USA : la Fed face à un exercice d’équilibre délicat

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ège de la Fed à Washington, le 8 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

[23/06/2009 05:24:46] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine se réunit mardi et mercredi pour décider de la suite à donner à son intervention sur les marchés pour aider l’économie des Etats-Unis à surmonter la crise, et tenter de rassurer sans susciter trop d’espoirs.

Abaissé quasiment à zéro en décembre, le taux directeur de la Réserve fédérale (Fed) ne devrait pas bouger à l’issue de la réunion, son Comité de politique monétaire (FOMC) ayant rappelé à l’issue de sa réunion d’avril que celui-ci devrait rester “exceptionnellement bas” pendant “une longue période”.

En revanche, le Comité devrait s’employer, dans son communiqué final, à enrayer les attentes de hausse de l’inflation qui commencent à poindre, et qui pourraient lui compliquer la tâche en alimentant une augmentation des prix à un moment où la Fed n’a pas l’intention de relever les taux.

Un éventuel regain de l’inflation risquerait de menacer la reprise fragile attendue d’ici à la fin de l’année.

Mais Richard Fisher, un des dirigeants de la Fed les plus sourcilleux en matière de contrôle des prix, a déjà tenté de désamorcer les attentes à ce sujet en déclarant le 16 juin sur la chaîne de télévision Bloomberg qu’il ne voyait pas de hausse du taux directeur dans un “avenir proche”.

“Je ne pense pas que les membres de la Fed veuillent en dire ou en faire trop”, a déclaré à l’AFP Scott Brown, économiste de Raymond James, “ils ne veulent pas faire d’histoires”.

En revanche, la banque centrale devrait redire à l’issue de sa réunion son engagement à continuer de soutenir à bout de bras une économie américaine en voie de stabilisation, par l’intermédiaire des différents programmes de soutien au crédit et aux marchés pour lesquels elle a mobilisé des centaines de milliards de dollars depuis l’année dernière.

Un de ses gouverneurs, Elizabeth Duke, a mis en garde lundi contre un “retrait prématuré” des “politiques de soutien au secteur financier”.

Afin de débloquer les marchés du crédit et de faire baisser les taux à long terme pour favoriser la reprise, le Comité de politique monétaire avait décidé en mars d’augmenter l’intervention de la banque centrale sur les marchés en l’autorisant à racheter au total jusqu’à 1.450 milliards de dollars de titres d’organismes de refinancement immobilier, et jusqu’à 300 milliards de dollars de bons du Trésor à long terme.

A ce jour, la Fed a englouti plus de 716 milliards de dollars dans ces programmes.

Ceux-ci ont eu l’effet escompté dans un premier temps. Mais ils sont actuellement impuissants à endiguer une remontée des taux immobiliers à long terme.

Les économistes ont identifié plusieurs causes à ce mouvement: niveau d’émission énorme de titres de dette de l’Etat pour financer le plan de relance, remontée des attentes d’inflation avec la perspective de la reprise, craintes d’un surendettement de Washington et, paradoxalement, le programme de rachats de bons du Trésor par la Fed lui-même, qui fait craindre que la banque centrale ne finance de manière artificielle le déficit en créant de la monnaie.

Plusieurs membres du Comité ont étalé publiquement leurs divergences sur la question du rachat des obligations du Trésor, entre ceux qui veulent remonter le plafond de ce programme et ceux qui souhaiteraient le freiner.

Mais les analystes n’attendent pas de changement. Pour Dean Maki, de Barclays Capital, il faudrait mobiliser un tel montant pour faire rebaisser les taux des obligations du Trésor, que la Fed augmentera ses achats uniquement “s’il est flagrant que la reprise est sapée par la hausse” des taux d’intérêt.