[22/06/2009 17:53:12] PARIS (AFP)
ésident Nicolas Sarkozy devant le Parlement réuni en Congrès le 22 juin 2009 à Versailles (Photo : Jean-Claude Coutausse) |
Privé de toute marge de manoeuvre par un déficit record, le président Nicolas Sarkozy, qui rejette toute “politique de rigueur” ou hausse des impôts, veut lancer un national pour financer les priorités du gouvernement.
“Je ne ferai pas la politique de la rigueur parce que la politique de rigueur a toujours échoué. Je n’augmenterai pas les impôts car cela retarderait longtemps la sortie de crise et parce qu’en augmentant les impôts au niveau de prélèvements où nous nous trouvons, on ne réduit pas les déficits, on les augmente”, a assuré le chef de l’Etat lundi devant le Congrès.
Selon le ministre du Budget, Eric Woerth, le déficit public de la France (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) atteindra entre 7 et 7,5% du produit intérieur brut en 2009 et autant “probablement” en 2010.
Un chiffre record, bien supérieur à celui enregistré lors de la précédente récession de 1993 (6,4% du PIB) et à la limite de 3% autorisée par Bruxelles.
Sans viser explicitement cette règle, Nicolas Sarkozy a fustigé “la politique du rationnement aveugle de la dépense” qui “conduit à ne pas choisir et, au bout du compte, ne permet pas de maîtriser la dépense.”
Le chef de l’Etat a ainsi préféré distinguer le “mauvais déficit” structurel – qui finance “l’excès de bureaucratie” ou “les frais de fonctionnement trop élevés” – du “déficit imputable à la crise”, cet “amortisseur social” qui ne pèse sur les recettes fiscales que de manière temporaire.
Ce “déficit de crise” deva être résorbé “après la crise en lui consacrant l’intégralité des recettes de croissance”, a dit M. Sarkozy, sans plus de précision.
L’amélioration ne devrait dans tous les cas pas intervenir avant 2011, le gouvernement tablant pour l’an prochain sur une maigre croissance de 0,5%, après une chute du PIB de 3% en 2009.
Quant au “mauvais déficit”, il “doit être ramené à zéro par des réformes courageuses”, a-t-il lancé, sans dévoiler ses projets.
Le remède ne proviendra en tout cas pas des recettes, Nicolas Sarkozy se refusant à augmenter les impôts, potion sans doute trop amère pour l’électorat.
Le “paquet fiscal” et son cortège de réductions d’impôts, la prochaine baisse de la TVA dans la restauration ou la suppression annoncée de la taxe professionnelle ne vont d’ailleurs pas dans le sens d’une hausse des recettes.
Et la “taxe carbone” qu’il appelle de ses voeux ne doit servir dans son esprit qu’à alléger les charges pesant sur le travail.
Sans “plan de rigueur”, pas de miracle à attendre non plus du côté des dépenses. Les crédits ministériels augmenteront encore l’an prochain comme l’inflation (prévue à 1,2%) et la suppression de 34.000 postes de fonctionnaires en 2010 ne sera “évidemment pas suffisante pour résoudre les problèmes de déficit public”, a reconnu M. Woerth.
Le chef de l’Etat a donc opté pour un “emprunt national” d’un montant encore indéterminé, lancé “soit auprès des Français soit auprès des marchés financiers”, pour financer les “priorités stratégiques” de la France.
Un emprunt susceptible d’alléger provisoirement le déficit, mais qui creusera d’autant la dette publique, qui pourrait déjà avoisiner 80% du PIB en 2010.
“L’annonce d’un nouvel emprunt a quelque chose de surréaliste, parce que de l’emprunt on en fait tous les jours”, a estimé le président du MoDem, François Bayrou.
M. Sarkozy va “jouer la montre pour reporter les décisions douloureuses au lendemain de l?élection présidentielle de 2012”, juge pour sa part Didier Migaud, président (PS) de la commission des Finances de l’Assemblée.