Signé en septembre 2005, l’Accord d’association Algérie-Union Européenne est
de plus en plus contesté parmi les opérateurs économiques algériens.
Saisissant l’occasion de la tenue du quatrième conseil d’association
Algérie-UE, le 17 juin dernier au Grand-duché du Luxembourg, plusieurs voix
se sont élevées pour demander le rétablissement de l’équilibre dans les
échanges commerciaux entre les deux parties signataires.
Quatre années après son entrée en vigueur, l’accord en question n’a pas eu l’effet escompté,
celui de booster les exportations hors hydrocarbures et d’attirer des
investissements directs productifs et créateurs de richesse. C’est plutôt
l’inverse qui s’est produit en témoignent les statistiques officielles. «Pour 1 dollar exporté vers l’UE, l’Algérie importe pour 20 dollars» révèle
Mohamed Zaâf, Directeur général du commerce extérieur au Ministère du
Commerce. Selon le même responsable, les exportations algériennes hors
hydrocarbures vers les pays de l’UE restent «marginales» en s’établissant à
un milliard de dollars en 2008, contre des importations de 20,8 milliards de
dollars auprès de la même région.
Depuis 2005, première année de mise en œuvre de l’accord d’association, les importations algériennes auprès de l’UE
ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars à 20,8
milliards de dollars fin 2008. Le démantèlement des barrières tarifaires a
coûté, à lui seul, au trésor public, la bagatelle de 1,4 milliard de dollars
en l’espace de trois ans selon les Douanes algériennes. Une situation jugée
«inégale» par la partie algérienne et qu’elle veut corriger le plus
rapidement possible. Pour les prochaines années, estiment des observateurs
algériens, il est attendu à ce que ce déséquilibre commercial augmente
encouragé par la faiblesse continue des exportations algériennes. Une
faiblesse aggravée par les conditions d’accès au marché européen qui sont,
selon eux, de véritables barrières non tarifaires. Parmi ces conditions, il
y a entre autre: la politique de protectionnisme de l’UE, les normes
imposées aux produits exportés, le calendrier et les subventions à
l’agriculture pratiquées ouvertement par plusieurs pays de l’UE. «Pour
exporter le produit algérien, il faut qu’il soit intégré à un réseau
international d’exportation. Et ce réseau ne peut se faire sans
investissements directs étrangers (IDE)» font remarquer certains opérateurs
algériens. Le défi imposé par l’Accord d’association à nos entreprises est
très grand d’après le Président de la Commission de Suivie et de la mise en
œuvre de l’accord d’association.
Des entreprises qui ne sont pas encore
compétitives au point où elles n’arrivent même pas à défendre leurs parts de
marché sur le marché intérieur. « Actuellement, nous arrivons même pas à
exploiter le quotas de 5000 tonnes de pommes de terre que l’UE nous a offert», révèle le Président de la commission. L’urgence, pour lui, est à
l’organisation rapide de nos entreprises qui doivent avant tout s’imposer
sur le marché local. Le même constat est dressé par le Directeur général de
l’ALGEX, Mohamed Bennini, pour qui, l’accord d’association «n’a eu aucun
impact » sur le niveau des échanges. Le faible niveau des exportations hors
hydrocarbures en Algérie, relève est dû, relève-t-il, au fait que nos
entreprises, notamment dans celle du secteur privé, n’ont pas une vocation à
exporter. L’entreprise algérienne, poursuit-il, «se débat dans des
contraintes qui l’empêche à exporter». Aussi, la mise à niveau qui devait
suivre la mise en œuvre de l’accord d’association «est quasiment nulle»
exception faite des programmes MEDA. A cela, il faudra ajouté le retard
accusé dans l’achèvement des réformes dites de la 2ème génération.
Quant au Climat des affaires, M Bennini, qui est intervenu lors d’une conférence sur
les exportations hors hydrocarbures, dira que le flux attendu des IDE est
relativement «décevant» en raisons de plusieurs problèmes liés entre
autres au manque de transparence des règlements, absence des réseaux de
sous-traitance mais aussi d’hommes d’affaires nationaux entreprenants.
D’autres intervenants ont été plutôt optimistes. L’accord d’association,
d’après eux «peut être un moteur de développement». L’adhésion aux
groupements commerciaux internationaux ne peuvent avoir, indiquent-t-ils,
que des résultats positifs car les processus d’adaptation sont assez
douloureux. Afin d’atténuer les effets négatifs de l’ouverture de marché, il
faut, recommandent les experts, accompagner cette ouverture par des réformes
interne dans le sens des objectifs de la libéralisation de l’économie. Les
études en rapport avec les comportements des décideurs, ont montré que «la
conviction en politique est une chose, la mise en application est une autre
chose», rapportent-t-ils. Ce qui sure, concluent-ils, c’est que l’ouverture
du marché est une «chance» et pas une «menace». L’Algérie finira-t-elle
par saisir cette chance ? Il va falloir attendre encore pour voir.