à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin) |
[22/06/2009 16:17:53] PARIS (AFP) Récession sans précédent, recettes fiscales en chute libre, déficit public record: le gouvernement se retrouve privé de toute marge de manoeuvre supplémentaire pour faire face à la crise et va devoir rapidement trouver un remède pour restaurer les finances publiques.
Mauvaise surprise: à la veille du discours que devait prononcer lundi après-midi le président Sarkozy devant le Parlement, le ministre du Budget, Eric Woerth, a annoncé que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) atteindrait “entre 7 et 7,5% du PIB”. Soit un trou historique de “140 milliards d’euros” dans les caisses de la France.
Un niveau bien supérieur à celui enregistré lors de la précédente récession de 1993 (6,4% du produit intérieur brut) et au chiffre de 6% auquel le gouvernement avait préparé les esprits ces dernières semaines.
Pire, le déficit public “sera probablement le même en 2010”, a averti M. Woerth.
Principale responsable: la baisse des recettes fiscales, plombées par la crise économique et un PIB qui devrait chuter de 3% cette année.
Pour le seul impôt sur les sociétés, le manque à gagner est estimé pour 2009 entre 25 et 30 milliards d’euros (de 1,3 à 1,6% du PIB), soit un montant à peu près équivalent à celui du plan de relance.
Autre conséquence de la récession: le chômage explose, faisant s’envoler les prestations sociales et diminuant parallèlement les cotisations. Le “trou” de la Sécurité sociale va ainsi doubler cette année, à 20 milliards d’euros, et probablement passer à 30 mds en 2010, selon M. Woerth.
“L’Angleterre sera aux alentours de 10%, l’Espagne aux alentours de 10%, les Etats-Unis seront aux alentours de 12%”, fait valoir le ministre qui présente le déficit français comme “une arme contre la crise”.
Mais de ces trois pays, seule l’Espagne est soumise aux règles du Pacte de stabilité européen qui fixe à 3% du PIB la limite du déficit public, sous peine de sanctions. La France, qui s’était engagée auprès de Bruxelles à ramener son déficit en-dessous de ce seuil en 2012, ne peut plus désormais tenir promesse.
Sauf à laisser se creuser encore le déficit à des niveaux insoutenables à long terme, le gouvernement va devoir très rapidement prescrire à la France un remède de cheval pour remettre sur pied ses finances publiques.
Mais là encore, les marges de manoeuvre semblent des plus réduites.
Le chef de l’Etat excluant une hausse des impôts, une potion jugée trop amère pour les électeurs avant 2012, la solution ne pourra pas venir du côté des recettes. Le “paquet fiscal” et son cortège d’exonérations et de réductions d’impôts, la baisse de la TVA dans la restauration le 1er juillet ou la suppression annoncée de la taxe professionnelle ne vont d’ailleurs pas dans ce sens.
Lente et compliquée à mettre en place, la “fiscalité verte” souvent évoquée resterait très marginale.
Sans “plan de rigueur”, pas de miracle à attendre non plus du côté des dépenses. Il est d’ores et déjà prévu que le budget de l’Etat n’augmente pas plus que l’inflation l’an prochain et la suppression de 34.000 postes de fonctionnaires ne sera “évidemment pas suffisante pour résoudre les problèmes de déficit public”, a reconnu M. Woerth.
Pas plus que les quelques milliards que la réforme de l’Etat permettrait d’économiser dans les années à venir ou que les gains attendus de celle des collectivités locales, prônée par M. Sarkozy.
Quant à la possibilité d’une “grand emprunt d’Etat” évoquée lundi dans la presse, il permettrait de passer le cap de la crise mais ne ferait qu’alourdir un peu plus la dette publique.