Fraude Madoff : le régulateur boursier porte plainte contre un fonds rabatteur

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à son arrivée à la cour fédérale des Etats-Unis à New-York, le 12 mars 2009. (Photo : Timothy A. Clary)

[23/06/2009 06:29:58] NEW YORK (AFP) Le régulateur boursier américain (SEC) a porté plainte lundi contre un fonds “rabatteur” dont le siège se trouve à New York, l’accusant d’avoir alimenté sciemment le portefeuille du financier déchu Bernard Madoff.

La sentence contre Bernard Madoff, 71 ans, accusé d’avoir monté une gigantesque fraude pendant plusieurs décennies en grugeant des milliers d’investisseurs, est prévue lundi prochain.

L’escroquerie est évaluée entre 50 et 65 milliards de dollars, un montant virtuel puisque Madoff a avoué n’avoir jamais investi un centime des sommes qui lui ont été confiées et qui s’élèvent à 13 milliards selon les procureurs.

Il risque jusqu’à 150 ans de prison.

La plainte portée lundi par la SEC devant un tribunal de New York contre “Cohmad Securities Corporation” accuse l’entreprise d’investissement, son président Maurice Cohn, 78 ans, et sa fille Marcia Cohn, 49 ans, directrice exécutive, d’avoir “promu les activités de Madoff en ignorant imprudemment et sciemment des faits qui indiquaient clairement leur caractère frauduleux”.

Le document souligne que la Cohmad a amené des investisseurs chez Bernard Madoff “en ignorant, voire en prenant part à des pratiques douteuses”, notamment en établissant de faux documents administratifs et en omettant de déclarer “l’alimentation” du fonds Madoff comme étant sa principale activité.

La Cohmad était payée en pourcentage des sommes apportées par les investisseurs, avec un système complexe de pénalités si le client retirait son argent, autre signe montrant clairement que les sommes n’étaient en fait pas investies, souligne la SEC.

Le régulateur boursier, accusé depuis le début de l’affaire le 11 décembre dernier de n’avoir jamais mené d’enquête sur les agissements de Madoff en dépit de plusieurs plaintes, devient disert à une semaine du verdict.

“Madoff avait une stratégie. Il cultivait une aura de succès et de secret autour de sa société BMIS (Bernard Madoff Investment Securities), laissant croire à un cercle d’amis riches et d’investisseurs qu’il n’avait aucun besoin de les solliciter”, écrit la SEC dans le document.

“Il jouait les divas, évitant les rencontres en tête-à-tête avec pratiquement tous les clients potentiels et refusant des investissements pour des raisons snob et saugrenues”, qui le rendaient d’autant plus attrayant, souligne la SEC.

Plusieurs autres fonds rabatteurs ont été mis sur la sellette ces derniers mois, et le liquidateur judiciaire chargé de l’affaire Madoff, Irving Picard, avait porté plainte contre deux d’entre eux, enregistrés aux Iles Vierges britanniques, en avril dernier.