causés par des dégâts sur un oléoduc majeur, le Trans-Escravos, attaqué début mars par des inconnus.
En raison de ces violences à répétition dans cette région clé pour le Nigeria qui en tire plus de 90% de ses devises, la production pétrolière a chuté d’environ un tiers depuis 2006, passant de 2,6 millions de barils par jour alors à environ 1,8 million b/j actuellement.
Depuis quelques semaines la situation s’est sensiblement radicalisée dans la région. Suite à l’enlèvement de plusieurs de ses hommes, la force mixte police-armée (JTF) a lancé en mai une vaste offensive pour “chasser” les groupes armés du delta.
Conséquence de ce regain d’activité et de la radicalisation des autorités nigérianes, les cours du brut sont rapidement repartis à la hausse: vendredi à New York, le baril a renoué avec les 72 dollars dans un marché inquiet de la situation dans ce pays ouest-africain.