Caisse d’Epargne et Banque Populaire : l’union libre plutôt que le mariage

[24/06/2009 18:29:56] PARIS (AFP)

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éé le 6 octobre 2008 des logos de la Caisse d’Epargne et de la Banque Populaire à Paris. (Photo : Stephane de Sakutin)

Les banques mutualistes Caisse d’Epargne et Banque Populaire ont franchi mercredi une nouvelle étape de leur rapprochement, entamé en 2006 avec la création de leur filiale Natixis, en se dotant d’une “tête” unique, même si les deux réseaux resteront concurrents sur le terrain.

Dans l’après-midi, les organes centraux de chacun des deux établissements, la Banque fédérale des banques populaires et la Caisse nationale des Caisses d’Epargne, devaient vivre leur dernière heure.

Ils devaient voter leur dissolution dans un nouvel organe central qui devrait être “BPCE” (pour Banque Populaire-Caisse d’Epargne) et dont la naissance devrait être officialisée en fin de journée.

La tête de la banque définira la stratégie, gérera les risques, la liquidité, la politique de ressources humaines, mais, à l’image de Crédit Agricole/LCL ou de PSA Peugeot Citroën, les marques “Caisse d’Epargne” et “Banque Populaire” ne vont pas disparaître.

Chaque réseau déterminera sa politique commerciale propre et l’ensemble des caisses régionales, au coeur du système mutualiste, conserveront leurs prérogatives.

François Pérol, nommé en février à la tête de chacune des deux banques, prendra la présidence du directoire du nouvel organe central, créé par la loi du 18 juin 2009, d’ici la fin juin.

L’Autorité de la concurrence a autorisé lundi la fusion, sous réserve que les deux banques prennent des engagements à La Réunion, seul marché où se posent des problèmes de concurrence. Mardi, la dernière étape réglementaire a été franchie avec l’agrément délivré par le Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement.

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çois Pérol le 2 avril 2009 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Plus rien ne semble s’opposer à cette opération.

Les syndicats, surtout du côté des Caisses d’épargne, qui étaient déterminés à retarder la fusion en ne formulant pas d’avis, sont revenus sur leur décision après avoir obtenu de M. Pérol des garanties sur l’emploi.

Trois Caisses d’épargne ont toutefois décidé de reporter leur avis sur la fusion. Mais selon une source syndicale, “c?est plus une posture de forme qu?une entrave au processus”.

“Les dirigeants considèrent que le fait de ne pas rendre d?avis vaut avis négatif. Sauf à faire valoir le contraire devant la justice, cela n?entravera pas le processus. Or, il n?y a pas d?action en référé à ce jour”, a-t-elle ajouté.

La création d’un organe central commun était dans l’air depuis la création en 2006 de Natixis, issue de la fusion entre Ixis (groupe Caisse d’Epargne) et Natexis (groupe Banque Populaire), axées sur le financement des grandes entreprises et les activités de marchés de capitaux.

L’intensification de la crise financière à l’automne a décidé les deux banques à passer à l’étape suivante mais les discussions n’avançant pas, l’Elysée a pris le dossier en main, imposant son secrétaire général adjoint, M. Pérol, à la tête du nouvel ensemble.

Cette nomination a suscité une vive polémique et l’ouverture d’une enquête préliminaire du parquet de Paris, après le dépôt de plusieurs plaintes pour prise illégale d’intérêts.

L’organe central sera détenu à 40% par les 17 Caisses d’épargne, 40% par les 20 Banques Populaires et au maximum à 20% par l’Etat qui a injecté 7 milliards d’euros dans la société pour l’aider à faire face aux pertes de Natixis.