La Banque centrale de Tunisie (BCT) a organisé, samedi 20 juin 2009, en
collaboration avec la Chaire Ben Ali pour le Dialogue des Civilisations et
des Religions, un colloque international sur le thème ‘‘La monnaie,
passerelle pour le dialogue entre les peuples et les cultures’’ auquel ont
pris part des professeurs et des docteurs de Tunisie, de France, d’Italie et
des Emirats Arabes Unis.
Dans son intervention de bienvenue, le ministre-gouverneur de la BCT a
procédé à un survol historique de la monnaie en Tunisie depuis Carthage à
nos jours, rappelant qu’à la date du 18 octobre 1958 a été adopté le dinar
tunisien en remplacement du franc français, et qu’à partir du 7 novembre
1987 de nouvelles iconographies ont porté sur les billets de banque
tunisiens d’illustres figures du monde culturel et artistique du pays, tels
Aboul Qacem Chebbi ou Kheireiddine Ettounsi, ajoutant que sur instructions
du président Ben Ali, le Musée de la Monnaie est devenu un espace de
recherche en matière numismatique.
Pour sa part, le Pr. Mohamed Hassine Fantar, titulaire de la Chaire Ben Ali
pour le Dialogue des Civilisations et des Religions, est remonté assez haut
dans le temps pour rappeler que jusqu’à 9.000 ans av. J.C., l’homme n’avait
pas alors vraiment besoin d’un moyen d’échange, mais qu’à l’ère néolithique
il y eut une véritable révolution économique du fait que l’homme était
devenu producteur de biens, par conséquent lui-même dans le besoin d’autres
produits que, pour les avoir, il fallait échanger produit contre produit, ce
qu’on appelait justement le troc. L’unité monétaire, disons l’unité de
valeur ou la mesure (ou encore aune) était le…taureau, soit une espèce
d’équivalent général. Et le Pr. d’expliquer que le mot alf (alef) voulait
déjà dire taureau. Ainsi, pendant des siècles, l’unité monétaire était
plutôt une monnaie animalière. Les Arabes n’ayant jamais, selon le Pr., créé
de monnaie, ils ont dû, des siècles plus tard, fixé la dot de la mariée à
Alf chamelles, le mot ayant pris le sens d’un nombre (mille).
Plus tard, force était de partir de la monnaie animalière vers une autre
beaucoup moins encombrante et plus importante, à savoir la monnaie
métallique dont le métal le plus noble est évidemment l’or, en pesée
généralement (lingot ou autre). Il faudra attendre jusqu’au 8ème siècle av.
J. C. pour qu’en Asie Mineure apparaisse ce qu’on appelle la monnaie
fiduciaire (garantie par l’Etat) qui poinçonnait des pièces à l’effigie
d’illustres hommes d’Etat ou autres.
Au 7ème siècle av. J.C., le besoin des transactions commerciales
internationales a confirmé davantage la nécessité pour chaque Etat d’avoir
sa propre monnaie. Ainsi, la monnaie carthaginoise portait le poinçon et
l’effigie au nom du peuple de Carthage.
Le Pr. Khaled Ben Romdhane (Institut national du Patrimoine) revient sur la
première banque de la Régence de Tunis (au milieu du 19ème siècle) pour
rappeler que «l’expérience, débutée en 1847 et achevée en 1853, consistait
en des émissions de billets, garantis par le ‘’beît-al-mal’’ (trésorerie) et
devait constituer une vaste opération de malversions de Mohmed Ben Ayed
(directeur du Premier ministre Mustapha Khaznadar) qui détourna les fonds de
la banque avant de s’enfuir en France avec la complicité du consul de ce
pays».
Nous reviendrons sur l’exposé très important du Dr. Lotfi Rahmouni, chargé
de recherches à l’Institut du Patrimoine de Tunis.