Salaires des Patrons : La France, mauvaise élève de l’Europe

D’après le magazine économique américain Forbes, les patrons
américains sont payés comme des rock stars ou des sportifs de haut niveau avec
une moyenne de 10 millions de $ par an. Pour moitié, il s’agit de salaires, pour
moitié de stock-options encaissées au cours de l’année. En France, c’est à peu
près la moitié des rémunérations perçues par les dirigeants américains, soit 2,3
millions de dollars hors stock-options en moyenne pour les dirigeants du CAC 40;
ils devancent leurs homologues britanniques.

parisot-1.jpgLaurence Parisot, la patronne des patrons français, appelée par la
Commission des lois de l’Assemblée nationale française à “mettre de l’ordre”,
approuve. Elle tient à sensibiliser ses collègues dirigeants à l’importance de
revoir leurs rémunérations. Elle a même annoncé que le Medef allait demander la
suppression des parachutes dorés. Le Patronat français a mis en place, en
partenariat avec l’Association française des entreprises privées (Afep), un Code
de bonne conduite pour encadrer les “parachutes dorés”. Certaines entreprises y
ont adhéré, la plupart résistent.

Pour Parisot, il faut donner du temps au temps : «Les chefs d’entreprise en
bavent» et «les abus ne sont rien à côté de l’écrasante majorité de
comportements justes et, bien plus souvent que vous n’avez l’air de le croire,
éthiques et responsables», avait-elle déclaré. En réponse au président américain
qui avait décidé d’instaurer un salaire maximum aux sociétés soutenues par l’Etat,
la présidente du MEDEF a opposé un refus net en déclarant sur Ouest France.fr
qu’il n’était ni normal ni souhaitable que l’État décide des rémunérations des
chefs d’entreprise et cadres dirigeants. Elle a également ajouté qu’il n’était
pas non plus normal que certains dirigeants, qui ont eu une part de
responsabilité dans le désastre actuel, n’aient pas d’eux-mêmes dit: «je renonce
à mon bonus, je réduis ma rémunération».

Selon l’European Corporate Governance Institute (l’ECGI) basé à Bruxelles, avec
1,85 million d’euros, les grands patrons français bénéficieraient du salaire
annuel moyen le plus élevé en Europe, devant leurs homologues britanniques qui
pointent à 1,55 million, la moyenne européenne étant de 1,33 million d’euros.
Les Français arrivent en tête du peloton sur un autre critère : la part variable
du salaire. Cette part dans l’Hexagone serait de 47,12% alors que la moyenne
européenne est de 39,61%.

Précisons que le Code de bonne conduite décrété par le MEDEF et l’AFEP n’a pas
trouvé beaucoup d’édiles parmi les patrons français. Au début de l’année,
Nicolas Sarkozy avait menacé de recourir à la loi si les grandes entreprises ne
se mettaient pas en conformité avec les recommandations du Code en question, ce
qui est prouvé dans la réalité puisque 79% des entreprises selon une enquête
publiée par le journal le Monde ne s’y conformaient pas.

Dans un décret rendu public par le premier ministre français, François Fillon,
il apparaît clairement que les dirigeants de sociétés soutenues par l’Etat
n’auront plus droit aux stock-options. «Ils devront avoir une politique de
rémunération totalement irréprochable » clame le Premier ministre. Les concernés
en premier lieu seraient les grands réseaux bancaires qui ont bénéficié du
guichet financier – des avenants aux conventions passées avec l’État seront
signés -, ainsi que les constructeurs automobiles qui doivent bénéficier des
prêts bonifiés.

Mais les autres entreprises, celles où il n y a pas intervention directe de l’Etat
seraient aussi concernées par la mesure même si à ce jour elle ne fait pas force
de loi. Les autorités françaises gardent un œil vigilant sur l’application du
code de bonne conduite édicté par le MEDEF et l’AFEP, espérant que la majorité
des entreprises l’approuvent et que la régulation se fasse sans qu’il y ait
contrainte. Mais l’Etat français soucieux de la cohésion sociale du pays dans
une conjoncture économique délicate n’écarte pas une intervention plus affirmée
de sa part et par la loi si nécessaire. Même si on espère que le patronat donne
des engagements forts afin qu’il n’y ait plus d’abus et que les bons principes
soient respectés pour que le système fonctionne.

Sources : Le Figaro, Le Monde, Le nouvel observateur