BP débauche le directeur général d’Ericsson pour le porter à sa présidence

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à Londres (Photo : Shaun Curry)

[25/06/2009 13:59:40] LONDRES (AFP) Le groupe pétrolier britannique BP a recruté à sa présidence Carl-Henric Svanberg, directeur général du géant suédois des télécommunications Ericsson, une annonce surprise qui met fin à une longue recherche.

Ericsson a nommé aussitôt à sa place le directeur financier Hans Vestberg. M. Svanberg, 57 ans, arrivera au 1er septembre au conseil d’administration de BP, et prendra la présidence au 1er janvier. Il succède au respecté Peter Sutherland.

Après avoir travaillé seize ans dans le domaine des verrous de sécurité, M. Svanberg était arrivé en 2003 chez Ericsson, alors en petite forme. Multipliant les réductions de coûts, et les suppressions d’emplois, il a fortement redressé le groupe pour en faire le leader mondial des réseaux de téléphonie mobile.

Les analystes ne lui reprochaient jeudi que la fameuse publication en octobre 2007 d’un avertissement sur résultats qui avait fait dévisser le titre de 25% et d’autant plus surpris qu’il venait deux semaines après des commentaires très optimistes lors d’une journée d’analystes.

Le cabinet Oddo a considéré que le départ du “charismatique” M. Svanberg n’était “pas une bonne nouvelle pour Ericsson” et que beaucoup d’actionnaires du suédois seraient “tristes”.

Manoj Ladwa d’ETX Capital a noté que c’était bien pour BP de “l’avoir à la barre, alors que le groupe navigue dans des eaux très orageuses”.

Le manque de connaissance du secteur pétrolier de M. Svanberg n’était pas vu comme un obstacle, son nouveau rôle étant plus administratif qu’opérationnel.

Alors que les questions environnementales sont de plus en plus importantes pour les pétrolières, certains relevaient que M. Svanberg fait partie du conseil de surveillance de l’Earth Institute (institut de la Terre) de l’université new yorkaise de Columbia.

Sa nomination met fin à une recherche internationale qui a duré près de deux ans. Initialement, BP avait pressenti Paul Skinner, ancien président de la minière anglo australienne Rio Tinto.

Mais celui-ci avait dû rester en poste plus longtemps, son successeur désigné Jim Leng, vice-président de l’indien Tata Steel, démissionnant brusquement du conseil d’administration en février, car il était mécontent d’un projet de recapitalisation donnant 18% de Rio Tinto au chinois Chinalco. Rio Tinto a finalement abandonné ce projet, mais trop tard pour M. Skinner.

L’américain Paul Anderson, ancien président de l’électricien américain Duke Energy et membre du conseil d’administration de la minière anglo australienne BHP Billiton, était aussi donné favori récemment.

M. Svanberg, un fan de hockey père de trois enfants, sera basé à Londres et consacrera “la majorité de son temps” à BP.

Il a estimé que c’était “un grand privilège que d’être invité à présider le conseil d’administration” de BP, cinquième mondial d’un secteur de l’énergie dont il a souligné qu’il était “au coeur de l’économie mondiale”.

Le directeur général de BP, Tony Hayward, a qualifié pour sa part le sortant Peter Sutherland de “président exceptionnel”. “Il ne sera pas facile de lui succéder”, a-t-il ajouté. Mais il a aussitôt souligné la “stature internationale” du successeur. “Nos vues communes sur de nombreux aspects de l’activité internationale me donnent grandement confiance que nous travaillerons très efficacement ensemble sur la phase de progression suivante de BP”, “la création d’une entreprise du 21ème siècle”, a conclu M. Hayward.

M. Svanberg aura pour homologue chez l’autre grande britannique Royal Dutch Shell le finlandais Jamie Ollila, au parcours très similaire puisqu’il était jusqu’en 2006 président du numéro un mondial des téléphones portables Nokia.