Un plaidoyer cohérent…
A la Baule, le pays a fait valoir son individualité. Son offre était
concrète. La prospective industrielle de 2016 a pour elle d’être à la fois
porteuse et réaliste. C’est un cheminement de croissance pour lequel il lui
faut cibler, à présent, les compagnons de route. D’autant qu’en matière de
«best practices» la Tunisie a fait valoir ses traits d’exception. Le premier
et non des moindres, est la non-discrimination à l’égard des non-résidents.
Tout off-shore qu’ils sont en statut, ils ont bénéficié des mêmes droits que
les nationaux. Et, ils ont touché de l’argent public via les subventions de
Mise à niveau et les mesures de soutien des suites de la crise, comme les
autres. Se délocaliser en Tunisie, garantit un droit d’hospitalité et
d’éligibilité à la dynamique d’ensemble. Et c’est dans cet esprit qu’il faut
appréhender la ligne de crédits d’urgence de 100millions de $ confiés aux
banques offshore qui le dispenseront aux non-résidents.
«Succes stories» à l’appui
Les enquêtes régulières menées par les chambres mixtes de commerce et
d’industrie sont là pour le rappeler. Les «emplois délocalisés préservent
les emplois restés à domicile». Les exemples sont nombreux jusque dans
l’industrie auto, pourtant secteur sinistré et qui vient en Tunisie chercher
des munitions pour sa propre relance. C’est dire qu’une délocalisation
devient comme un deuxième poumon et un gisement de compétitivité, un
antidote à la crise. C’est vrai du secteur manufacturier et c’est vrai
également de l’industrie et des services. Et à la Baule, le secteur IT était
à l’honneur.
Du bon usage de la compensation
Telnet, recevait une validation, pour emprunteur aux informaticiens leur
jargon. Fruit, en partie du hasard et de la nécessité, mais aussi d’un bon
business plan et d’une circonstance opportune. Eh, oui ! Mohamed Frikha, son
illustre promoteur est intarissable sur les bienfaits de la compensation,
concept banni par la réglementation OMC et remplacé par «échanges de
contrepartie». A l’instar de la loi de compensation observée par les
constructeurs auto les intégrateurs de solution informatiques devaient
également associer des SSII locales à leurs projets selon des quotas
préétablis par les pouvoirs publics. Et à son arrivée ALCATEL pour
satisfaire à cette disposition sur les quotas avait donné le coup de pouce
nécessaire au démarrage de Telnet, qui de start up à SSII a grillé les
étapes cultivant une expertise reconnue, récompense à l’appui. En recevant
son «award» mérité Mohamed Frikha validait le parcours d’une souche
d‘entreprise de bonne fortune et d’un environnement national immunisé contre
les aléas de la crise.
Le Forum de Carthage : la délocalisation salutaire
Le hasard du calendrier veut que le Forum de Carthage se tient à quelques
jours de Texmed et des journées de la Baule, deux intermèdes internationaux
où le pays avait soutenu son immunité et peut être sa particularité de pays
où la délocalisation peut signifier redéploiement. Initié il y a prés de dix
ans, ce forum ciblait les investisseurs asiatiques et anglophones. Le
concept a pris un positionnement flatteur et c’est désormais une tribune qui
est courue et qui a assis sa notoriété. Le score positif du marché financier
local, rare pour être cité, les success stories de l’industrie, suffisamment
édifiantes pour être mises en avant en ces temps de regain de frilosité et
de nationalisme financier, l’essor du IT récompensé à l’international,
l’assistance financière des pouvoirs publics par gros temps et pour
couronner le tout cette notation de JBRI qui nous fait accéder au podium de
la short liste nous faisant accéder au grade A-, dans le peloton de tête
planétaire. Les arguments sont suffisamment parlants pour mettre en avant la
singularité des avantages comparatifs nationaux. A quelque chose malheur est
bon et noyés dans la cacophonie mondiale, il était malaisé de plaider notre
différence. Au moment précis où la dépression sévit c’est tout de même
valorisant de se détacher du lot comme oasis de prospérité. De
l’investissement encore et toujours et bonne pêche !
Contre les rigueurs du développement durable, il faut investir
Investir encore et toujours n’est pas une question de boulimie maladive mais
à un moment cela devient impératif. Nécessité fait loi, la prospective 2016
est bâtie autour du concept de remontée des flux. Et c’est un palier
supérieur d’industrialisation qui demande des investissements
capitalistiques. Et bien au-delà il y a cette riposte qu’il faut opposer aux
cinq risques qui guettent le monde méditerranéen. Il a fallu tout le tact et
tout l’entregent de Radhi Meddeb, DG de Comète Engineering. L’expert a su
expliquer lors d’une conférence organisée récemment, l’ampleur des méfaits
des cinq risques conjugués de l’alimentation, de l’environnement, de la
santé de la démographie et de l’éducation. Les mutations que nous risquons
d’affronter en espace méditerranéen et par conséquent local font peser sur
nos têtes un scénario de rupture. Quand on imagine l’ampleur des efforts à
consentir pour réformer l’enseignement, étendre la couverture de santé dans
une physionomie de la pyramide des âges dont les tranches supérieures, donc
vulnérables à tous les maux de la gérontologie, à ce qu’il faut pour
éradiquer la désertification des sols et à se nourrir correctement sans
basculer dans la fatalité des OGM, on se dit que l’investissement devient le
nerf de la guerre dans cette lutte contre cette avalanche de désagréments.
Mais, point de litige, avec le conférencier nous considérons que l’appoint
d’investissement nous viendrait de la principale option qui donne du crédit
à nos réformes et c’est le pari sur le libre échange. Sur la période retenue
par Le conférencier soit les 20 ans qui nous séparent de 2030 le pays
connaîtra le libre échange avec l’UE, le grand marché arabe et d’une façon
ou d’une autre l’UMA. S’exprimant à la Chambre Tuniso-française de commerce
et d’industrie le ministre de l’industrie et de l’énergie et des PME
soutenait que le désarmement industriel nous a procuré près de 1% de
croissance. Cette affirmation fait lever l’hypothèque d’un éventuel
plafonnement de l’élan de croissance domestique. Dans cette perspective le
palier de 8 % de croissance qui permettra définitivement de parachever la
dynamique de transformation de l’économie tunisienne, devient plausible.